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Guerre à Gaza : une nouvelle Nakba, le pire des scénarios

Guerre à Gaza : une nouvelle Nakba, le pire des scénarios

L'offensive israélienne sur Rafah pourrait pousser des milliers de Palestiniens à l'exode vers l'Égypte. Un cauchemar historique.

Sarah n’a pas 20 ans, mais elle connaît la guerre par cœur. 2008, 2012, 2014, 2019. Cette jeune Palestinienne en exil à Paris se contente de donner les années pour parler des bombardements israéliens sur sa ville de naissance, Gaza. "Avec cette guerre, j’ai tout perdu : mon père, ma maison d’enfance, toute une ville, énumère-t-elle. Je ne sais pas ce que je perdrai demain. A Gaza, nous vivons chaque jour une Nakba sans fin." Dans sa bouche, ce mot claque, en boucle : Nakba, ou "catastrophe" en arabe. Une expression entrée dans le langage courant pour désigner l’exode de plus de 700 000 Palestiniens en 1948, à la création de l’Etat d’Israël. Un aller sans retour, dont le récit reste transmis de génération en génération.

Depuis le 7 octobre, les civils de Gaza vivent leur catastrophe des temps modernes. 1,4 million de personnes s’entassent tout au sud de l’enclave palestinienne, à Rafah, dans des conditions "inhumaines", selon l’OMS. Pour éradiquer le Hamas, le gouvernement Netanyahou répète sa volonté d’attaquer cette zone et demande aux civils d’évacuer. Mais pour aller où ? Au nord, Gaza n’est que ruines et combats ; à l’est se dresse la frontière israélienne et à l’ouest les flots de la Méditerranée.

Reste le désert du Sinaï au sud, bloqué par un mur avec l’Egypte. "Mais pensez-vous qu’une foule de centaines de milliers de personnes bombardées attendra longtemps avant de faire exploser cette porte ?, interroge l’intellectuel palestinien Elias Sanbar. Dans une situation de panique, cette barrière ne tiendrait pas dix minutes." L’Egypte d’al-Sissi a rejeté l’accueil des Palestiniens pendant des mois, prétextant sa propre crise économique, le risque d’infiltration terroriste et celui d’un nouvel aller sans retour pour les Gazaouis. Las !, le scénario prend forme : ces dernières semaines, les autorités égyptiennes érigent des enceintes cerclées de murs de six mètres de hauteur, à quelques kilomètres de Rafah. Suffisant pour contenir plusieurs milliers de réfugiés palestiniens.

L’extrême droite israélienne, alliée de Netanyahou, milite en faveur de cet exode afin de régler le problème sécuritaire de Gaza "une bonne fois pour toutes". Une Nakba moderne ne provoquerait que soixante-seize années de souffrances supplémentaires, sans espoir de paix. D’urgence, la communauté internationale doit peser de tout son poids, de toutes ses pressions, pour empêcher ce scénario et forcer les deux camps à une trêve durable.

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