Comment cette entreprise thiernoise incite ses salariés à se mettre en selle

Encore confidentiel, l’usage du vélo pour se rendre au travail est une réalité pour certains salariés du bassin de Thiers dans le Puy-de-Dôme. Comme à Wichard dans la zone du Felet.

Le crachin matinal ne l’a pas découragé. "J’utilise le vélo électrique la moitié de l’année quand il ne fait pas trop froid, pas de verglas ou trop de pluie." Magasinier dans l’entreprise Wichard, à Thiers, Jordan Caliste n’a pas hésité trop longtemps lorsque l’entreprise lui a proposé de lui mettre à disposition un vélo électrique sous forme de prêt gratuit, en mai 2023. "J’en avais fait la demande, pour moi c’est une question d’économie." Sans véhicule, le trentenaire embauché en CDD y a vu l’opportunité de se déplacer sans la contrainte des horaires des transports en commun. "Et puis ça entretient, car même avec l’électrique il faut pédaler, surtout à Thiers", sourit le salarié qui a récemment emménagé rue de Lyon, en haut de la ville.

Et pour se rendre zone du Felet, Jordan a son itinéraire, de 15 minutes environ : avenue des États-Unis puis direction le Fau jusqu’à la zone industrielle, aux abords de l’autoroute.

Loués au SMTUT et prêtés à titre gracieux

C’est ici que se trouve le point noir, que tout se complique. Sans voie cyclable, c’est au petit bonheur la chance alors que la circulation est dense sur la D906, à l’heure d’embaucher. "J’emprunte le rond-point du Felet et je roule ensuite sur le trottoir jusqu’au portail de Wichard, à une centaine de mètres. Il faut longer la départementale avec toutes les voitures mais les automobilistes sont quand même respectueux", développe de son côté Jean-Claude Bui, un autre salarié, habitant le village de Tamier dans le bas de Thiers.

Lui aussi s’est mis au vélo électrique pour une raison précise.

Laisser la voiture au garage et se maintenir en forme. Et depuis je fais même mes courses à pied alors que je prenais systématiquement ma voiture. 

Comme Jean-Claude et Jordan, les employés Wichard ne sont pas légion à avoir troqué la pédale d’accélérateur contre celles du deux-roues : trois salariés seulement. "Je pense que c’est à cause de problème de sécurité sur la zone du Felet, lorsqu’il y aura une véritable voie cyclable, les habitudes changeront", prédit Jean-Claude.

Pas tout à fait de l’avis de Jordan qui estime quant à lui que les employés ont du mal à sortir de leurs habitudes : "Il y a le confort de la voiture."

Un bon coup de com'

Pour inciter ses salariés à franchir le pas, Wichard (*) a pourtant déroulé le tapis rouge. Loués 100 € l’unité auprès du Syndicat mixte des transports urbains du bassin Thiernois (SMTUT) pour une période de trois mois renouvelables, les vélos électriques sont mis disposition, sans contrepartie financière des employés avec le matériel adapté : gilet, casque, etc. "Il leur est simplement demandé de ne pas utiliser le vélo dans le cadre privé, pour des raisons d’assurance", explique Robin Lamarque, animateur qualité hygiène sécurité et environnement chez Wichard.

L’entreprise ne s’en cache pas, une telle politique axée sur les mobilités douces participe à leur "bonne" image. "Lors d’un entretien d’embauche, ça compte." 

Les intentions et les dispositifs sont là, reste maintenant à convaincre pour que la pratique vertueuse se développe. Il faudra sans doute ramer un peu à défaut de pédaler dans l’immédiat.

(*) Wichard, Brüggen et l’Atrium sont pour l’heure les seules structures thiernoise à mettre à disposition des vélos SMTUT à leurs salariés.

Yann Terrat

Zone du Felet : "Frein" pour le développement de la mobilité douce dans la zone du Felet où travaillent chaque jour des centaines de salariés, la circulation motorisée et sa dangerosité relative pour les vélos et piétons est en passe d’être contournée. Fin 2024, les travaux pour l’édification d’une voie verte en partance de l’actuelle aire de covoiturage à l’entrée de l’autoroute pourraient démarrer. Ce nouvel axe desservant les entreprises du Felet (pour piétons et cyclistes) sera réalisé en lien avec l’aire de covoiturage totalement repensée, dont Vinci à la charge. En parallèle, une piste cyclable dans la zone pourrait se dessiner à l’horizon 2025. Son point d’entrée se situerait face au chemin de Baruptel, rue du Pré de la pie au niveau du Centre historique du monde des sapeurs pompiers. Un passage sécurisé permettrait de traverser la D906.