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Tchad : opposant tué, assaut de l'armée... Que se passe-t-il à N’Djamena ?

Tchad : opposant tué, assaut de l'armée... Que se passe-t-il à N’Djamena ?

La situation est de plus en plus chaotique à N’Djamena, la capitale tchadienne, où l’armée siège depuis 48 heures. Ce mercredi 28 février, le principal opposant à la junte a été tué dans un assaut de l’armée contre le siège de son parti, accusé par le gouvernement d’avoir mené la veille une attaque meurtrière contre les locaux des services de renseignement. L’Express fait le point.

Tirs nourris en pleine journée

"Il est 13 h 33 mercredi 28 février à N’Djamena lorsque des rafales d’armes automatiques et de sourdes détonations réveillent le centre-ville de la capitale tchadienne, jusque-là écrasé par la chaleur", rapporte le correspondant du Monde. Dans le même temps, le réseau téléphonique est fortement perturbé alors que l’Internet mobile, majoritairement utilisé par les Tchadiens, est totalement interrompu, constatent des journalistes de l’Agence France Presse. En l’espace de quelques heures, la capitale est désertée par ses habitants et assiégée par les forces de défense et de sécurité, armées lourdement.

Le déploiement de l’armée ainsi que la dégradation de la situation dans les rues de N’Djamena interviennent au lendemain d’une attaque meurtrière, qui a fait deux morts selon le gouvernement, menée contre le siège des renseignements intérieurs, explique le journal Jeune Afrique. Les tirs nourris en pleine journée ce mercredi se dirigent vers le QG du Parti socialiste sans frontières (PSF), l’un des partis d’opposition. A ce moment-là, les forces de défense et de sécurité viennent ainsi de donner l’assaut au siège de ce parti pour tenter d’y capturer son président, Yaya Dillo, accusé par le gouvernement d’avoir fomenté l’attaque de la veille contre les renseignements.

Le cousin du président de la transition accusé

Dans son communiqué, le gouvernement évoque "une attaque délibérée des complices de cet individu, menée par les éléments du PSF et, à leur tête, le président de ce mouvement Yaya Dillo", contre les bureaux de l’Agence nationale de sécurité. "Je n’étais pas présent", a assuré hier à l’AFP Yaya Dillo, farouche opposant au pouvoir et candidat pressenti à la présidentielle, qui nie son implication et dénonce un "mensonge". Selon le procureur du tribunal de grande instance de N’Djamena, il est mort mercredi, après l’assaut des forces de défense et de sécurité au siège de son parti.

Yaya Dillo n’était toutefois pas n’importe quel opposant. Il est le cousin de Mahamat Idriss Déby, l’actuel président de la transition qui a pris la tête du pays à la mort de son père Idriss Déby en 2021. Un régime sous lequel Yaya Dillo était déjà opposant. Le pouvoir de Idriss Déby père lui reprochait d’avoir accusé la Première dame de corruption, mais redoutait en réalité sa candidature.

Yaya Dillo, était également accusé de l’agression, le 19 février dernier du président de la Cour suprême, Samir Adam Annour, dans les locaux de l’instance, dénoncé comme une "tentative d’assassinat". Un coupable idéal selon les autorités tchadiennes, alors que le juge s’apprêtait à retoquer la candidature de Yaya Dillo à la présidentielle.

Des troubles avant l’élection

Ces troubles au siège du renseignement puis au QG du parti d’opposition se sont produits au lendemain de l’annonce du calendrier de l’élection présidentielle au Tchad, dont le premier tour aura lieu le 6 mai. Ces élections annoncent ainsi la fin d’une période de transition militaire de trois ans. Le 20 avril 2021, le général Mahamat Idriss Déby avait été proclamé par l’armée président de la transition, à la tête d’une junte de 15 généraux, après la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en se rendant au front, selon la junte. Il avait immédiatement promis de rendre le pouvoir aux civils en organisant des élections après 18 mois et assuré plus tard qu’il ne s’y présenterait pas, mais l’échéance avait finalement été repoussée de deux ans.

Jeudi, la situation reste incertaine dans les rues de N’Djamena. Des barrages routiers et une forte présence militaire sont toujours en place autour du QG du Parti socialiste sans frontières (PSF), a constaté l’AFP. Les écoles du centre-ville sont restées fermées jeudi et l’accès à la présidence de la République est pour le moment bloqué. Le représentant de l'ONU en Afrique centrale a indiqué mercredi dans un communiqué suivre "avec une vive préoccupation les évènements" et appelle "tous les acteurs au calme et à la retenue" au Tchad, en cette "dernière étape de sa transition politique".

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