Qui sont les six athlètes nés dans l'Allier et médaillés aux Jeux Olympiques ?
L’Allier, berceau de futurs médaillés olympiques ? On n’ira peut-être pas jusque-là. Mais tout de même. En cette année des Jeux de Paris, un Bourbonnais passionné s’est emparé du sujet. Président de l’Association voyage au cœur de l’olympisme (AVCO), dont le siège est à Montluçon, Fabrice Bourgoin a farfouillé dans les archives.
Il s’est cantonné aux sportifs natifs du département qui furent dorés, argentés ou bronzés au cours des précédents Jeux Olympiques d’Été. Uniquement ceux d’Été, donc ni ceux d’Hiver, ni les Paralympiques. Et ce, depuis les JO de 1896 à Athènes, actant l’entrée dans l’ère moderne. Trois années de recherches plus tard (détails en fin d'article), il en a ressorti six noms. Honneur aux anciens.
Léon Thome (Néris-les-Bains) - ÉquitationUn grand Thome, ce Léon, né le 15 juillet 1857 à Néris-les-Bains et décédé le 14 avril 1925 à Paris. C’est justement dans la capitale française, lors de Jeux de 1900, pour sa première et seule participation, qu’il se distingua en remportant la médaille d’argent sur le concours d’attelage à quatre chevaux, dans la discipline de la conduite équestre.
Il faut dire que l’équitation fut son dada. Propriétaire et éleveur équin en Seine-et-Marne, dans la commune de Voinsles dont il a été maire, Léon Thome, avocat de profession, a notamment créé un grand haras au château de Blandureau, dans une ville voisine de Voinsles. Là, il contribua à l’introduction de la race chevaline Hackney en France. Lauréat de nombreux concours hippiques, dont ceux de Paris et Londres, cet émérite cavalier bourbonnais fut fait Chevalier de la légion d’honneur en 1908.
Gaston Seigner (Moulins) - ÉquitationRestons en selle pour présenter le deuxième larron. Né à Moulins le 22 avril 1878, et décédé à Locre (Belgique) le 26 avril 1918, Gaston Seigner a lui aussi brillé en sports équestres. En 1912, à Stockholm, pour ce qui seront également ses uniques Jeux, il se pare à son tour d’argent en finissant deuxième du concours de saut d’obstacles par équipes, avec la France… Et surtout avec Cocotte, sa monture. Mais Gaston était aussi du genre à cavaler avec Dignité, autre cheval, sur lequel il s’est classé dixième en dressage individuel, quatorzième du concours complet individuel, et quatrième par équipes avec ses acolytes tricolores.
Hélas, six ans plus tard, ce militaire de carrière, capitaine au quatrième régiment de Dragons, décède au combat durant la Première Guerre mondiale. Il est tué par un éclat d’obus sur le front belge, en Flandre occidentale. Titulaire de la croix de guerre, marié et père de cinq enfants, il aura essentiellement vécu entre l’Indre-et-Loire et l’Île-de-France.
Maurice Germot (Vichy) - TennisCet enfant de la balle a vu le jour le 15 novembre 1882 à Vichy, où il est également décédé le 6 août 1958. Il a pris part trois fois aux Jeux en tennis, à Paris en 1900, à Londres en 1908 et à Stockholm en 1912. Mais c’est uniquement sur ces derniers qu’il a performé, en devenant champion olympique du double messieurs avec André Gobert.
En parallèle, Maurice Germot, surnommé « Fifi », a été triple champion de France de simple, en 1905, 1906 et 1910. Mais surtout décuple champion en double, avec son partenaire et rival Max Decugis. De petite taille, il excellait à la volée ou au lob, ce qui faisait effectivement de lui un solide joueur de double. Représentant la France à trois reprises en Coupe Davis, il a en outre été quart-de-finaliste en simple à Wimbledon en 1914.
Ayant grandi rue d’Alquié à Vichy, Maurice Germot était issu d’une famille propriétaire d’hôtels. En parallèle de son sport, il fut lui-même actionnaire de la Société des Grand Hôtels, dans la cité thermale, ainsi que directeur-général des Sociétés Aletti. Enterré au cimetière vichyssois, une rue de la ville porte aujourd’hui son nom, perpendiculairement au boulevard du Sichon.
Armand Blanchonnet (Gipcy) - CyclismeLe king de Gipcy, c’est bien lui. Il naît le 23 décembre 1903, dans ce village situé entre Montluçon et Moulins, et décède le 17 septembre 1968 à Cernay-la-Ville (Yvelines). Celui que l’on surnommait « le phénomène » sur un vélo, s’est paré d’or non pas une, mais deux fois. C’est durant sa seule participation aux JO, en 1924 à Paris, voilà cent ans, qu’il fut sacré double champion olympique de cyclisme sur route.
D’abord lors de l’épreuve individuelle, un contre-la-montre de 188 km en région parisienne, au départ et à l’arrivée du stade Yves-du-Manoir de Colombes. Avec ses ravitaillements dans le dos et ses pneus ou chambres à air de rechange autour du cou, Armand Blanchonnet est arrivé premier sur soixante-et-onze engagés, après 6h20’48 d’efforts. Et quelques jours plus tard, il a remis au contre-la-montre des nations, en équipe, avec la France. Sur le même parcours, au cumul des temps des quatre coureurs de chaque pays, les Bleus ont triomphé en 19h30’14, seize minutes devant la Belgique. Et c’est de nouveau le Bourbonnais qui a réalisé le meilleur chrono.Armand Blanchonnet, frais et souriant, au stade Yves-du-Manoir de Colombes, après l'arrivée de la course sur route qu'il vient de remporter, aux Jeux Olympiques de 1924 © Document Bernard Duplaix
Mécanicien puis expert automobile, Armand Blanchonnet a grandi et a passé la majeure partie de sa vie en Île-de-France. Chez les amateurs, il a remporté le championnat de France militaire en 1924, puis le championnat de Paris en 1926. Avant de passer professionnel et de devenir champion de France sur route en 1931. "Une souplesse innée sur la pédale. Un être tombé d’une autre planète", disait de lui son coéquipier André Leducq, double vainqueur sur le Tour de France en 1930 et 1932.
Didier Boubé (Vichy) - Pentathlon moderneNé le 13 février 1957 à Vichy et aujourd’hui âgé de 67 ans, voilà un athlète cinq en un. Spécialiste du pentathlon moderne (escrime, natation, équitation, tir au pistolet et course à pied), Didier Boubé a glané une médaille de bronze en équipe dans cette discipline aux Jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles, les seuls qu’il ait disputés. Avec ses compatriotes français, Paul Four et Joël Bouzou, il s’est classé troisième derrière l’Italie et les États-Unis. Sans oublier une dixième place lors de l’épreuve individuelle.
Membre du club de l’US Métro Transports à Paris, le pentathlète a aussi été trois fois champion de France, en 1978 chez les juniors, puis en 1984 et 1985 chez les seniors. Enfin, Didier Boubé fut durant treize ans, de 2007 à 2020, entraîneur national du Pôle France au Creps d’Aquitaine.
Stéphane Risacher (Moulins) - BasketOn termine en grande(s) pompe(s) avec Stéphane Risacher… 2,03 m. Né à Moulins le 26 août 1972, il va donc sur ses 52 ans. Lui, c’est aux JO de 2000 à Sydney que l’argent a fait son bonheur, avec l’équipe de France de basket-ball. Menés par Laurent Sciarra et Antoine Rigaudeau, les Bleus ont cédé en finale (75-85) face aux États-Unis de Ray Allen, Vince Carter ou Kevin Garnett. Les quinze points marqués par Risacher n’auront pas suffi.
Qu’à cela ne tienne. Celui qui a joué au club de la JA Vichy lors de la saison 1988-1989, possède néanmoins un riche palmarès : champion de France de Pro B avec Lyon, de Pro A avec le PSG Racing, d’Espagne avec Malaga, 123 sélections au sein de l’équipe de France… Retraité des parquets depuis 2010, Stéphane Risacher est maintenant établi sur Lyon. Il s’est reconverti en tant qu’agent de joueurs, puis créateur d’une entreprise de matériel de renforcement musculaire.
La démarche. "Dans le cadre d’un projet d’exposition en cours d’écriture, on a retrouvé la liste des 1.266 athlètes français qui ont remporté une médaille aux Jeux Olympiques d’Été, depuis ceux d’Athènes en 1896 jusqu’à Tokyo en 2021", relate ainsi le Montluçonnais Fabrice Bourgoin, patron d'une agence de communication spécialisée dans la création d'expositions sur le sport, et également président de l'Association voyage au cœur de l'olympisme (AVCO). "Sur ces textes figuraient les villes de naissance et de décès". Bingo. "De là, j’ai parcouru tous les papiers, je me suis aperçu qu’ils étaient six à être nés dans l’Allier, puis j’ai cherché des informations sur chacun".Armand Blanchonnet en pleine ascension.La suite. Trois ans d’investigations plus tard, il en arrive au résultat présenté ci-dessus. Mais pour en faire quoi, outre cet article ? "Ça pourrait faire l’objet d’une grande exposition, en la complétant un peu", avance Fabrice Bourgoin. "Pour le moment, il n’y a que les médaillés des Jeux Olympiques d’Été qui sont nés dans le département", rappelle-t-il. "Donc on pourrait élargir aux Jeux d’Hiver et aux Paralympiques. Voire à celles et ceux qui ne sont pas originaires du Bourbonnais, mais qui y ont longtemps vécu". Le souci, "c’est que les communes de résidence ne sont pas mentionnées". Voilà qui rendrait ces recherches "beaucoup plus compliquées pour retrouver des gens, surtout sur les olympiades les plus anciennes"… Tel est le revers de la médaille.Fabrice Bourgoin, patron de l'agence Atout Graphisme à Montluçon
Texte : Luc BarreDocuments : Bernard Duplaix et Frabrice BourgoinPhoto : archives Florian Salesse