Pourquoi Clermont-Ferrand n'a pas été Capitale européenne de la culture ?

Clermont-Massif central 2028 sait désormais de manière formelle pourquoi le jury a désigné Bourges Capitale européenne de la culture. Le rapport final vient d'être publié sur le site du ministère de la Culture.

« Le jury estime que le concept de Terre du Milieu ne résonne pas très bien ni facilement en tant que thème principal du programme » - la référence à Tolkien n’a donc pas accroché plus que ça… « La vision artistique manque d’une dimension européenne claire, et la structure du programme aurait gagné à être simplifiée davantage pour fournir un programme clair et concret ». À travers ces mots, le jury qui a désigné Bourges Capitale européenne de la culture en décembre dernier, dit pourquoi le choix ne s’est pas porté sur Clermont. Une explication, qui se poursuit tout au long du rapport publié par le jury que présidait Rossella Tarantino (laquelle a conduit la candidature de la ville de Matera, au sud de l’Italie, désignée capitale européenne de la culture 2019).

Trop d'eclectisme

« Se déployant sur un immense territoire, le programme de la Terre du Milieu peut compter sur un riche patrimoine, de nombreux festivals, des paysages exceptionnels, des équipements culturels de haut niveau et un soutien et un engagement fort du monde industriel local. Néanmoins, ce programme vaste souffre de son éclectisme et de son ampleur. Une plus grande attention aurait également pu être accordée à l’élaboration d’une stratégie numérique, qui aurait pu venir en renfort de cette très large couverture régionale. Il manque des lignes directrices claires pour s’assurer que les projets issus des appels ouverts soient conformes aux objectifs et au thème du programme ».

Points positifs

Parmi les axes positifs, « le jury a apprécié la forte implication de la population locale, mais aurait souhaité qu’un accent plus fort soit accordé à des activités mettant en lumière des aspects communs de l’histoire et du patrimoine européens. Le programme est bien ancré dans la stratégie culturelle à long terme, bénéficie d’un soutien institutionnel unanime et d’un solide budget opérationnel. Cependant, les impacts prévus ne sont pas précisément définis. Il n’y a pas de plan d’évaluation indépendant indiquant des thèmes donnés à étudier ». On ne sait si Clermont, comme murmuré le soir du choix, est passé tout près de la victoire, mais les explications du jury ne semblent pas tout à fait aller dans ce sens…

« Très grande qualité »

Pour autant, de manière générale, ce jury a analysé quatre candidatures de « très grande qualité, mais aussi très différentes les unes des autres, émanant de villes très diverses. Les candidatures ont abordé des questions d’une grande urgence pour l’Europe et le monde entier. Les quatre candidatures avaient chacune leurs points forts et leurs points faibles […] » « Lors de la discussion finale, les candidatures ont été évaluées les unes par rapport aux autres. Chaque membre du jury a évalué les quatre villes, sur la base des dossiers de candidature, des présentations, et de la séance de questions/réponses, le tout complété par le retour d’information sur les visites des villes, selon sa propre interprétation des critères. Le jury a décidé, par vote secret, de recommander au ministère français de la Culture de désigner Bourges comme Capitale européenne de la culture 2028 en France. Ce rapport a été envoyé au ministère de la Culture et à la Commission européenne ».

Julien Dodon