Avant ASM Clermont - Oyonnax, voilà comment le manager d'«Oyo», Joe El Abd, a été influencé par Christophe Urios
Nous sommes au mois de mai dernier. Après un incroyable parcours en Pro D2, Oyonnax accède à nouveau au plus haut échelon national en battant Grenoble en finale du championnat de France de Pro D2. Quelques heures après la rencontre, le manager Joe El Abd reçoit un texto de Christophe Urios pour le féliciter. Un simple message témoignant de la loyauté indéfectible entre les deux techniciens.
Frédéric Charrier a travaillé à leurs côtés à Oyonnax (2014-2015) puis à Castres (2015-2019). Et l’actuel entraîneur de l’attaque clermontoise connaît mieux que quiconque les liens qui les unissent.
« Quand il a commencé son aventure de manager principal à Oyonnax (en 2019), je sais que Joe et Christophe s’appelaient souvent. Il l’a vraiment aidé pour démarrer cette nouvelle carrière. Il y avait suffisamment de confiance et de proximité entre eux pour échanger sur différents sujets qu’ils pouvaient rencontrer chacun de leur côté et sur lesquels ils pouvaient avoir des problèmes. »
Des qualités de leadership naturellesCette capacité à diriger les hommes, Joe El Abd l’avait en lui depuis bien longtemps. Mais c’est en arrivant à Oyonnax en tant que joueur en 2012 que l’Anglais l’a réellement mise en valeur. Sous l’impulsion de Christophe Urios alors manager du club du Haut-Bugey. À cette époque, « Oyo » est encore en Pro D2. Le troisième ligne aile débarque de Toulon et prend immédiatement le leadership dans le vestiaire. Le groupe montera en Top 14 à l’issue de la saison.
« Il a rapidement montré du leadership naturel en s’investissant beaucoup dans la construction de l’équipe et du projet. On l’a très vite nommé capitaine de l’équipe. Cela s’est fait de façon naturelle. Il avait déjà cette capacité de rassembler autour de lui. La connexion avec Christophe (Urios) s’est faite rapidement », se souvient Frédéric Charrier.
« Cela ne faisait aucun doute qu’il finirait entraîneur, complète l’ancien deuxième ligne d’Oyonnax et de Castres Thibault Lassale. Christophe (Urios) l’avait fait venir pour ses capacités de leader. Il prenait part à beaucoup de décisions sur la vie du club. Il s’investissait énormément sur la touche et sur la cohésion de l’équipe. »
Après deux saisons à être le relais de Christophe Urios sur le terrain, Joe El Abd a donc logiquement pris la direction du banc de touche. En compagnie de Frédéric Charrier, l’ancien joueur assistera le manager pendant cinq saisons. Du Haut-Bugey à Castres, l’Anglais va s’inspirer de son mentor et notamment dans tout ce qui est rapport humain. « La capacité de Christophe à fédérer un groupe et à créer de la cohésion autour de l’investissement des hommes autour d’un projet est une chose qui a inspiré Joe dans sa mission à Oyonnax. »
Thibault Lassale fut lui en prise directe avec le manager El Abd lorsqu’il est revenu porter le maillot « rouge et noir » de 2019 à 2022. Et pour l’ex-joueur, les deux techniciens se sont inspirés l’un de l’autre. Le côté anglo-saxon ayant aussi apporté des choses à l’actuel entraîneur de l’ASM.
Une influence réciproque« Les deux possèdent beaucoup de similitudes. Ce sont d’abord de gros travailleurs. Mais je pense qu’ils se sont influencés mutuellement. Joe a beaucoup appris de Christophe de sa façon à parler aux hommes. C’est là où il est le meilleur. Dans cette capacité de construire un groupe qui s’apprécie. Et Joe s’est inspiré de cela. En revanche, il a beaucoup bousculé Christophe dans la façon dont on s’entraîne et dont on joue au rugby. Au début, c’était encore un peu à l’ancienne avec des entraînements longs et durs. Christophe faisait un peu les choses au feeling. Quand il sentait que l’on n’était pas bon, on pouvait faire des entraînements de deux heures, qu’il vente ou qu’il neige. Je pense que Joe lui a apporté une nouvelle façon de travailler. Il bosse énormément avec les datas. Christophe, des fois, il s’en foutait un peu (rires). Mais cela est aussi dû à leur âge. »
Les deux techniciens auront l’occasion de confronter leurs visions des choses, ce samedi (17 heures) au Michelin. Mais après la confrontation, place à la communion. Car entre Joe El Abd et Christophe Urios, c’est avant tout une histoire d’hommes qui s’apprécient. Les textos devraient encore être de mise.
Arnaud Clergue