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Pourquoi le photographe Léon Dubois suit les traces de Saint-Exupéry à Montluçon ?

Pourquoi le photographe Léon Dubois suit les traces de Saint-Exupéry à Montluçon ?

Léon Dubois suit les traces de Saint-Exupéry à travers la France et le monde. Son enquête l’a mené à Montluçon (Allier), où il est en résidence artistique pour quinze jours à Shakers.

Saint-Exupéry et Montluçon. De prime abord, le lien ne semble pas évident voire inexistant. Et pourtant… Dans sa recherche sur la vie d’Antoine de Saint-Exupéry avant Le Petit Prince, Léon Dubois a posé ses valises dans la cité des bords du Cher, depuis le 7 février.

Depuis deux ans, le photographe originaire du Poitou suit les traces de l’aviateur-écrivain dans sa vie d’avant la célébrité afin de voir comment ce qu’il a vécu dans sa jeunesse a pu influencer son récit le plus connu.

Tout est parti d’une photo lors d’un travail de recherche que je menais sur Cocteau à l’époque. On y voyait Saint-Exupéry lors d’une conférence de presse à Alexandrie après son crash dans le désert égyptien qui est le point de départ du Petit Prince.

Comment est né ce livre phénomène ?

Léon Dubois s’interroge alors sur le phénomène Petit Prince. Le livre se vend à 5 millions d’exemplaires tous les ans, en plus des 200 millions déjà vendus depuis sa publication. Il est traduit dans plus de 300 langues. L’ouvrage de tous les records derrière la Bible. Mais qu’est-ce qui fait qu'il représente un tel phénomène ?

Le photographe de 28 ans suit donc le fantôme de Saint-Exupéry pour voir comment les territoires l’ont marqué et quelles traces il y a laissées.

Quand on lit "Courrier Sud"," Vol de nuit" ou encore "Terre des hommes", on voit que les romans de Saint-Exupéry sont des fictions inspirées par son expérience vécue. Je me suis alors demandé comment les expériences vécues ont pu nourrir Le Petit Prince ?

Un inconnu en 1924-1925Léon Dubois tente de retrouver les lieux où est passé Saint-Exupéry.

Comme il l’a fait lors de ses précédentes résidences artistiques à Lyon, au Mans, à Alexandrie, au Canada, aux États-Unis ou encore en Creuse, l’an passé, Léon Dubois part en quête des lieux qui ont vu passer Saint-Exupéry.

"Il est passé en Creuse, dans l’Allier et dans le Cher dans les années 1924-1925, quand il était représentant de commerce. C’est vraiment complexe car il n’a pas encore publié de livres, donc c’est encore un inconnu. Après le Prix Fémina en 1931 pour "Vol de nuit", il devient extrêmement célèbre et tous ses déplacements sont alors médiatisés. Comme il n’est pas célèbre, les territoires n’ont pas gardé la mémoire de son passage, contrairement à des villes comme Lyon ou Strasbourg."

La correspondance de Saint-Exupéry comme unique lien

La seule aide dont dispose actuellement Léon Dubois est la correspondance de Saint-Exupéry à ses proches. "À l’époque, on écrivait sur papier à en-tête, ce qui permet de retracer dans quel hôtel il descendait. Dans une lettre écrite à Montluçon, il parle du fait qu’il va au dancing avec un ami. Je souhaite retrouver où était ce dancing."

Ce qui est touchant, c’est aussi que l’on n’est pas face à l’aviateur célèbre mais à un jeune homme de 24 ans qui veut aller danser avec les filles comme les jeunes qui vont en boîte aujourd’hui.

Pour le chercheur, l’autre point marquant est qu’Antoine de Saint-Exupéry dessinait déjà dans ses lettres, annonçant les illustrations du Petit Prince.

Quels liens avec les habitants des territoires concernés

L’autre versant du projet de Léon Dubois est de voir ce qui reste du passage de Saint-Exupéry et ce que représente Le Petit Prince pour les habitants des territoires traversés.

Je veux raconter, par la photographie, un Petit Prince contemporain. Aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie pour les territoires où est passé Saint-Exupéry ? Je ne demande pas aux habitants de me raconter l’œuvre. Ce que je cherche, c'est leur rapport au livre. Ça peut être un regard décalé, une anecdote… Cela permet de voir l’impact du livre et les processus de transmission du récit.

Avec cette volonté de faire des habitants du territoire des acteurs de cette recherche, Léon Dubois met en place dans toutes les villes où il est en résidence des projets avec des établissements scolaires. À Montluçon, il travaille avec une classe de 3e du collège Jules-Ferry.

L'exposition itinérante mêlera cyanotypes et photographies de Léon Dubois.

Un atelier cyanotype

Lors d'un atelier grand public à la médiathèque Boris-Vian, le photographe supervisera la réalisation de cyanotypes où chacun peut exprimer librement son lien avec Le Petit Prince. Les cyanotypes sont toujours réalisés en deux exemplaires : l’un pour son auteur, l’autre intégrera l’exposition itinérante de Léon Dubois dans deux ans.

En attendant 2026, le photographe va poursuivre sa quête à travers la France et le monde. Il va passer prochainement par Le Caire, Marseille et d’autres villes avant de revenir en Creuse. "J’ai déjà suivi les traces d’Antoine de Saint-Exupéry dans une dizaine de villes. Je n’en suis qu’à un tiers de son parcours", confie Léon Dubois.

Léon Dubois présentera son projet au grand public, vendredi 16 février à 18 h 30, à Shakers, 13, square Henri-Barbusse, où il est actuellement en résidence. Renseignements au 06.74.12.91.87. Un atelier cyanotype, ouvert à tous, aura ensuite lieu à la médiathèque Boris-Vian, 27, rue des Faucheroux, mercredi 21 février, de 14 h 30 à 16 h 30. Réservation au 04.70.05.54.45.

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