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Cour criminelle de la Corrèze : « Monsieur, êtes-vous pédophile ? »

Cour criminelle de la Corrèze : « Monsieur, êtes-vous pédophile ? »

Un Corrézien de 73 ans est jugé depuis mercredi 14 février pour plusieurs viols commis entre 2013 et 2015 sur le secteur d’Ussel sur un adolescent dont il connaissait la famille. Les débats se poursuivent jusqu’à demain.

Les faits ne sont pas discutés. Dès l’ouverture de l’audience, ce marcredi, cet ancien aide-soignant aujourd’hui âgé de 73 ans l’a dit sans détour : « Je suis prêt aujourd’hui à assumer totalement les conséquences de mes actes. Je demande pardon à Matthieu et Philippe [les prénoms ont été modifiés]… »

Le père victime, mais les faits sont prescrits

Ces actes, ce sont des viols répétés et des atteintes sexuelles récurrentes commises sur Matthieu, alors âgé de 12 ans pour les premiers faits et jusqu’à la veille de ses 15 ans. Sur Philippe, aussi, qui avait tu les actes criminels dont il avait également, enfant, fait l’objet jusqu’à ce que Matthieu, son fils, dépose plainte contre le même agresseur. Des faits aujourd’hui prescrits, car trop anciens, le père étant présent à l’audience avec un statut de témoin.

Les traits tirés, des larmes d’une émotion difficilement contenue coulant sur les joues de Matthieu, aujourd’hui âgé de 23 ans, père et fils ont écouté avec difficulté celui qui, à quelques années de distance, leur a volé une part d’innocence. Ami de la famille, l’accusé jouait de cette proximité et de la confiance qui lui étaient accordées pour entraîner régulièrement l’adolescent et l’abuser sexuellement. « Dans un hangar », à proximité d’un pré où il avait des ânes, mais aussi dans son garage, détaille le président de la cour, parcourant la synthèse de l’ordonnance de mise en accusation. Apeuré, perdu, terré dans le silence par crainte que sa famille apprenne ce qu’il subissait, l’adolescent avait gardé pour lui les viols à répétition. Avant de se résoudre, poussé par sa petite amie d’alors, en mai 2019, à passer la porte du commissariat d’Ussel pour porter plainte contre son agresseur présumé. Profondément impacté par les sévices sexuels subis, le médecin légiste lui avait alors délivré une ITT de trente jours et l’avait enjoint à une hospitalisation immédiate.

Visionnages de porno dans son salon

Mercredi, à la barre, l’accusé a, avec des mots choisis et beaucoup de componction, dit son goût « pour les jeunes hommes de 15 à 20 ans ». Il n’a pas fait mystère qu’il ouvrait son salon à des jeunes désœuvrés pour y regarder des vidéos pornographiques. Puis il a évoqué ces tags, inscrits sur sa maison faisant écho au dépôt de plainte de Matthieu et où il était écrit : « Pédophile ».

Un terme repris à l’interrogative par l’avocate générale : « Monsieur, êtes-vous pédophile ? »  « Oui, ça avait été écrit sur mon mur. » « En quoi êtes-vous pédophile ?  » « Je ne sais pas répondre… », dit-il avant de déclarer : « Vous savez, j’ai aussi subi ce genre de choses. » 

Le verdict est attendu demain. Il encourt vingt ans de réclusion criminelle. 

Julien Bachellerie

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