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La mécanique du rire de Chantal Ladesou à l'affiche du film "Maison de retraite 2"

Il ne lui manquait plus qu'un personnage de colonelle autoritaire, fantasque et drôlissime. C'est fait grâce à Maison de retraite 2 où Chantal Ladesou rejoint des stars seniors (de Jean Reno à Amanda Lear, de Daniel Prévost à Michel Jonasz) qui ont toujours du ressort, cajolées par un Kev Adams (Milan) dans le costume d'un aide-soignant aux petits soins. Cette fine équipe de l'Ehpad Lino-Vartan va vivre bien des péripéties le jour où elle apprend que leur établissement n'est plus aux normes. 

Peut-on vous appeler "Madame la colonelle" ?  Bien sûr. Je rêvais d'un personnage comme ça, très sévère, très rude. Elle incarne une autorité importante que j'ai beaucoup aimée jouer. 

Avez-vous beaucoup rigolé sur ce tournage ou celui d'autres comédies ? Il y a des moments de détente, après les prises, mais on ne rigole pas tant que ça. Car le comique, c'est du sérieux. 

 

"J'adore jouer, rencontrer le public. Je ne suis pas blasée"

Claude Zidi Junior dit de vous : "Elle a cette manière unique de capter le public de comédie et ça marche à tous les coups !" Est-ce un don ou une technique ? Je crois que l'on peut parler de don. Merci mon Dieu ! J'ai en moi cette façon de faire, de tourner les choses. En fait, je suis née avec. Que ce soit ma façon de parler, de balancer, d'articuler. C'est pareil pour ma voix. Toutes ces choses sont un cadeau du ciel. Même si en fait, ce n'est pas trop explicable. 

Kev Adams et vous-même êtes des humoristes aux univers distincts. Mais quels sont vos points communs ?  Je suis très proche de lui, j'ai toujours aimé la façon naturelle de Kev Adams de balancer les choses. J'apprécie beaucoup la jeune génération d'humoristes. C'est sans doute l'enfant en moi qui se réveille. En réalité, je me sens plus proche d'eux que des "anciens". Elle rigole. Ce ne sont pas des concurrents. Ils me prennent beaucoup pour une mascotte. C'est notamment le cas de la bande à Fifi*. Ils m'ont découvert à l'époque de l'émission La Classe, sur France 3.

Quel est le secret de votre longévité ? Je m'amuse beaucoup dans ce que je fais. J'adore jouer, rencontrer le public. Je ne suis pas blasée. J'ai voulu faire ce métier depuis tellement longtemps... J'ai toujours fait beaucoup de théâtre et j'ai maintenant une exposition médiatique plus importante. C'est formidable. Si cela ne me plaisait pas, j'irais vivre à la campagne, je ne me laverai pas, je ne me coifferai pas. Je suis heureuse que cela marche. Ce succès est un moteur !

Lambert Wilson se met au vert

À un moment du film, Kev Adams dit à Daniel Prévost : "Ça vous va bien le temps qui passe". C'est votre avis ? Bien sûr. On a vécu plein de choses et on possède un recul par rapport à la vie. J'ai toujours eu ce regard sur les choses avec beaucoup de naturel. La seule différence, c'est que je bénéficie d'une plus grande lumière sur moi. Et j'en profite. 

Maison de retraite 2 porte un regard apaisé, tendre sur les seniors. On rit et on est émus. C'est une belle manière de réconcilier les gens avec les personnes âgées. On parle très (trop ?) souvent des scandales, des drames. Là, on est dans une ambiance positive avec des retraités qui peuvent apporter des choses aux plus jeunes. On est dans la transmission. Quand on est dans une maison de retraite, on est encore en forme. Ce film peut donner des envies de réunir les seniors avec les autres générations.

Maison de retraite 2 "est une belle manière de réconcilier les gens avec les personnes âgées. On parle très (trop ?) souvent des scandales, des drames. Là, on est dans une ambiance positive avec des retraités qui peuvent apporter des choses aux plus jeunes." Photo Marie-Camille Orlando

"Quand j'arrive dans un théâtre, j'ai l'impression d'être chez moi"

Pour vous, la retraite, cela n'existe pas ! Comme ce métier est une passion, je ne me sens pas concernée. Mais je comprends que les gens aient envie de faire valoir leurs droits à la retraite quand ils ont un "métier normal". Moi, c'est un jeu. Cette passion nous permet de tenir quand on se prend des râteaux. Quand j'arrive dans un théâtre, j'ai l'impression d'être chez moi. Et de recevoir les gens comme s'ils venaient dans ma maison pour qu'ils rient. Je suis si heureuse d'être sur scène que je m'ennuierais si j'arrêtais. 

La vie rêve d'Arthur H

Quand vous ne jouez pas, que faites-vous ? Je bricole beaucoup, faisant tous les magasins de bricolage de ma région. J'adore faire de la rénovation, tester les matériaux, rénover, casser un mur,...

Firmine Richard et Enrico Macias figurent parmi la distribution trois étoiles des pensionnaires de l'Ehpad Lino-Vartan qui vont devoir quitter les lieux pour un établissement sur la Côte d'Azur. Photo Marie-Camille Orlando Vous avez dit récemment : "un humoriste a du drame en lui". Faites-vous rire pour oublier de pleurer ?  Tout humoriste a une faille. C'est pour cette raison qu'un vrai comique peut jouer un rôle dramatique sans problème. L'inverse se fait moins bien. 

Seriez-vous donc tenté de faire autre chose que du Ladesou ? Bien sûr, si on me le propose. J'aimerais bien avoir un rôle de femme forte, dramatique. Par exemple, j'aurais beaucoup aimé tourner dans Captives avec Josiane Balasko. 

Ne craignez-vous d'être "enfermée" dans un type de rôle, la "grande gueule rigolote" ? Je varie les plaisirs. Je ne veux pas être limitée à un seul genre. Je suis d'abord comédienne et je peux tout jouer. Je ne demande pas mieux que l'on me propose des rôles variés, dramatiques aussi. Pas question de rester enfermée dans un personnage extravagant et comique qui grimpe aux murs. Je peux proposer autre chose. 

Kev Adams incarne un aide-soignant au grand cœur. Photo Marie-Camille Orlando.

"Je vis très bien la popularité, j'adore qu'on me reconnaisse dans la rue" 

Maison de retraite 2 évoque par petites touches la question de la maltraitance dans certains Ehpad. Ce sujet de société pourrait-il vous inspirer un sketch ? Bien sûr, car dans l'humour tout part du drame. Solitude, Alzheimer, etc. : il y a plein de choses à prendre. Là, on ne rit pas aux dépens des personnes, mais des situations, sans être méchant bien entendu.

Quand vous aviez 20 ans, quel est l'humoriste qui a servi de déclic dans votre envie de scène ? J'adorais Zouc. C'était la genèse de tout, elle n'avait pas besoin de parler. Une expression suffisait. Elle était vraie dans son personnage. Un vrai modèle pour moi. 

Télé, ciné, scène et pub de vérandas : qu'est-ce qui fait encore courir Chantal Ladesou ?  C'est l'humour, le fait d'être demandée. C'est très agréable, une situation merveilleuse. Je vis très bien la popularité, j'adore qu'on me reconnaisse dans la rue. Les gens sont si gentils. Quand on ne me reconnait pas, cela me contrarie. C'est pour cette raison que je ne vais plus à l'étranger. Elle rigole. 

Votre mari est-il toujours une source d'inspiration ? Michel est un sketch sur pattes. Dernièrement, on a pris le train pour aller à Strasbourg où je jouais mon seul en scène. Au moment de la vérification du billet, le contrôleur lui a dit qu'il s'agissait d'un billet d'avion... Autre anecdote, à propos de son dernier spectacle : il m'a filmé pour voir ce que l'on pouvait améliorer. En regardant le film, on a découvert qu'il avait inversé la touche et s'était filmé lui-même. Le film sur mon spectacle est devenu un selfie. Toutes ces anecdotes, j'en parle, bien sûr, sur scène ! 

*Le réalisateur et comédien Philippe Lacheau, auteur de nombreuses comédies (Alibi.com,3 jours max,...).  

Dans les salles. Maison de retraite 2. De Claude Zidi junior. Avec Kev Adams, Jean Réno, Daniel Prévost, Firmine Richard, Chantal Ladesou, Amanda Lear, Michel Jonasz,... Sortie le mercredi 14 février. 

Olivier Bohin 

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