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Colère des agriculteurs : les craintes d’un retour du mouvement

La menace d’une mobilisation du monde agricole pèse de nouveau. Les syndicats, dont la FNSEA, le disent sans ambages. "Les agriculteurs n’ont jamais désarmé. Tout le monde a dit : on est prêt à repartir si le travail réalisé n’est pas au niveau des attentes, qui sont très fortes", a déclaré Arnaud Rousseau sur la matinale de TF1 ce matin, à quelques heures d’une réunion avec Gabriel Attal à Matignon. "L’intérêt de cette rencontre avec le Premier ministre, c’est de pouvoir faire le point, de travailler à des mesures très concrètes, puisqu’on est à mi-chemin, après l’annonce de mesures d’urgence et (avant) le Salon de l’agriculture qui aura lieu dans onze jours", a affirmé le céréalier.

Evoquant les annonces nombreuses du gouvernement, qui a déjà mis sur la table plus de 400 millions d’euros de mesures d’urgence, Arnaud Rousseau a indiqué : "On voit bien que tout le monde est au travail" et "si on n’avait pas mis cette pression, on n’en serait pas là".

Rendez-vous à Matignon puis à l’Elysée

Dix jours après la mobilisation, le Premier ministre reçoit en ce moment même les dirigeants syndicaux à Matignon, en compagnie du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et de la nouvelle ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher. Dans la foulée, les présidents de la FNSEA et des JA, Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot, tiendront une conférence de presse à 20H00.

De son côté, Emmanuel Macron recevra la Coordination rurale et la Confédération paysanne mercredi, avant la FNSEA et les Jeunes agriculteurs "la semaine prochaine". Comme avant chaque Salon de l’agriculture, a précisé l’Elysée.

L’ouverture le 24 février de ce traditionnel rendez-vous entre la France des agriculteurs et le monde politique doit survenir alors que l’exécutif tente d’éviter la reprise d’un mouvement suspendu le 1er février après de nouvelles annonces du gouvernement. Après deux semaines de blocages de routes et d’actions parfois tumultueuses, les manifestants ont levé le camp à la suite de cette troisième salve d’annonces, portant sur des sujets aussi divers que les pesticides, les retraites des exploitants, la simplification des normes et des aides à l’élevage ou à l’agriculture bio. Mais les syndicats n’entendent pas baisser la pression.

Un projet de loi

Outre les rendez-vous de Matignon, les deux ministres chargés de l’Agriculture "verront dans la semaine chacune des organisations syndicales", notamment pour évoquer le projet de loi sur le renouvellement des générations, a-t-on précisé lundi au cabinet de Marc Fesneau. Ce texte, reporté pour être enrichi selon le gouvernement, devrait être présenté en Conseil des ministres "à la fin du mois de février" pour un vote "d’ici le mois de juin", a-t-on précisé de même source.

Sur le plan local, des réunions "ont eu lieu dans toutes les préfectures de département" pour "regarder les arrêtés locaux" et "faire remonter les propositions de simplification" administrative. Parmi les sujets urticants, tant pour les agriculteurs que les défenseurs de l’environnement, figure aussi le suivi des usages de pesticides, remis sur la table lundi. Huit ONG environnementales ont annoncé avoir quitté une réunion du Comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Ecophyto, qui s’est tenue au ministère de l’Agriculture, avec le gouvernement, des élus et des représentants des agriculteurs et de l’industrie.

Ce plan, qui vise une réduction de moitié de l’utilisation des pesticides d’ici 2030 (par rapport à 2015-2017), a été suspendu par Gabriel Attal "le temps de mettre en place un nouvel indicateur" qui remplacerait le Nodu, principal outil de mesure français. Une décision qui a satisfait les syndicats agricoles majoritaires et consterné les associations environnementales.

En outre, la Commission européenne a adopté ce mardi, pour l’année 2024, une exemption partielle aux obligations de jachères prévues par la Politique agricole commune (PAC), une revendication clé des récentes manifestations agricoles. Ainsi, pour toucher les aides de la nouvelle PAC, entrée en vigueur début 2023, les agriculteurs doivent normalement respecter des critères agro-environnementaux, notamment laisser au moins 4 % des terres arables en jachères ou surfaces non-productives (haies, bosquets, mares…).

Désormais, les agriculteurs pourront toucher les aides s’ils atteignent au moins 4 % en additionnant non seulement les éventuelles jachères et surfaces non productives mais aussi les cultures intermédiaires ou fixatrices d’azote (lentilles, pois…) sans usage de produits phytosanitaires. La Commission avait initialement proposé fin janvier un seuil de 7 % au lieu des 4 % finalement adoptés. "Il y a eu quelques changements suite aux négociations avec les États membres, la logique étant d’offrir davantage de flexibilités à nos agriculteurs", avait expliqué lundi un porte-parole de l’exécutif européen, Olof Gill.

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