"Un sentiment d'injustice" : une conductrice condamnée après la mort de son passager de 18 ans à Clermont-Ferrand
Une chaussée mouillée, une courbe… Aquaplaning. Puis le drame. Terrible. Tous les protagonistes de cet accident sont de la même génération, côtoient le même club de foot, dans les environs de Vichy. Le soir des faits, justement, ils avaient entamé la soirée au club. Ils sont onze, huit garçons et trois filles. On est samedi soir, décision est prise de sortir. Des "Sam" sont désignés pour conduire les trois véhicules. Une première étape se déroule à Vichy, dans une boîte du centre-ville. Mais le groupe, "trop nombreux", se fait refouler.
"Le cauchemar de tous les parents"Ces jeunes prennent alors la route, direction du Puy-de-Dôme, pour aller dans une discothèque d’Aubière. Vers 3 heures, ces Bourbonnais prennent le chemin du retour dans l’Allier. Arrivés au Brézet, juste après la zone commerciale, sur le boulevard Saint-Jean, les trois véhicules se suivent. La seconde voiture est conduite par la prévenue, 18 ans à l’époque. Elle perd le contrôle. "Le véhicule a volé", relate la présidente Anne David. La voiture percute le terre-plein central avant de terminer sa course contre un mur de béton. La conductrice est blessée, tout comme deux de ses trois passagers. Mais le troisième est tué sur le coup. Il ne pourra pas être réanimé. Il avait 18 ans.
Un jeune homme de 18 ans tué dans une violente sortie de route à Clermont-Ferrand
"C’est un dossier extrêmement douloureux", poursuit la magistrate. En effet, les parties civiles ne sont pas vindicatives. Bien au contraire. "Ce qui se passe ce soir-là, c’est un peu le cauchemar de tous les parents. Des jeunes et des parents qui se connaissent. C’est difficile pour tout le monde", constate Me Sabrina Oulmi, partie civile. "Il y a un sentiment d’injustice, les choses étaient bien faites, tout devait bien se passer", ajoute Agathe Bord au parquet.
"J’aurais préféré que ce soit moi…"L’émotion est palpable à l’audience. "J’aurais préféré que ce soit moi qui décède et prendre leurs séquelles à leur place…", déclare, en pleurs, la jeune femme à la barre. "Une prévenue que l’on n’aimerait pas avoir à défendre devant un tribunal correctionnel", plaide Me Cédric Bru en défense. Car sa cliente n’avait pas bu, ni consommé de stupéfiants. Alors, pourquoi?? "Vous rouliez probablement un peu au-dessus de la vitesse autorisée (50 km/h), mais de toute façon, la leçon, c’est que vous auriez dû rouler en dessous de la limitation compte tenu des circonstances", indique la présidente, qui ne souhaite en rajouter à la souffrance. Des deux parties. Le tribunal condamne la jeune prévenue à six mois de prison avec sursis. Son permis n’est pas annulé, mais elle va perdre les points de son permis probatoire et devra repasser le code.
Julien Moreau