Un Briviste refuse d'obtempérer... pour aller se garer 900 mètres plus loin, devant son immeuble
Jeudi 22 février 2024, au volant de sa voiture, un Briviste âgé de 41 ans revenait d'un supermarché de la zone commerciale ouest et se dirigeait vers le centre-ville de Brive, en Corrèze. Alors qu'il était en train de doubler une file de voitures abordant le rond-point du magasin Auchan, il a été remarqué par une voiture de gendarmes, qui ont activé leur sirène et gyrophare pour l'intercepter. Ils l'ont rapidement rattrapé et lui ont demandé de les suivre pour pouvoir s'arrêter dans un endroit un peu plus sécurisé. L'homme a d'abord accepté, avant de donner subitement un coup de volant pour tourner à gauche et d'accélérer dans l'avenue Eugène-le-Roy, puis, dans celle de Jules-Vallès.
Course poursuiteUne courte course poursuite s'est engagée. Les gendarmes ont perdu le prévenu un moment, avant d'apercevoir son véhicule tranquillement stationné au pied d'un ensemble d'immeubles. Les militaires ont observé à l'intérieur, au sol, entre les deux sièges, sept canettes de bière. L'homme a été interpellé après être sorti de lui-même d'un des immeubles. Le casier judiciaire du prévenu avait déjà 27 mentions, dont 23 condamnations. Photo d'illustration : Stéphanie Para.
Il ne se rappelle plus son refus d'obtempérerHakim Samir a été jugé, ce lundi 26 février, en comparution immédiate, par le tribunal judiciaire de Brive pour refus d'obtempérer, conduite sous l'empire d'un état alcoolique et franchissement de ligne continue.
Dans le box des accusés, le prévenu affichait un air contrit. "Je reconnais la conduite en état d'alcoolémie. J'ai un problème avec l'alcool. Je suis suivi par l'association Addiction France. C'est une maladie, mais ce n'est pas une excuse. Je n'aurais pas dû prendre le volant. Quand je commence à boire, c'est sans fin."
Par contre, le refus d'obtempérer est tombé dans un trou de sa mémoire. "Je ne me rappelle pas avoir reçu l'ordre de m'arrêter. Peut-être c'est vrai. Je vous assure, je ne vous mens pas, je ne vous cache rien du tout."
Un casier judiciaire long comme le brasLe problème, c'est qu'avec 27 mentions, dont 23 condamnations, notamment pour délit de fuite, rébellion, blessures involontaires, filouterie, vol et violences aggravées, mais aussi évasion, outrage, viol ou menaces de mort, son casier judiciaire ne parlait pas du tout en sa faveur. Et pour ne rien arranger, Hakim Samir comparaissait devant le tribunal en récidive légale. Il a été déjà condamné pour refus d'obtempérer en 2018 avec un sursis probatoire de huit mois.
Ce lundi 26 février, le parquet a requis à son encontre une peine de 14 mois de prison ferme pour le refus d'obtempérer et une révocation partielle de quatre mois de son sursis probatoire. S'y ajoutent quatre mois de prison requis pour conduite sous l'empire d'un état alcoolique et une contravention de 70 € pour le franchissement de la ligne continue.
"Remettre les choses à leur juste place"Pour la défense, Maître Baggul a insisté : "quand j'entends le procureur qui demande ces peines très sévères, j'ai l'impression que Monsieur Samir est un chef de gang. J'aimerais qu'on remette les choses à leur juste place. C'est une personne qui est malade, qui est alcoolique et qui fait ce qu'il peut pour s'en sortir. Est-ce qu'on va tirer encore plus sur un malade ou faire en sorte qu'il s'en sorte ? C'est vous qui déciderez." Maître Baggul a plaidé auprès du tribunal pour une peine de détention à domicile sous un bracelet électronique.
"Je n'ai plus droit à l'erreur"Quant au prévenu, juste avant le verdict, après avoir évoqué ses soucis de santé, il a affirmé : "Par rapport à l'alcool, je n'ai plus droit à l'erreur. Je demande l'indulgence et la clémence."
Hakim Samir n'a pas été entendu par le tribunal. Ce dernier a suivi à la lettre les réquisitions du procureur. Le Briviste a été condamné, au total, à 22 mois de prison ferme et une amende de 70 €, et a été maintenu en détention.
Dragan Perovic