À Brive, au sanctuaire de Saint-Antoine, sur le sentier du chemin de croix, on efface les stigmates du temps
Dès qu’on franchit les portes du sanctuaire des grottes de Saint-Antoine, qui abrite une communauté de frères franciscains, on est saisi par le calme et la sérénité du lieu, niché dans un écrin de verdure de cinq hectares.« À la fin du XIXe, début du XXe siècle, il y avait des dizaines de milliers de pèlerins qui faisaient l’étape ici, sur leur route vers Lourdes, raconte la vice-présidente de l’Association des amis de Saint-Antoine, Laure de Coursay. En 1895, l’inauguration de l’église du pèlerinage avait réuni 40.000 personnes. La dévotion à Saint-Antoine était incroyable. »« Ici, c’est un lieu un peu unique, pas compliqué, qui accueille toute personne, » souligne Évelyne Vidalo-Borderie, membre du conseil d’administration de l’association.
Saint-Antoine ...de Padoue ou de Brive ? Il était docteur de l’église, prédicateur de renom et thaumaturge. Fernando Martins de Bulhões, en religion frère Antoine, est né en 1195 à Lisbonne et mort le 13 juin 1231 près de Padoue. Ce prêtre franciscain a passé plusieurs mois à Brive en 1226. Canonisé en moins d’un an, il devint, à partir du XVIe siècle, le grand spécialiste des objets perdus. On raconte que même Saint-François-de-Sales l’invoquait lorsqu’il perdait ses clés ! « On l’appelle Saint-Antoine de Padoue, parce qu’il est mort là-bas, mais, on pourrait tout à fait dire, Saint-Antoine de Brive. Il a passé plus de temps ici qu’à Padoue, » résume Laure de Coursay, vice-présidente des Amis de Saint-Antoine.
Pentu, raviné, sans drainage qui fonctionne...Très pentu par endroits, raviné par les pluies, le chemin de croix porte aujourd’hui de nombreux stigmates du passé. Photo : Stéphanie ParaPourtant, actuellement, le site demeure relativement méconnu des Corréziens. Beaucoup de visiteurs s’arrêtent aux grottes de Saint-Antoine, situées en contrebas, sans monter vers le parvis avec la chapelle, le magasin monastique et l’hôtellerie, ni s’engager dans le parc ouvert au public et le sentier du chemin de croix. Justement, très pentu par endroits, raviné par les pluies, ce dernier porte aujourd’hui de nombreux stigmates du passé. Ses caniveaux sont bouchés, son drainage ne fonctionne plus. Lors des périodes arrosées, il est impossible au visiteur de l’emprunter sans marcher dans la boue.
Un chantier à 70.000 eurosC’est pour cette raison que l’association des Amis de Saint-Antoine, gestionnaire technique du sanctuaire, projette sa réfection complète. Le coût du chantier : 70.000 euros. La rénovation du chemin comprend le terrassement, la pose de nouveaux caniveaux complétés de grilles en fonte, mais aussi une modification du parcours, avec un dénivelé plus doux. Avec une nouveauté majeure : la création d’une noue drainante en pleine terre, protégeant le chemin et permettant l’évacuation des eaux. Elle contribuera également à l’esthétique globale du sentier rénové sur sa partie haute. Le chemin sera recouvert avec de la castine chaulée, du même type que sur la voie verte. Pour assurer une surface stable et durable, celle-ci sera nivelée et compactée.
Le site des grottes de Saint-Antoine est le seul sanctuaire dans le diocèse de Tulle. Photo : Stéphanie Para
À la recherche des financementsLes Amis de Saint-Antoine comptent financer les travaux sur leurs propres fonds, mais aussi grâce à une campagne de financement participatif (voir ci-contre). « On a fait un appel aux dons dans notre réseau de bénévoles et on est aussi en lien avec la fondation du Patrimoine pour laquelle on prépare un dossier de demande de subvention. Leur principe est de ne pas intervenir seuls, mais, avec d’autres partenaires. Quant à la mairie de Brive, elle nous a fait gratuitement l’étude technique du projet. » Le chantier débutera après la fête de Pâques pour être fini, si possible, pour la célébration de l’anniversaire de Saint-Antoine, le 13 juin.
Financement participatif. Pour financer une partie de son projet, l’association des Amis de Saint-Antoine a lancé une campagne de financement participatif qui s'arrête le 10 avril. Pour un don de 100 € (34 € après déduction fiscale), on reçoit en contrepartie le livre de Michel Hubaut, Histoire des Grottes de Saint-Antoine à Brive. Pour un don de 500 € (170 € après déduction fiscale), on bénéficie d’un séjour de trois nuits, seul ou en famille, dans une chambre du pèlerin, sur le site.
Dragan Perovic