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Connaissez-vous la fonction de bâtonnier, ce "chef" des avocats ?

Connaissez-vous la fonction de bâtonnier, ce

Me Isabelle Dubois est bâtonnier du barreau de Clermont-Ferrand. Connaissez-vous cette fonction particulière de « chef » des avocats ?

Le bâtonnier, c’est le représentant de ses confrères du barreau. Il s’agit d’un mandat de deux ans, renouvelable, mais pas d’affilée. C’est surtout un honneur et une parenthèse dans la carrière d’un avocat.Me Isabelle Dubois a été élu bâtonnier il y a un peu plus d’un an. Pour nous, elle décrypte cette fonction particulière qu’elle occupe depuis janvier 2023.Beaucoup de ressources humaines à gérer. "En prenant mes fonctions de bâtonnier, il y a un an, je n’avais pas mesuré tout ce que cela impliquait comme tâches. Pour moi, c’était de la représentation et régler les conflits entre confrères. Tout cela, je l’avais bien en tête, en revanche, je n’avais pas du tout en tête tout l’aspect gestion du personnel et des fonds du barreau, alors que c’est un gros morceau du travail du bâtonnier."Un juste retour des choses. "J’avais décidé de me présenter car cette profession m’a beaucoup apporté. J’y ai connu des moments heureux, des moments difficiles et mon ordre a toujours été là. Donc, à un moment donné, c’est bien de rendre ce qu’on a eu. Et parce que, aussi, je pense que c’est un moment dans la carrière d’avocat, car j’estime que ce qui est bien pour être bâtonnier, c’est d’être en fin de carrière. Même si je sais que c’est une position qui n’est pas partagée par tout le monde. Mais pour moi, un bâtonnier, c’est quelqu’un qui n’est plus en construction de sa clientèle, il a du temps à donner et il a une certaine légitimité auprès des confrères que lui donne son ancienneté. Parce que, quand tu convoques un confrère dans ton bureau, c’est plus simple quand tu as vingt ans de barreau de plus que lui que si tu en as vingt ans de moins."Humanité. "La qualité essentielle pour être bâtonnier, c’est l’humanité. C’est vraiment essayer d’être l’interlocuteur de différentes instances et l’interlocuteur de ses confrères. L’objectif du bâtonnier, c’est de faire en sorte que les confrères soient dans les meilleures conditions possibles."Manque de moyen de la justice. "Faire travailler les confrères dans les meilleures conditions, ce n’est pas le cas à l’heure actuelle, à cause du manque de moyens de la justice. Ça joue également sur l’économie des cabinets, quand les procédures n’avancent pas, les confrères sont en difficulté. Quand il s’agit d’aide juridictionnelle, nous, on est payé en fin de procédure, c’est la même chose avec les institutionnels, donc ça joue aussi sur l’économie. Actuellement, par exemple, on a un vrai problème au niveau du tribunal administratif avec le droit des étrangers. Les confrères ne sont pas payés. Et c’est une permanence que l’on risque d’être obligé d’enlever, c’est un vrai crève-cœur, mais les confrères ne peuvent pas continuer à travailler gratuitement. Ça, pour moi, c’est un échec absolu. Là, en ce moment, on est sur un refus quasi-systématique d’accorder l’aide juridictionnelle aux étrangers."Mise entre parenthèses de son cabinet. "Oui, ça c’est très compliqué à gérer, ça nécessite que l’on ait un cabinet qui soit parfaitement d’accord avec l’idée d’être bâtonnier. Nous, on est que deux, mais j’ai une associée qui était complètement partante. Bâtonnier, ce n’est pas du tout une aventure solitaire. On arrive encore à exercer un peu mais beaucoup moins."

Me Isabelle Dubois à la tête de l'ordre des avocats du barreau de Clermont-Ferrand

Savoir se renouveler. "Cela faisait trente-trois ans que j’exerçais, j’avais un peu l’impression d’avoir fait le tour, alors que là, j’ai envie d’y retourner, à mon cabinet. Il y avait des choses que je n’avais plus trop envie de faire et maintenant j’ai envie. Je suis sûre que cela va me donner le coup de boost pour les quelques années qu'il me reste à faire après mon bâtonnat."Une journée type du bâtonnier?? "Il n’y a pas tellement de journées type. Déjà, on a beaucoup de réunions avec des interlocuteurs divers et variés. Moi, par exemple, j’ai une journée du mercredi où je tiens une permanence à la maison de l’avocat pour recevoir les confrères pour régler des difficultés, aborder des sujets qui leur posent des difficultés. Les mardis matin, j’avais aussi initié des petits-déjeuners, avec quelques confrères, une vingtaine à chaque fois, pris au hasard pour aborder la thématique de la Maison de l’avocat, pour la faire connaître. C’était pour se rencontrer, appréhender la manière de travailler et les difficultés des uns et des autres, ou aborder des projets. Je faisais en sorte de rassembler des générations et des métiers différents. Car le métier d’avocat, c’est vingt métiers différents. Un fiscaliste et un confrère qui fait du droit de la famille, ils ne se rencontrent jamais, ils ne se connaissent pas."Plusieurs mois avant la fin de son bâtonnat, un « dauphin » sera désigné pour succéder à Isabelle Dubois. Une période transitoire et de tuilage essentielle pour se passer le flambeau. Enfin, le "bâton" comme on dit dans le jargon. 

21e barreau. Le barreau de Clermont-Ferrand compte actuellement 467 avocats.

Julien Moreau

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