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Controverse, incompréhension : le discours de Jonathan Glazer aux Oscars fait débat

Lauréat de deux trophées lors de la 96e cérémonie des Oscars, le réalisateur de “La Zone d’intérêt” a prononcé un discours éminemment politique avec des références aux victimes du 7 octobre et de Gaza. Ses mots ont au mieux été commentés, mais surtout mal compris.

Grand Prix au Festival de Cannes, succès au box-office français (plus de 700 000 entrées à ce jour), et maintenant deux Oscars, du Meilleur son et du Meilleur film international. Par son dispositif de (non-)mise en scène du camp d’Auschwitz et sa réception, La Zone d’intérêt était l’une des réussites politiques de ce début d’année. Lorsqu’il est monté sur scène récupérer l’Oscar du Meilleur film étranger, Jonathan Glazer a délivré un discours dans la continuité du propos de son film, s’appliquant aussi au temps présent, choisissant des mots qui ont suscité de nombreuses réactions.

Interprété de toute part

Accusé d’irresponsabilité ou encore de “réfuter sa judéité”, Check News, l’instrument de vérification des faits du quotidien Libération, a précisé la teneur des propos du cinéaste. Ce dernier a commencé par dire que “Notre film montre là où a pu mener la déshumanisation la plus terrible. Et cela a forgé notre passé et notre présent. Aujourd’hui, nous nous tenons devant vous comme des hommes qui refusent que notre judéité et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d’innocents.” Avant d’ajouter : “Qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de celles des attaques incessantes qui se déroulent à Gaza, elles sont toutes des victimes de cette déshumanisation. Comment résiste-t-on ?”

Parmi les réactions dubitatives à l’égard de ce discours, László Nemes, réalisateur du Fils de Saul (autre film sur les camps, également récompensé de l’Oscar du Meilleur film International, en 2016), qui s’est exprimé dans les colonnes de Variety. Il a déclaré beaucoup aimer le film de Glazer, et même estimé que c’était un film important, avant d’ajouter : “Lorsque vous réalisez un film de ce type, vous avez une responsabilité à assumer. M. Glazer n’a manifestement pas pris la mesure de cette responsabilité, notamment en ce qui concerne la destruction des Juifs d’Europe. Et il est consternant que l’élite du cinéma l’applaudisse pour cela.”

Décidément, la question de la mise en scène de l’extermination des juifs d’Europe depuis les apports de Claude Lanzmann suscite un intérêt et des débats toujours aussi intacts.

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