"Pas juste des Européens qui font rouler leurs tacots dans le désert marocain" : ces deux Thiernois participent au 4L Trophy

Jeudi 15 février, les deux copains originaires de Thiers (Puy-de-Dôme) étaient sur la ligne de départ du 4L Trophy. Un rallye solidaire pour lequel Marin Jouffroy, 20 ans, et Thomas Frugère, 23 ans, se préparent depuis quatre ans.

Il faut regarder dans le rétro pour bien comprendre. L’aventure commence en juillet 2020, lorsque Marin découvre l’épave d’une vieille Renault 4L dans un champ entre Ambert et la Chaise-Dieu. "J’ai toujours été passionné par la mécanique. Je me souviens que mon grand-père réparait de vieilles voitures quand j’étais jeune, c’est de famille », sourit le jeune garçon âgé de 16 ans à l’époque. Il retrouve le propriétaire, un agriculteur à qui il rachète le véhicule pour 100 €. "Ça m’a coûté plus cher de la rapatrier jusqu’à Thiers", rigole-t-il.Puis, les choses s’accélèrent. Avec Thomas, son copain d’enfance, ils évoquent le 4L Trophy dont ils ont entendu parler par bouche-à-oreille et presque quatre ans plus tard, les deux Thiernois se sont retrouvés à Biarritz hier, sur la ligne de départ de ce rallye humanitaire, direction le Maroc.

Une équipe surentraînée 

Les deux Thiernois parcourront près de 5.000 kilomètres et traverseront trois pays au volant de cette vieille 4L, équipés d’une carte et d’une boussole.

"L’objectif est de réussir à franchir la ligne d’arrivée à Marrakech le 23 février. Chaque année, de nombreux équipages n’atteignent même pas le Maroc à cause d’un souci mécanique, c’est le pire qu’il pourrait nous arriver."

Pour éviter le coup de la panne, Marin et Thomas sont surentraînés. Ils ont monté et démonté intégralement leur 4L plus d’une vingtaine de fois, jusqu’au dernier boulon. "Déjà, il a fallu remettre la voiture en état. On a financé toutes les pièces grâce à des petits boulots dans la restauration ou au Macdo et on a travaillé dessus tous les week-ends où on est rentré à Thiers", racontent les deux étudiants.

Vivre "une aventure humaine"

Marin est en école de commerce à Paris, Thomas est en Irlande, pour une année de césure, où il travaille dans un complexe de karting, avant de reprendre ses études. Au-delà de leur passion commune pour les vieilles voitures et la mécanique, les deux Thiernois ont soif de vivre des expériences hors du commun. Pour tous les deux, le 4L Trophy, c’est une "aventure humaine", qu’ils ne vivront sûrement qu’une fois dans leur vie. "D’après les échos que l’on a, on y fait de belles rencontres et il y a beaucoup d’entraide. Quand on croise un équipage en panne sur le bord de la route, on s’arrête pour lui filer un coup de main", rapporte Marin.

Du porte-à-porte pour trouver les sponsors

Pour aller le plus loin possible, les deux amis pourront compter sur leur relation fraternelle et des caractères compatibles.

Marin est très organisé, moi beaucoup moins, rigole Thomas. Je suis plutôt le calme, qui sait prendre du recul en cas de situation stressante."

En plus des heures passées ensemble sous le capot de leur 4L, les deux amis ont aussi vécu de longues journées de porte-à-porte à la recherche de sponsors (*) pour financer leur voyage. Même s’ils cherchent toujours des soutiens, les Thiernois ont réussi à récolter près de 9.000 €.  "Certains ont été vraiment généreux. Je pense par exemple au Lions club ou au garage Bermudez qui nous a refait entièrement la carrosserie gratuitement contre un encart publicitaire sur la voiture, c’était énorme", remercie Marin.

Une course solidaire avant tout

Et parce qu’il s’agit avant tout d’une course humanitaire, Thomas et Marin, ont rassemblé 10 kg de fournitures scolaires et 10 kg de denrées alimentaires qu’ils amèneront dans les orphelinats de l’association Enfants du désert. "Nous ne sommes pas juste des Européens qui font rouler leurs vieux tacots dans le désert marocain, c’est important pour nous." Un esprit solidaire, qui, on l’espère, aidera l’équipage à franchir la ligne d’arrivée.

(*) Marin et Thomas sont sponsorisés par Leclerc, Jakubowski, DRT formation, Christophe Chaleil, Brousse, Carrosserie Bermudez, Auvergne remorque et Axa assurance.

Angèle Broquère