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"Ici, on n’appelle pas les résidents par leur numéro de chambre" : cet Ehpad public du Puy-de-Dôme est menacé de fermeture

À Saint-Anthème, dans le Puy-de-Dôme, l’Ehpad public est menacé, la faute à des difficultés financières et politiques. Pour les résidents et salariés du Gonfalon, la fermeture est impensable.

Il est de ces lieux qui se dressent comme un rempart face à la désertification de nos campagnes. Autour, les commerces et services se font rares, alors on mise sur l’esprit de village. À l’intérieur, les voisins sont des "gens du pays". Il arrive même que l’on ait grandi avec eux, car dans ces petites communes, les anciens ne sont jamais vraiment partis.

Un service public de proximité

À Saint-Anthème, ils sont restés et finissent paisiblement leurs jours route de Saint-Clément, à l’Ehpad public (*). "Pour les familles, c’est l’idéal. On reste au plus proche d’eux jusqu’à la fin, on connaît l’équipe et on a confiance", rapporte Jean-Antoine Fougerouse, un habitant du village.À 92 ans, sa mère Raymonde, a posé ses bagages dans sa dernière résidence il y a un an. Si elle n’avait pas pu intégrer l’établissement, elle aurait dû être prise en charge à Viverols ou à Ambert, à 20 kilomètres de là. "Je ne pourrais pas lui rendre visite aussi souvent", assure-t-il.

"Quand les anciens perdent le moral, ils perdent tout. C’est pour ça que la proximité n’a pas de prix".

En fait, peut-être que si. Depuis un an, les services publics menacent de fermer les Ehpad de moins de 50 lits, dont celui de Saint-Anthème, qui pourrait être rapatrié sur le nouvel établissement d’Ambert. "Après l’affaire Orpéa, l’État a ouvert une enquête dans toutes les structures pour améliorer les conditions d’accueil et prévenir la maltraitance. En réalité, on dirait qu’il s’agit surtout de monter un plan pour faire des économies", considère Georges Morison, maire de la commune et président du CCAS.

Seize résidents pour onze salariés

Le Gonfalon ouvert en 2001 est loin du compte puisqu’il n’abrite que 16 lits qui sont toujours occupés. "Au moins, cet endroit est à taille humaine. Ici, on n’appelle pas les résidents par leur numéro de chambre, on prend le temps et on connait les petites habitudes de chacun", défend Anaïs.L’infirmière dispense des soins dans cet établissement depuis deux ans. Habitante de La  Chaulme, petit village situé à sept kilomètres de Saint-Anthème, elle a quitté son ancien poste pour lequel elle devait parcourir 1h30 de route aller-retour.

"Au total, nous sommes onze salariés et on habite tous dans le coin. Pour nous aussi, c'est une chance."

Des améliorations depuis un an 

Après une dizaine d’injonctions reçue par l’Agence régionale de santé (ARS) en un an, l’équipe de l’Ehpad a monté un plan pour améliorer son offre. "On a trouvé du personnel supplémentaire, notamment des infirmières. On essaie aussi de proposer plus d’animations", reprend le maire de la commune.La mairie et le Département ont également investi dans un logiciel de suivi des soins pour améliorer la prise en charge. "Désormais, tout est informatisé. Ce qui permet de mieux coordonner la prise en charge avec l’hôpital notamment."

Dans peu de temps, un projet intergénérationnel devrait aussi voir le jour, grâce à l’ouverture de la micro-crèche en avril, nouvelle voisine de l’Ehpad." L’objectif est de partager des temps d’animation avec les petits, comme du jardinage, de la peinture et des temps festifs", poursuit Georges Morison, pas prêt de lâcher ce lieu : « L’établissement est quasiment neuf, il n’y a aucune bonne raison de le fermer. Les gens ont le droit de finir leur vie paisiblement?! »

(*) L’Ehpad fonctionne sur un plan de financement tripartite entre la municipalité, le Département et l’ARS. Comme de nombreux établissements, il a connu des difficultés financières. "Quand je suis arrivé à la mairie en 2014, nous étions à 140.000 € de dettes, là, nous avons remboursé 20.000 € malgré la crise", rappelle le maire.

Angèle Broquère

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