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"Place de Brive en Top 14", Eddie Jones, Courtney Lawes : la suite de notre entretien avec P.-H. Broncan, manager du CAB

Pratiquement trois mois jour pour jour après avoir été nommé manager sportif du CA Brive, Pierre-Henry Broncan a accepté de se poser pendant plus d’une heure pour revenir sur son arrivée au club, évoquer aussi ses méthodes de travail ou bien ses objectifs pour la fin de saison à venir. Deuxième partie de notre entretien.

Dans son planning ultra-chargé, Pierre-Henry Broncan a pris le temps, mardi après-midi, de revenir pendant plus d'une heure sur ses trois premiers mois à la tête du CA Brive.

Pour cette deuxième partie de l'entretien, on évoque trois thèmes : la place du CA Brive sur l'échiquier du rugby professionnel, ce qu'il attend des recrues et son expérience à l'internationale en général et avec Eddie Jones en particulier. Il est aussi question de Courtney Lawes.

" L'objectif, c'est la remontée le plus vite possible "

N’allez pas souffler à Pierre-Henry Broncan que cette saison de Pro D2 ne pourrait être qu’une saison de transition avant de monter la saison prochaine.« L’objectif, c’est la remontée le plus vite possible. Si on peut le faire, on le fera, bien sûr », insiste le manager sportif sans dire pour autant que cela sera facile. Bien au contraire.

« Quand tu descendais en Pro D2, il y a quelques années, tu avais parfois des semi-pros en face de toi. Aujourd’hui, tout le monde est pro, il n’y a plus d’amateurs en Pro D2. Il n’y a qu’à voir Agen. Ils ont mis du temps à réenclencher la marche avant après être descendus. »

Selon lui, la place du CAB n’est pas en deuxième division. « La place de Brive, c’est en Top 14, c’est comme ça. On peut avoir de l’ambition et un très beau projet ici. L’isolement est un atout et un avantage pour nous. On est dans une région très rugby, capable de rassembler autour du club. On a un gros travail à faire sur la cohabitation avec les autres clubs. C’est important qu’on aille à la rencontre des clubs formateurs, qu’on partage avec eux. Si tu veux recruter dans dix ans le meilleur joueur à Tulle, il faut y aller aujourd’hui. »

L’exemple (à suivre) de Castres

Fédérer autour du club, c’est ce qu’a réussi à faire Castres que Pierre-Henry Broncan connaît sur le bout du doigt. « À Castres, il y a un état d’esprit. Beaucoup de travail aussi. Le potentiel économique est un peu supérieur à Castres avec le groupe Pierre-Fabre, mais on peut imaginer avoir le même budget dans les années à venir. Castres a d’ailleurs mis en place depuis longtemps des connexions avec les clubs alentour avec le dispositif 100 % région qui permet de regrouper les meilleurs jeunes. »

De là à conduire un jour Brive en finale du Top 14 comme il l’avait fait avec Castres ? « La différence, c’est qu’avant d’être en finale, le CO avait été champion un peu avant. Mais c’est un bel exemple à suivre. C’est un des trois clubs qui n’est jamais descendu avec Clermont et le Stade Toulousain. Ils ne sont jamais descendus, parce qu’ils ont toujours eu l’ambition de se qualifier et d’être champion. Quand ils ne sont pas là-dedans, ils sont mécontents. C’est la différence avec le Brive des dernières saisons qui luttait pour ne pas descendre. Quand tu luttes pour ne pas descendre, tu finis par descendre. »

"On a besoin de recrues qui donnent"

La force du manager sportif, c’est aussi son carnet d’adresses. Face aux blessures au cœur de l’hiver, Hugo Reilhes, Benjamin Boudou et Asier Usarraga étaient ainsi rapidement arrivés.Ces dernières saisons, lorsque Brive devait composer avec de longues blessures, il bricolait souvent en interne pour trouver des solutions. Avec Pierre-Henry Broncan, la donne a changé. « On se devait de trouver des solutions rapides et aussi des joueurs JIFF », commente le technicien qui jouit d’un important réseau grâce à ses nombreuses expériences à l’étranger. Pas question pour autant de faire tout et n’importe quoi sur le marché des transferts, quand bien même le CAB a des moyens conséquents.« On a besoin que nos recrues donnent. Certains joueurs, dans leur carrière, sont juste là pour prendre et non pour donner. Ceux-là, il faut s’en débarrasser. »

« Courtney Lawes, un exemple inspirant »

Quid de Courtney Lawes, qui devrait porter les couleurs brivistes la saison prochaine ? « Tout n’est pas encore définitivement calé, mais il fait partie de ces gars qui sont plus que de simples joueurs de rugby. Courtney Lawes, c’est un exemple de longévité et de sérieux. Il peut être un exemple pour la jeunesse et inspirant pour les autres », confie Broncan qui va toutefois devoir composer, la saison prochaine, avec des joueurs encore sous contrat et qui ne jouent pas beaucoup cette saison. « Avec la finale tardive de Pro D2, on doit recruter des joueurs qui peuvent jouer dans les deux divisions. »

"J'ai Eddie Jones tous les jours"

Pierre-Henry Broncan est connu pour avoir entraîné Castres, mais il a également eu des expériences à l’étranger qui lui ont permis de parfaire sa méthode.En 2018, il avait été engagé par Bath comme responsable de la recherche de nouveaux talents.

« À Bath,, j’ai beaucoup appris sur les structures d’entraînement. Les Anglo-Saxons étaient en avance sur le rugby français. Depuis, cela s’est équilibré. On travaille plus la vitesse, le volume, et la clarté. »

Lors de la dernière Coupe du monde de rugby, il était consultant en charge des mauls de l’Australie entraînée par Eddie Jones. « Il est au-dessus de tous les entraîneurs et managers que j’ai pu croiser en termes de connaissances rugby, d’éthique de travail, de structures. »Si Eddie Jones entraîne désormais l’équipe du Japon, les deux hommes sont toujours en contact. « Je suis en relation quotidienne avec lui sur les entraînements. On a les outils pour partager les vidéos » confie le Gersois qui s’est découvert une vocation d’entraîneur lorsqu’il était joueur à Mont-de-Marsan.

« J’étais en fin de carrière. J’ai commencé à me poser des questions sur l’entraînement et j’ai basculé. Avant, je ne pensais qu’à jouer », indique celui qui dit n’avoir eu que de grands entraîneurs, entre son père, à Auch, Peméja à Montauban et Elissalde à Béziers.

Pascal Goumy et Benjamin PommierPhotos : Stéphanie Para.

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