World News in French

Quatre ans après leur abandon, la mairie de Montluçon relance les visites de quartier

Quatre ans après leur abandon, la mairie de Montluçon relance les visites de quartier

Durant cinquante minutes, le 13 février au matin, Frédéric Laporte, maire de Montluçon (Allier), a parcouru les rues du quartier des Fours à chaux, à la rencontre des habitants. Le coup d'envoi d'une série de visites qui doit s'étaler tout au long de l'année.

Plus de deux ans avant l’échéance, Frédéric Laporte (LR) a-t-il lancé officieusement la campagne de l’élection municipale 2026 ? À observer le maire de Montluçon arpenter les rues du quartier des Fours à chaux, le 13 février au matin, certains pourraient se poser la question.

Car la Ville a décidé de relancer les visites de quartier. Un concept abandonné avec l’apparition du Covid en 2020. "Parfois, les habitants ont des choses à nous dire et cela nous permet aussi à nous, élus, de voir de visu l’état des rues", explique Frédéric Laporte.

Un fan au volant

Rendez-vous avait donc été fixé aux habitants du quartier place du 11-Novembre à 10 h 30. Mauvaise communication ? Manque de disponibilité ? Trente minutes plus tard, pas le moindre habitant à l’horizon. Une mère de famille s’approche avec ses deux enfants. Fausse alerte. Elle poursuit sa route, le smartphone greffé à l’oreille.

Au volant de sa voiture, le maire se gare sur la place. Il est 11 h 10. À peine descendu, il décide d’aller à la rencontre des habitants plutôt que de les attendre. "On va marcher, on ne va pas attendre le chaland", lance-t-il à la cantonade. En remontant la rue de l’Abattoir, il est interpellé par un jeune conducteur au volant d’une Ford. "C’est bien ce que vous faites Monsieur le maire", claironne-t-il en levant le pouce avant de redémarrer.

Des soucis de ramassage

Suivi de plusieurs élus, Frédéric Laporte entre dans une épicerie de la rue Paul-Constans et interpelle l’un de ses gérants : "Ça marche le commerce ?". "Oui, ça va", répond timidement l’intéressé, qui s’excuse de ne pas maîtriser correctement la langue de Molière.

Quelques mètres plus loin, de l’autre côté de la rue, le patron d’un magasin spécialisé dans les travaux de menuiserie s’interroge : "Qu’est-ce qui se passe ?". "On se promène", se contente de répondre Frédéric Laporte avant de s’étonner de la présence en pleine journée des poubelles dans les rues du quartier. "On a eu des soucis récemment. Il n’y a pas eu de ramassage des ordures pendant quinze jours", explique son interlocuteur.

Un jardin à la place du skate-park

Au pas de charge, le maire poursuit sa visite. Arrêt minute dans un magasin d’informatique situé à l’angle du quai Turgot et de la rue Paul-Constans. Un des vendeurs interpelle l’élu : "Vous allez faire quoi du skate-park qui est en face de chez nous ?". "On va le déplacer mais pas tout de suite. Et à la place, on mettra un jardin et un parking", répond Frédéric Laporte.

Autre salle, autre ambiance. La petite troupe fait une halte dans un magasin de retouche proche de l’avenue Jules-Guesde. "C’est un peu bruyant mais c’est la rue qui veut ça", regrette Faty, la maîtresse des lieux en jetant un œil au chat couleur anthracite allongé sur son plan de travail.

Escale express chez le barbier

Le maire joue alors la carte de l’humour : "On roulera tous bientôt en voiture électrique, cela fera moins de bruit". Et Faty de rétorquer en affichant un grand sourire : "D’ici là, je serai sourde". Pas de temps à perdre. Frédéric Laporte enchaîne les arrêts minute. La boulangerie Peyrot ? Fermée le mercredi. L’épicerie solidaire ? Portes closes car les bénéficiaires sont invités à venir le jeudi.

Le maire jette son dévolu sur un magasin de vente et de location de matériel médical et de produits orthopédiques. "On ne se plaint pas", avoue l’un des gérants en parlant de ses affaires. "Je serais peut-être client un jour mais le plus tard possible", plaisante en retour Frédéric Laporte.

L’heure tourne. Il est déjà midi. Dernière escale chez un barbier surpris de voir une demi-douzaine de personnes débarquer dans son salon. Pas le temps de se faire raser. "C’est juste une visite de courtoisie", tente de rassurer le maire face à la mine décontenancée de l’employé.

Pour l'opposition, un air de campagne : Élus d’opposition mais dans des formations différentes, Joseph Roudillon et Pierre Mothet ne remettent pas en cause l’utilité des visites de quartier de la mairie. Mais ils s’interrogent… Tête de liste à la dernière élection municipale en 2020 face à Frédéric Laporte, Joseph Roudillon (DVD) a "toujours considéré que la proximité des élus avec nos concitoyens était quelque chose d’important". Et l’avocat de se souvenir d’un temps pas si lointain où il lui est arrivé de participer à ce genre de visite. "Quand j’étais dans la majorité aux côtés de Daniel Dugléry, j’étais référent dans le centre-ville et nous allions à la rencontre des habitants mais il n’y a jamais eu grand monde." Sur le principe, Joseph Roudillon semble donc saluer l’initiative mais s’interroge sur le timing de l’opération. "Est-ce un hasard que le retour de ces visites de quartier se déroule à deux ans des municipales de 2026?? Je pose la question mais là franchement, c’est évident." Autre élu d’opposition, Pierre Mothet (DVG) ne remet pas en cause l’utilité de ces visites. "C’est bien sur le principe mais les faire à des heures où la majorité des gens sont indisponibles, cela permet d’esquiver un certain nombre de problèmes. Il faudrait faire ces visites en fin d’après-midi vers 17?h?30." Colistier de Frédéric Kott (PS) lors de la dernière élection municipale, Pierre Mothet s’interroge aussi sur les motivations du maire de Montluçon. "C’est un homme contesté, très critiqué, qui essaie de se refaire une santé, estime-t-il. Mais je ne suis pas certain que cela va marcher car je pense que la concertation prend beaucoup plus de temps". Et de proposer un autre mode de consultation : "Pourquoi ne pas organiser régulièrement des référendums locaux??"

Martial Delecluse

Читайте на 123ru.net