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L'artiste canadien Jeremy Shaw tend « une ligne entre le ciel et la terre » au centre d'art de Vassivière

L'artiste canadien Jeremy Shaw tend « une ligne entre le ciel et la terre » au centre d'art de Vassivière

Le Centre International d'Art et du Paysage de Vassivière accueille l'exposition " Maximum horizon ", consacrée au travail du plasticien canadien Jeremy Shaw, jusqu'au 23 juin.

Né à Vancouver en 1977 au Canada, Jeremy Shaw vit et travaille à Berlin. Plusieurs expositions individuelles ont été consacrées à l'artiste au au Centre Pompidou et au MoMa PS1 à New York. Il a également participé à la 57ème Biennale de Venise et Manifesta 11, à Zurich. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections publiques à travers le monde.

 

 Qu'est-ce que l'horizon ? Une limite entre le ciel et la terre, une ligne dans le lointain où les deux semblent se fondre l'un dans l'autre.  Un éloge de l'effacement, ou plutôt un mirage fait d'images fictives qui paraissent renvoyer à une réalité tangible. Autant d'aspects qu'abordent les œuvres  de Jeremy Shaw, présentées dans le cadre de l'exposition "Maximum Horizon" qui se tient jusqu'au 23 juin au Centre International d'Art et du Paysage de Vassivière.Exposition Maximum Horizon de Jeremy Shaw au Centre International d'art et du Paysage de Vassivière, Jeremy Shaw et Alexandra McIntosh, photo Bruno Barlier

 Dans le ventre de l'architecture 

 

Partons à la découverte de cette grande structure rectangulaire installée à l'entrée du Centre d'art pour présenter l'exposition, qui se retrouve dans la nef du lieu, non plus en affiche mais en métal. Une ligne d'horizon que l'artiste ne présente plus à l'horizontale mais à la verticale. Une grille de lignes formant deux plans constitués de différentes couleurs qui s'éloignent des bords de la structure pour se rapprocher de son centre.                                                                                                                                                                                                                                                      Un vitrail fortement éclairé, dont la forme et les couleurs sont projetées sur le mur de la nef, face à nous. Une image en mouvement qui progressivement s'assombrit à mesure que l'intensité de la lumière baisse. Une œuvre immersive qui transforme la nef en cathédrale. Comme pour signifier que nous serions arrivés tout à coup dans le "ventre" de l'architecture même du lieu.                                       

 Nous voici amenés à nous fondre dans cet espace créé par les architectes Aldo Rossi et Xavier Fabre, autant qu'à le refondre, à la croisée d'autres questionnements philosophiques, anthropologiques, scientifiques ou sociologiques. Cet espace d'exposition est ouvert à la lumière naturelle. Celle -ci est projetée, transformée. Et se combine à la lumière artificielle en s'accordant organiquement au lieu. Sans point final, dans le vortex de sa représentation, ce prisme de couleur va jusqu'à transfigurer le Centre d'art en objet virtuel propre à stimuler encore davantage notre imagination.

 Un voyage en forme de fuite 

Exposition Maximum Horizon de Jeremy Shaw au Centre International d'art et du Paysage de Vassivière, This Transition Will Never End, photo Bruno Barlier

Le parcours confronte le visiteur à une distorsion temporelle spécifique à la science-fiction,  notament au travers de l'installation vidéo présentée dans le petit théâtre. Et lui propose un voyage en forme de fuite, sans fin.                                   Puis il y a cette sculpture présentée dans le phare, où l'artiste fait une nouvelle fois référence au lieu de culte, en disposant des bougies LED disposées sur une structure métallique rappelant les supports de bougies votives.

 La création permanente 

Exposition Maximum Horizon de Jeremy Shaw au Centre International d'art et du Paysage de Vassivière, There in Spirit, photo Bruno Barlier

Autant d'espaces vulnérables, qui visent à atteindre la transcendance, à mesure que les choses disparaissent pour mieux revenir à nous. Un monde qui se perd donc dans sa création permanente. Un vortex dont il sera difficile de sortir, puisqu'il s'agit du cycle de la vie et de la mort. Mais aussi de notre présent, comme de notre avenir. 

                                                                                                                                                Une forme du temps qui s'organise naturellement en suivant l'hypothèse de l'exposition : celle de la spirale, ou plutôt de l'escalier en forme de spirale, qui nous permet de grimper au sommet du phare du Centre d'art. Et d'être saisi d'une angoisse grandissante à mesure que l'on gravit les marches, en étant progessivement attiré par la profondeur du vide.     

                                                                                                                                                  Un vortex qui devient l'objet de nos désirs en annulant la distance qui nous sépare du vide. Comme si l'espace allait glisser sur lui-même, reculer en avançant simultanément, brouillant le proche et le lointain pour que les distances puissent s'écraser sur un seul plan, celui de l'exposition toute entière.   

 Un vortex encore qui enroule une histoire en boucle dans un jeu d'échos métaphorique, qui nous envoie nous promener sans cesse d'une proposition à une autre de l'artiste. Et c'est là toute la force de cette exposition :  si la lumière et les lignes qui la composent vont dans la même direction, à aucun moment elle nous enferme dans une quelconque forme déterminée.

Bruno Barlier

 

 

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