"On a une hausse de fréquentation de 15 % sur Mauriac": comment les cinémas du nord Cantal tirent-ils leur épingle du jeu ?

Face aux mastodontes et aux grands complexes, les cinémas ruraux ont un atout : les animations, les débats autour des films et une proximité avec le public. "Le cinéma, c'est un lieu de vie", témoigne Philippe Dousse, gérant des trois cinémas du nord Cantal, à Mauriac, Riom-ès-Montagnes et Ydes.

Il y aura un avant et un après Covid pour le monde de la culture et, notamment, des cinémas. Dans le nord Cantal, les salles obscures reprennent des couleurs, progressivement.

De retour du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, où il opérait en tant que projectionniste, Philippe Dousse, le gérant des cinémas du nord Cantal (Mauriac, Ydes et Riom-ès-Montagnes) livre le bilan de l’année écoulée. Avec une hausse de plus de 15 % de la fréquentation pour Mauriac, une satisfaction, même si « on n’a pas encore retrouvé les chiffres d’avant Covid, mais on est remonté par rapport à l’année précédente ».

Philippe Dousse est le gérant des trois cinémas du nord Cantal.

Le secret : la proximité et les partenariats locaux

Pour ce faire, celui qui considère le cinéma comme un lieu de vie, multiplie les animations et les partenariats avec les acteurs du territoire. Un partenariat avec les collectivités tout d’abord, « qui jouent le jeu pour le cinéma rural, qui sont en soutien », avec les établissements scolaires également et les associations.

« Le 6 mars, avec le Rotary club, à Mauriac, on aura la projection du film qu’ils ont réalisé lors de l’opération de nettoyage de la vallée de l’Auze ; le 26 mars à Mauriac et début avril à Riom-ès-Montagnes, avec le GVA dont on est partenaires depuis longtemps, ce sera la projection de La ferme des Bertrand, de Gilles Perret, pour évoquer la transmission dans l’agriculture. En règle générale, dès que l’on me propose un partenariat autour d’un film, je suis preneur. »

"Dès qu’un film parle de ruralité, cela fonctionne"

Peaufinant une programmation au mois, avec la difficulté, comme tous les petits cinémas, d’obtenir les gros films à l’affiche (pour ce faire, il faut pouvoir multiplier les séances), Philippe Dousse mise sur l’éclectisme pour contenter son public. « Je crois qu’il en faut pour tout le monde, un peu pour tous les goûts, cela contribue à la dynamique des cinémas, à faire venir les gens, des blockbusters (même si on a encore l’impact du mouvement de grève des scénaristes et des acteurs aux États-Unis) aux films plus intimistes. Et on a souvent des surprises, comme les Petites victoires qui a bien marché. On peine un peu plus à avoir de l’affluence entre deux gros films. Mais on voit que dès qu’un film parle de ruralité, chez nous, cela fonctionne, on a du public. »

Lors du tournage de Martel en tête au Claux fin 2022, Photo d'archives Jérémie Fulleringer La tournée cantalienne annoncée du réalisateur Frédéric Pelle pour son court-métrage Martel en tête, tourné au Claux, devrait rencontrer le succès (rendez-vous le 13 mars à Mauriac).

Trois films se sont démarqués sur les écrans du nord Cantal en 2023.

Sur les chemins noirs. Le film de Denis Imbert avec Jean Dujardin et quelques plans tournés dans le Cantal remporte la première marche du palmarès avec 637 entrées à Mauriac et 630 à Riom-ès-Montagnes.

Super Mario. Seconde place avec 478 entrées à Mauriac et 436 à Riom-ès-Montagnes. Les Trois mousquetaires 1. Il enregistre 460 entrées à Mauriac et 309 à Riom-ès-Montagnes.

Trois chiffres  13.383, le nombre d’entrées en 2023 (11.581 en 2022) au cinéma Le Pré Bourgès de Mauriac qui compte 199 places. 9.823 entrées en 2023 au Quai des Arts à Riom-ès-Montagnes contre 8.812 en 2022, pour cette salle de 175 places. 2.201 entrées en 2023 au Cinévox d’Ydes contre 2.831 en 2022. La seule salle (123 places) qui enregistre une baisse sur les trois. « On se maintient tout de même entre 2.000 et 3.000 entrées mais on n’ouvre que le samedi, estime Philippe Dousse. Et 2022 avait été une année exceptionnelle avec le retour des scolaires. »

Une journée avec un réalisateur, lors du tournage de Martel en tête

Magali Roche