Que nous apprend le rapport 2023 du SNEP sur le marché de la musique enregistrée en France ?
Comme chaque année, le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) passe au crible le marché français de la musique enregistrée. Bonne nouvelle soulignée d’emblée par ses membres (producteur·rices, éditeur·rices, distributeur·rices) : il a progressé en 2023 – et ce, pour la septième année consécutive –, pouvant se targuer d’un chiffre d’affaires de près de 970 millions d’euros. Soit une hausse de 5,1 % depuis 2017.
Contre toute attente, la vente de supports physiques (CD et vinyles notamment) reste stable, représentant un quart des ventes à ce jour. L’usage numérique (dominé par les plateformes de streaming) progresse, quant à lui, de près de 9 % et équivaut ainsi aux trois quarts restant des ventes annuelles. Un constat “satisfaisant”, dixit le syndicat.
Enjeux
Pour autant, le SNEP regrette que le numérique – qu’il décrit comme un marché “loin d’être parvenu à maturité” – ne grandisse pas assez vite par rapport à celui des autres pays, avec 12 millions d’abonnements sur les plateformes dans l’Hexagone en 2023.
“Le développement du streaming payant est un enjeu de taille dans un contexte inflationniste”, avance-t-il, à l’heure où Spotify annonce une augmentation de ses tarifs… Et souligne la concurrence des autres offres audiovisuelles, de même que le rôle de TikTok. Un réseau social où la musique est prégnante sans qu’elle soit “[rémunérée] à la hauteur de cette contribution”, déplore le syndicat, et dont les vidéos “détournent désormais l’attention des fans des services de streaming audio, lesquels sont pourtant de loin la principale source de revenus des artistes et des producteurs”.
Rayonnement tricolore à l’international
Malgré tout, un point positif se dessine : la musique des artistes francophones rayonne à l’international, quel qu’en soit leur répertoire. À en croire le fameux rapport, 17 des 20 meilleures ventes d’albums en 2023 ont été produits en France, ce qui représenterait les trois quarts du top 200. Parmi les artistes qui se fraient une place dans ce top : Tiakola (à la quatrième place), Jul, Gazo, Grand Corps Malade, Johnny Hallyday, Aya Nakamura (seule femme présente dans les 20 premières places dudit classement), Zaho de Sagazan… Un palmarès à dominante rap, hip-hop et R’n’B, relève toutefois le SNEP.
Si le syndicat se réjouit du succès de ces musicien·nes français·es, il ponctue le rapport d’une inquiétude : “Au-delà de la capacité d’adaptation permanente des labels pour répondre à la galaxie des formats et des usages, l’enjeu majeur auquel est confronté la musique aujourd’hui est celui de l’intelligence artificielle”, affirme-t-il.
Et son directeur général, Alexandre Lash, de conclure : “L’IA est une révolution déjà en marche pour l’aide à la création et à la diffusion des œuvres. C’est un outil formidable dès lors qu’elle est utilisée dans un environnement éthique : la transparence sur l’utilisation des contenus est essentielle pour créer de la valeur et garantir le consentement des artistes.”