Après le retrait de Jean-Pierre Brenas, qui sera le candidat de la droite aux municipales de 2026 à Clermont-Ferrand ?
Il incarnait la droite clermontoise depuis 2011 et fut, à ce titre, sa tête de liste aux élections municipales de 2014 et 2020. À 65 ans, Jean-Pierre Brenas (Les Républicains) a acté sa mise en retrait progressive de la scène politique locale, en 2023, en annonçant qu’il ne serait pas candidat en 2026 et qu’il passait la main à Julien Bony à la présidence des groupes d’opposition de droite à la Ville et à Clermont Auvergne Métropole. "Je laisse la place pour mieux préparer l’avenir", assurait-il alors.
Mais qui incarne "l’avenir" de la droite clermontoise ? À deux ans des prochaines municipales, la route est bien sûr encore longue, et chaque acteur du dossier dira que le temps n’est pas venu d’annoncer une candidature. "Préempter aussi tôt, ce serait une marque de fébrilité", glissent-ils d’une même voix… Manière de tacler le maire Olivier Bianchi (Parti socialiste) qui a, lui, déjà annoncé sa candidature en 2026.
De Julien Bony, élu à Clermont...Reste que la question s’impose et se fera de plus en plus pressante. Au fond, elle ne désintéresse évidemment pas le camp de la droite, où deux noms sortent actuellement du lot.
Il y a Julien Bony (Les Républicains), d’abord. Élu clermontois depuis 2020 et ancien directeur de campagne de Jean-Pierre Brenas, ce cadre commercial de 44 ans s’inscrit dans la continuité de ce dernier et semble être à l’instant T le candidat naturel pour la droite, dont il a pris la présidence des groupes à la Ville et à la Métropole.
"Oui, j’ai peut-être une certaine légitimité à l’incarner mais aujourd’hui, je ne m’autodéclare pas. Je pèserai de tout mon poids pour cette échéance, mais quel sera mon rôle précis?? Je n’en sais rien. J’incarne aussi quelque chose de différent, sur le plan générationnel, sur le plan des idées. Par exemple, l’écologie, notre famille politique ne s’en est pas forcément occupé jusqu’ici, mais on voit que ça change."
Il porte d’ailleurs, actuellement, la construction "d’un projet alternatif, de réconciliation avec les Clermontois", dit celui qui a entamé en fin d’année 2023 un tour des quartiers au fil de réunions publiques. Si elles avaient pour ambition d’évoquer les sujets du moment à Clermont-Ferrand, celles-ci donnent aussi le sentiment d’une prise de rendez-vous, d’autant qu’elles vont se poursuivre dans les prochains mois. "Plus qu’un candidat, les Clermontois veulent savoir ce qu’on aura à leur proposer, estime Julien Bony. Si quelqu’un est mieux placé que moi, je le soutiendrai évidemment. Mais je ne suis pas persuadé qu’il y ait pléthore de candidats…"
... à Sébastien Galpier, élu au DépartementIl n’a pas tort. Aux côtés de Julien Bony et Jean-Pierre Brenas, les quatre autres élues clermontoises du groupe Avenir Républicain ne présentent pas cette ambition. Pour trouver un second candidat potentiel, il faut piocher au conseil départemental, avec son vice-président Sébastien Galpier (Les Républicains) qui, à 35 ans, est l’un des nouveaux visages de la droite locale.
Cet agent immobilier de profession évacue pour l’heure la question… sans dire que la perspective ne l’intéresse pas : "Les Clermontois ne sont pas encore dans ce genre de considérations, je n’alimente pas les rumeurs", répond-il, rappelant toutefois au passage que "je suis le seul à avoir gagné une élection à Clermont-Ferrand depuis quarante ans. C’est quand même un exploit." En 2021, aux élections départementales, il parvenait en effet à faire basculer le canton 5 à Clermont-Ferrand, enraciné à gauche depuis des décennies.
S’il n’a pas réussi à réitérer l’exploit aux législatives de 2022, il nourrit des ambitions et a créé, en 2023, l’académie Georges-Mandel, qui a "pour objectif de réunir des jeunes LR et de discuter, une fois par mois, d’un sujet, d’argumenter". Une façon de préparer l’avenir.
"À droite, on a de jeunes talents qui émergent, il y a un renouvellement de génération très bien accompagné par Jean-Pierre Brenas et Brice Hortefeux. À nous de faire nos preuves. Julien et moi, on est sur la même longueur d’onde : on veut gagner. On sera uni quel que soit le candidat en 2026."
Quels liens avec le camp de la majorité présidentielle ?"Sébastien Galpier ? C’est normal qu’on parle de lui, il est élu, il a gagné à Clermont où les victoires sont rares pour notre famille politique, réagit Julien Bony. Il a des ambitions personnelles. Ma responsabilité est de conduire l’opposition dans toutes ses composantes et de fédérer tout le monde."
Un sentiment partagé par Jean-Pierre Brenas : "Le profil du candidat ? Ce sera celui qui sait rassembler son camp, qui sera crédible et qui saura incarner le Clermont d’après, considère-t-il. Mon rôle est maintenant de travailler à l’union mais il peut y avoir plusieurs velléités, c’est toujours plus intéressant quand il y a de l’émulation."
Une des clés de l’équation se situera, probablement, au-delà des Républicains : la droite et le centre (le groupe Renaissance incarné par Éric Faidy lors des dernières municipales) doivent-ils se rassembler pour l’emporter ? "Ça peut passer par là, mais ça peut aller bien au-delà, il faut rassembler sans se mettre de barrières, répond Julien Bony. D’autant qu’on a bien vu qu’il n’y avait pas l’ombre d’un papier de cigarette entre nos deux projets en 2020, qui auraient pu fusionner dès le premier tour…"
Arthur Cesbron