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Ursula von der Leyen au Groenland : pourquoi l’UE lorgne sur ce territoire autonome danois

Le communiqué de la Commission européenne, publié mercredi, est plutôt sobre, pour ne pas dire discret sur les objectifs du déplacement d'Ursula von der Leyen dans le nord de l’Europe. La présidente de la Commission européenne se rend ce jeudi à Tórshavn, la capitale des Îles Féroé, où elle rencontrera le Premier ministre, Aksel Vilhelmsson Johannesen, ainsi que la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a indiqué la Commission européenne.

Ursula von der Leyen et le Premier ministre des îles Féroé devraient à cette occasion "signer une déclaration sur le renforcement de la coopération entre l’UE et les îles Féroé". Les trois dirigeants rencontreront par ailleurs des représentants d’une entreprise visant à cultiver des algues afin d’absorber le carbone et atténuer le changement climatique. Ils visiteront également les installations d’un producteur d’énergie renouvelable.

Mette Frederiksen et Ursula von der Leyen, qui brigue un second mandat en tant que présidente de l’organe exécutif de l’UE, poursuivront leur déplacement au Groenland vendredi, où ils rencontreront à Nuuk le Premier ministre, Múte Bourup Egede. Les temps forts de cette visite dans ce territoire autonome du Danemark devraient être la signature, par les trois dirigeants, d'accords dans les domaines de l’éducation et de l’environnement, ainsi que la création d’un bureau de la Commission européenne au Groenland.

L’importance stratégique du Groenland

Bien qu’elle ne fasse pas partie de l’UE, la plus vaste île du monde intéresse fortement Bruxelles, notamment pour ses matières premières très recherchées comme le fer, le zinc, le plomb, le cuivre ou l'uranium. Le Groenland estime disposer de 25 des 34 dont l'UE a besoin, rappelle le journal britannique The Guardian. La fonte des glaces de l’Arctique, la demande de matières premières issues des technologies vertes et la concurrence de la Chine, de la Russie et des Etats-Unis augmentent l’importance stratégique du Groenland.

Ces enjeux importants sont évoqués de manière subreptice par la Commission européenne dans son communiqué : "Les visites de la présidente von der Leyen soulignent l’engagement de l’UE à investir dans une région arctique durable, prospère et pacifique." Ce déplacement intervient quelques mois après que la Commission européenne a signé un partenariat avec le Groenland, en novembre 2023.

Interrogé par le Guardian, Tomas Baert, conseiller spécial d'Ursula von der Leyen pour le commerce et les partenariats internationaux, rappelle que le Groenland dispose de terres rares et de métaux dont il a besoin pour sa transition verte. "Il est extrêmement important d’avoir des partenaires capables de transformer, de produire et d’extraire ces matières premières essentielles. Mais nous le faisons fondamentalement dans un esprit gagnant-gagnant", affirme-t-il au quotidien britannique.

"Nous ne cherchons pas simplement à extraire et exploiter"

Les 25 matériaux recherchés par l’UE font que le Groenland dispose d’un "potentiel énorme" dont "il s’agit désormais d’en faire une réalité", poursuit ce conseiller. Selon Tomas Baert, l’approche de l’UE se fait dans le "plein respect" de ce territoire autonome du Danemark. "Nous ne cherchons pas simplement, disons, à extraire et à exploiter. D’autres dans le monde font de même", comme la Chine, déclare-t-il.

Selon le conseiller spécial d’Ursula von der Leyen pour le commerce et les partenariats internationaux, ce voyage revêt également un intérêt "géopolitique". Le message adressé au Groenland ? "Même si vous ne faites pas partie de l’Union européenne, vous êtes une partie de l’Europe." Auprès du Guardian, Tomas Braet salue par ailleurs l’alignement du Groenland sur la plupart des sanctions de l’UE contre la Russie. "Nous voulons vraiment faire passer notre relation [avec le Groenland] à un niveau supérieur", souligne-t-il.

Ce voyage intervient à un moment critique pour les relations du Danemark avec le Groenland, dans un contexte de mouvement indépendantiste croissant. L’indignation est également suscitée par l'affaire des 4 500 femmes et filles qui auraient été équipées de stérilets sans leur consentement ou à leur insu par des médecins danois dans les années 1960 et 1970 afin de réduire la natalité au Groenland. Un groupe de 143 femmes nées au Groenland ont porté plainte le 4 mars contre l’État danois qui avait discrètement organisé cette campagne.

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