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Lourdes peines après une violente agression en plein centre-ville de Clermont-Ferrand

C’est un riverain qui avait alerté le commissariat central, ce dimanche 25 février, peu après minuit : une violente altercation était en cours, sous ses fenêtres, à l’angle des rues Saint-Esprit et Saint-Genès, en plein centre-ville clermontois.

À l’arrivée des policiers, le témoin décrivait deux agresseurs présumés, alors en fuite, tandis que les victimes (deux hommes et une femme) avaient trouvé refuge dans un bar voisin, l’une d’elles (l’un des deux hommes) présentant de nombreuses blessures au nez, au visage et à une main, qui lui ont valu trente jours d’ITT.

L'un des deux agresseurs était porteur d'une arme de poing chargée

Munis du signalement des deux suspects et de leur véhicule, une Fiat 500 blanche toujours stationnée quelques rues plus loin, deux équipages de la brigade anticriminalité mettaient alors la voiture sous surveillance, espérant voir réapparaître les deux individus.

Leur patience fut récompensée : vers 1 h 30, ces derniers – deux hommes de 21 et 26 ans – revenaient vers la voiture. C’est là qu’ils sont interpellés. Le plus jeune, bien que menotté dans le dos, tentera tout de même de s’enfuir et laissera tomber dans sa fuite un revolver MAS chargé de quatre balles, "trouvé dans la rue".

Durant son transport au commissariat, le plus âgé des deux multipliera les injures et les menaces à caractère raciste à l’encontre des policiers (ce qui lui valait notamment d'être poursuivi pour "outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique commis en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion"), mais aussi, plus largement, "des Blancs, de la France et des Français".

Il nie avoir proféré des insultes racistes

Devant le tribunal correctionnel, où il était jugé, ce mercredi 28 février, en comparution immédiate, avec son complice, Eliamini Ahmed, originaire de Mayotte (vingt mentions au casier judiciaire, dont une dizaine pour des faits de violences), a nié fermement avoir proféré ces insultes, notant que "ce n’est pas [sa] façon de parler" et indiquant même que ce sont les victimes qui auraient, en premier, tenu des propos racistes à son encontre et à celle de son ami, Mickaël Cadet, natif quant à lui de Guyane.

"Au départ, a-t-il ajouté, c’est l’un des hommes qui est venu vers nous de façon menaçante, sans qu’on comprenne pourquoi. On n’a fait que se défendre, en frappant et en utilisant une bombe lacrymogène".

"Mon client (l'homme blessé dans l'agression, NDLR) est chirurgien-dentiste. Sachant qu'il est gaucher et qu'il a été grièvement blessé à cette main, personne ne peut dire, aujourd'hui, s'il pourra reprendre un jour son activité professionnelle".

Cette version, apparemment très personnelle, des faits a vivement fait réagir les deux avocates des parties civiles, Mes Victoria Gesset (pour trois des policiers insultés) et Peggy-Anne Julien (pour l’homme blessé), avant que la procureure de la République, Agathe Bord, ne requière quatre ans de prison pour Eliamini Ahmed et deux ans et demi pour Mickaël Cadet.

"Tout démontre, dans ce dossier, qu'il s'agit bel et bien d'une agression purement gratuite de la part des deux prévenus".

Face à ces réquisitions, Mes Mélanie Métivier et Charlotte Depardieu, en défense, ont tour à tour évoqué "les zones d’ombre et les lacunes de l’enquête" ou "la facilité d’inventer des histoires sur la base de rien", regrettant que les explications de leurs clients "ne soient pas, a priori, considérées comme crédibles".

"On nous présente ces deux hommes, de façon péremptoire et présomptueuse, comme les seuls méchants de l'histoire. Pourquoi devrait-on forcément croire à cette version ?".

Eliamini Ahmed a été condamné à quatre ans ferme (trois ans et la révocation d'une peine d'un an avec sursis probatoire prononcée en mars 2023), avec interdiction de séjour dans le Puy-de-Dôme pendant cinq ans, cinq ans de privation des droits civiques et interdiction de détenir ou porter une arme pendant quinze ans (*) et Mickaël Cadet, à trois ans (deux ans et la révocation d'une peine d'un an avec sursis probatoire prononcée en février 2022), avec cinq ans de privation des droits civiques et interdiction de détenir ou porter une arme pendant quinze ans. Ils ont tous les deux été maintenus en détention.

Christian Lefèvre

(*) La bombe lacrymogène dont il a fait usage pendant l'agression est une arme de catégorie D.

Parties civiles. Les deux agresseurs devront verser 800 euros de dommages et intérêts à chacun des trois policiers de la BAC qui ont été insultés et outragés, au titre du préjudice moral. Quant à l'homme blessé dans l'agression, le tribunal a ordonné qu'il fasse l'objet d'une expertise médicale, en attendant qu'une audience sur intérêts civils, le 1er octobre prochain, ne détermine le montant des dommages et intérêts qui lui seront alloués.

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