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"Ce n’est pas notre cœur de métier" : le centre hospitalier d'Aurillac souhaite confier la gestion de la Mas de Cueilhes à l'Adapei

Alors que l’hôpital a besoin de toutes ses forces vives, la gestion d’une Maison d’accueil spécialisée ne semble plus être sa priorité. La Mas de Cueilhes devrait passer sous le giron de l’Adapei, spécialisée dans ce domaine.

Le constat fait par Christine Wilhelm, directrice du centre hospitalier Henri-Mondor et du Groupement hospitalier de territoire depuis septembre 2022, est dur quand il s’agit de la Maison d’accueil spécialisée de Cueilhes, près de la pédopsychiatrie, dans la partie de l’hôpital qui est excentrée du reste, à Ytrac.

« Elle est isolée et les difficultés sont de plus en plus prégnantes, explique la directrice. Elle n’a pas évolué depuis longtemps, a été un peu laissée-pour-compte avec, peut-être, une gouvernance qui n’est pas adaptée. » De quoi justifier des changements, d’autant que Christine Wilhelm n’a jamais caché sa volonté de se recentrer sur le volet sanitaire, quitte à se fâcher avec le personnel, parfois.« Une Maison d’accueil spécialisée, pour moi, c’est un lieu de vie. Culturellement, ce n’est pas notre cœur de métier. » « Ce sont des résidents, pas des patients », résume Mathieu Kuentz, président de la commission médicale d’établissement.Au niveau national, ces établissements qui accueillent des personnes atteintes de handicaps, parfois lourds, sont très largement gérés par le secteur privé et les centres hospitaliers n’en ont gardé, au fil des années, que 51 sur 710. Dans le Cantal, à quelques kilomètres du site de Cueilhes, l’Adapei en gère deux, pour 86 places, à Crandelles et Aurillac. Le rapprochement semblait évident.

Pour la fin de l’année 2024, au plus vite

« Nous avons fait une lettre d’intention à l’Agence régionale de santé en novembre 2023. On a reçu une réponse positive le 26 janvier, ce qui nous permet de lancer le projet », explique Cyril Chouvelon, directeur général de l’Adapei du Cantal. De quoi espérer une reprise au 1er décembre 2024, si le projet concret est validé par l’ARS. Le centre hospitalier justifie une communication très en amont pour « être dans la transparence » et « éviter les rumeurs qui circulent en ville ».

Pas sûr que cela suffise à écarter un front. Une intersyndicale CGT, CFDT, SUD, FO, UNSA s’est dressée contre ce projet dès le 13 février, jour choisi par le centre hospitalier pour l’annoncer en comité social et économique, au directoire, puis à la presse, contre ce projet. « Depuis de nombreuses années et malgré les demandes récurrentes des professionnels et des représentants du personnel, cette unité a été laissée à l’abandon ou presque par les directions successives », indique l’intersyndicale.

Une fronde

« Il s’agit bien une nouvelle fois, purement et simplement, de céder des activités au lieu de réhabiliter une structure et d’en revoir éventuellement le fonctionnement. Que dire sur la méthode ? La nouvelle est brutale pour les agents, les résidents et les familles. Les professionnels attendaient la restitution des conclusions d’un audit interne réalisé très récemment. »Christine Wilhelm a indiqué que l’audit restait d’actualité et serait présenté aux agents. Enfin, l’intersyndicale annonce deux rendez-vous : le 21 février avec la délégation de l’ARS dans le Cantal et le 5 mars avec Pierre Mathonier, maire d’Aurillac et président du conseil de surveillance de l’hôpital.

Possibilité de retourner à l'hôpital

La Mas de Cueilhes dispose d’une capacité de 30 lits, avec environ 40 encadrants, dont l’immense majorité est titulaire de la fonction publique hospitalière. Des entretiens seront menés avec chacun pour assurer leur retour au sein de l’hôpital, explique la direction. Les personnes, le souhaitant, pourront se mettre en disponibilité et postuler auprès de l’Adapei pour continuer à travailler à la Mas, mais il n’y aura pas de passe-droit : « Ils suivront un processus de recrutement complet, explique Cyril Chouvelon. Autrement, cela ne serait ni juste ni équitable. »

Pour l’Adapei, cette reprise est la promesse d’un recrutement important, environ une quarantaine de personnes. « Nous recrutons entre 50 et 70 salariés par an », continue le directeur de la structure qui compte 500 salariés. Pour cette opération exceptionnelle, il compte s’appuyer sur le campus du Vallon, à Maurs, déjà géré par l’Adapei, ainsi que sur la coopérative d’intérim utilisé par l’association.

Des travaux

Surtout, la Mas bénéficiera de travaux. L’intérieur a besoin d’un « rafraîchissement », note avec euphémisme Christine Wilhelm. L’arrivée de l’Adapei aux manettes changera nécessairement la prise en charge et l’utilisation des locaux, afin de s’éloigner de la culture hospitalière et de se rapprocher des deux autres Mas gérées par cette association.

Pour l’hôpital, cette décision est aussi la promesse d’une respiration avec le retour à l’hôpital d’agents de la Mas et l’espoir de rouvrir des lits ou de renforcer des équipes, par exemple, à l’unité cognitivo-comportementale ou à l’unité d’hébergement renforcée. Aujourd’hui, à l’hôpital, 120 lits sont fermés par manque de personnel, rappelle Mathieu Kuentz.

Pierre Chambaud

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