Viol d'une jeune femme enceinte à Thiers : un trentenaire condamné et aussitôt incarcéré
Yann Clavier, 34 ans, n’aura pas vacillé. Jugé depuis ce mercredi, à Riom, devant la cour criminelle départementale, pour le viol d’une jeune femme enceinte, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2019, à Thiers, l’accusé sera resté fidèle jusqu’au bout à sa ligne de défense.
Malgré le récit poignant et extrêmement précis de la victime, dès la reprise des débats, ce jeudi matin, le trentenaire a répété être "dans l’incompréhension absolue" face au crime qu’on lui reprochait.
Dans la dénégation jusqu’à la fin…"Je ne suis pas le monstre que l’on décrit, je ne peux pas être celui qui a fait ça", a-t-il ajouté, estimant "ne pas être capable d’imposer de force une relation à quelqu’un".
Si des constatations médico-légales avaient bien établi, sans aucune contestation, la réalité d’un rapport sexuel – même s’il affirme n’en avoir "aucun souvenir" en raison de son alcoolisation à ce moment-là – Yann Clavier a rappelé qu’"il n’avait pu être que consenti".
Et les traces de violences (griffures dans le cou et morsure sur une joue) relevées sur la jeune femme ? "Sans doute les signes d’un rapport un peu brutal entre nous deux, peut-être un peu sadomaso, mais sans contrainte…".
"Je suis innocent, je dis la vérité. Je ne sais pas ce que je fais ici et rien de ce qui a été raconté n’est vrai", a-t-il inlassablement répété.
"J'ai rarement vu, dans un dossier pénal, autant de violences exercées contre une femme".
Cette persistance dans les dénégations est, pour Me Nathalie Tixier, avocate de la partie civile, "une nouvelle déception pour cette jeune femme qui attend depuis cinq ans qu’on la reconnaisse enfin comme une victime, pas qu’on la considère comme une menteuse".
" Tout s’est déroulé exactement comme elle le dit. Cette nuit-là, elle a vécu l’effroi et le désespoir, elle s’est vue mourir, elle et le bébé qui devait naître quelques semaines plus tard".
"Quelque chose ne sonne pas juste dans ce dossier".
L’avocate générale, Anne-Claire Garraud, a insisté, dans ses réquisitions, sur "un accusé qui sonne faux".
"Il y a un immense décalage entre l’image, finalement très insaisissable, qu’il veut donner de lui et la gravité des faits qu’il a commis, dans le huis clos du domicile de la jeune femme".
Condamné à neuf ans de prison,il a été immédiatement placé en détention" Son absence de remise en cause et la perversité de son comportement" ont amené la représentante du ministère public à demander une peine de douze ans de réclusion criminelle.
"Pour moi, les faits ne sont absolument pas caractérisés et je suis convaincu de l'innocence de Yann Clavier".
Pour l’avocat de la défense, Me Jérémy Beranger, bien peu aidé par un client si mystérieux, la tâche s’annonçait ardue. Mais il a choisi de démontrer, point par point, "les lacunes de l’enquête, une instruction à charge, les déclarations fluctuantes et contradictoires de la victime, voire les incohérences de son attitude, la nuit des faits".
Tout en avouant avoir "ressenti des frissons face à la peine encourue (vingt ans, NDLR), mais aussi aux réquisitions", il a plaidé l’acquittement de Yann Clavier.
Après moins de deux heures de délibéré, les cinq magistrats professionnels de la cour criminelle l’ont condamné à neuf ans de prison (*), ce jeudi, en fin d'après-midi. Il a été aussitôt incarcéré.
Christian Lefèvre
(*) Peine assortie d'un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans avec, notamment, une injonction de soins et une interdiction de contact avec la victime. S'il ne respectait pas les obligations et restrictions liées à cette mesure, il pourrait être amené à effectuer trois années supplémentaires de détention.