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Lutte contre les violences sexistes : l'exposition "clichés de femmes" prend place au tribunal de Brive

Lutte contre les violences sexistes : l'exposition

La bataille contre les violences faites aux femmes ne se mène pas uniquement sur le terrain de la répression, à Brive (Corrèze). Début mars, la lutte aura également lieu sur le terrain de l’art, et dans les salles de classe, via une exposition photo : "cliché de femmes".

C’est un lieu où, d’ordinaire, résonnent les pas des avocats et des prévenus dans l’attente d’une décision de justice. Mais du 7 au 29 mars 2024, la “salle des pas perdus” du tribunal judiciaire de Brive, en Corrèze, sonnera aussi au son des pas des visiteurs. Le lieu de justice sera aussi le lieu d’exposition où 18 photographies sur le thème des violences faites aux femmes seront présentées. Le titre de l’exposition : « Clichés de femmes, violences visibles et invisibles ».

Un travail sur l’image de la femme

« Julie de Waroquier est une artiste photographe et professeure de philosophie à Lyon. Elle a notamment fait un travail sur l’image de la femme. Elle fait percuter son travail photographique à des citations de grands philosophes », annonce Émilie Abrantes, procureure de la République de Brive.

Une collision qui ne cache pas une certaine ironie, les citations empruntées à ces penseurs étant en réalité des préjugés très ancrés à l’époque de leurs écrits. « Un attentat contre la pudeur est moins grave commis sur la femme que sur l’homme » a déclaré Saint-Augustin (354-430). Et ce bon Voltaire (1694-1778) d’ajouter : « Il n’est pas étonnant qu’en tout pays, l’homme se soit rendu le maître de la femme, tout étant fondé sur la force. Il a d’ordinaire beaucoup de supériorité par celle du corps et même de l’esprit ». Le travail onirique de l’artiste viendra ainsi heurter la misogynie ordinaire de ces temps révolus.

Interroger l’image de la femme à travers le temps, dans un palais de justice, l’initiative n'est en rien anodine. « Le parquet de Brive est mobilisé sur la question des violences faites aux femmes. On veut faire entrer les gens dans le palais de justice, pour aborder ce thème des violences de manière différente », justifie Émilie Abrantes.

Une rencontre avec des élèves de Brive

Cette initiative culturelle qui mise sur la prévention sera aussi déclinée au niveau scolaire, puisqu’un travail a été engagé, entre l’artiste et des élèves des établissements de Lavoisier et Simone-Veil, sur le thème du consentement. « Plusieurs photographies de Julie de Waroquier ont été sélectionnées et proposées à des enseignants. En groupe, les élèves vont pouvoir dire ce qu’ils lisent dans la photographie. Ils pourront imaginer quelle serait l’histoire de la femme photographiée, à chaque fois représentée dans une scène de violences, physiques, sexuelles, psychologique », explique la procureure de Brive qui échangera, le 6 mars prochain, en présence de l’artiste, avec les élèves du projet.

Une conférence au lycée Simone-Veil

Cette réflexion se prolongera ensuite le soir du 6 mars, au lycée Simone-Veil, où une conférence publique aura lieu. Représentants du parquet, juriste, artiste et sociologue spécialisé, médecin légiste échangeront sur les violences visibles et invisibles. « Avoir un sociologue, un médecin légiste sur ces questions devrait permettre de casser les clichés. Avoir une vision sociologique sur les auteurs et les victimes est par exemple très éclairant, car souvent, dans l’imaginaire collectif, on voudrait que les violences ne concernent qu’un public violent, pas inséré, avec des difficultés socio-économiques. La réalité est différente », détaille Émilie Abrantes. Une conférence qui aura une résonance particulière, quelques jours avant la journée nationale des droits des femmes.

Pratique.Pour assister à la conférence du 6 mars, 20 heures au lycée Simone-Veil. Inscriptions par mail : jep.tj-brive-la-gaillarde@justice.fr.

Pierre Vignaud

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