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Le barrage de la Sep irrigue la Limagne depuis 30 ans : quelles solutions pour assurer son avenir ?

Les pluies de ces jours derniers ne peuvent pas avoir fait de mal : le barrage de la Sep, à Saint-Hilaire-la-Croix, aura l’eau suffisante pour la mission qu’il assure depuis trente ans désormais : permettre l’irrigation des cultures qui se trouvent en aval, dans la Limagne. Aujourd’hui, ce sont 200 exploitations qui sont raccordées au réseau alimenté par l’eau de la Sep. « Sans le barrage, sur tout le secteur de la haute Morge, il n’y en aurait pas eu la moitié », affirme Michel Cohade, agriculteur à Saint-Bonnet-près-Riom et président du Syndicat mixte d’aménagement de la Haute-Morge.

Pour remplir ses fonctions, le barrage a néanmoins dû évoluer. Un dispositif appelé « Sep 2 », a notamment été installé au début des années 2000 pour pomper de l’eau en aval, dans la Morge, et faciliter le remplissage de la retenue. Aujourd’hui, le syndicat réfléchit encore à une solution pour l’avenir : la rehausse du barrage pour augmenter sa capacité. L’eau, ici comme ailleurs, est une ressource sur laquelle il faut miser pour l’avenir.

Des cultures à forte valeur ajoutée

Les sécheresses des années 1976, 1990 et 1991 avaient marqué les esprits. Dans la Limagne, où poussent des cultures à forte valeur ajoutée, telles que le maïs semence, le tournesol semence, les légumineuses ou le tabac, la question de l’irrigation était une préoccupation déjà largement partagée. « On avait peur de ne pas pouvoir arroser avec l’eau de l’Allier ou d’ailleurs. Il fallait de l’eau. On faisait déjà des cultures spécialisées. Mais sans irrigation, on n’aurait pas pu continuer : nous avions trop peu de rendement […]. Le tabac mûrissait mal. Il n’y avait ni la qualité ni la quantité », rappelle Michel Cohade.

La particularité du barrage de la Sep est que la masse est faite en béton compacté roulé (BCR).

« Sur la Morge,  ça aurait été plus compliqué. Mais  ça aurait été plus confortable. »L’idée de la création de retenues d’eau est en chemin. Une lagune de 120.000 mètres cubes, alimentée l’hiver par le Chambaron, est aménagée en 1989 à Saint-Bonnet-près-Riom, en bordure de l’autoroute. Puis vient le barrage, dans le vallon du Sep, à Saint-Hilaire-la-Croix.

« Sur la Morge, ça aurait été plus compliqué. Mais ça aurait été plus confortable. On aurait eu 10 à 15 millions de mètres cubes qui auraient pu servir à d’autres usages. »

Quel avenir ?

Financé à près de 90 % par l’Etat, l’agence de bassin et le département, ce barrage représente à l’époque un investissement de près de 50 millions de francs HT (environ 11,2 millions d’euros aujourd’hui).

Si le barrage a 30 ans cette année, quel est son avenir ? L’année 2019 – au cours de laquelle la campagne d’irrigation n’a pas pu être menée à son terme en raison d’un niveau d’eau exceptionnellement bas – a marqué les esprits. En raison de la petitesse du bassin-versant de la Sep, le petit ruisseau qui alimente la retenue, le remplissage peut être compliqué. C’est d’ailleurs pour pallier cette faiblesse que le système « Sep 2 » a été aménagé : lorsque le débit de la Morge le permet, l’eau de la rivière est pompée en aval et remontée dans la retenue.

Le barrage de la Sep, à Saint-Hilaire-la-Croix, affiche un niveau d'eau préoccupant à la sortie de l'hiver

500.000 mètres cubes supplémentaires en vue

Est-ce assez ? Les perturbations, dans le sillage du réchauffement climatique, incitent à l’anticipation. L’année 2019 a laissé des traces : l’eau n’a pas été suffisante pour assurer l’irrigation en aval pendant toute la saison. Et la retenue s’est retrouvée à sec, au point que les promeneurs pouvaient parcourir le fond à pied. Pour éviter qu’une telle situation ne se produise à nouveau dans les années à venir, les exploitants du barrage réfléchissent doucement à l’idée d’une rehausse. « Une élévation de 1,5 mètre permettrait de gagner 500.000 mètres cubes de réserve », calcule Michel Cohade.

Par ailleurs, comme de nombreuses structures du monde agricole puydômois, le syndicat mixte d’aménagement de la Haute-Morge scrute avec attention l’avancée des projets de grandes bassines de 15 et 18 hectares à Bouzel et Saint-Georges-ès-Allier, prévues pour irriguer 800 hectares de terres en Limagne. Ces réalisations pourraient ouvrir des possibilités.

Jean-Baptiste Ledys

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