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Espace Schengen : pourquoi la Bulgarie et la Roumanie ne font qu’une entrée partielle

Après treize ans d’attente, la Roumanie et la Bulgarie font officiellement leur entrée, ce dimanche 31 mars, dans l’espace de libre circulation européen. Du moins, en partie seulement, puisque les contrôles aux frontières terrestres seront maintenus. L’Autriche, seul pays de l’Union européenne ayant mis son veto, dit craindre un afflux de demandeurs d’asile. Les contrôles routiers se poursuivront donc, l’adhésion se limitant aux aéroports et ports maritimes.

La mesure a toutefois une forte valeur symbolique. "Il s’agit d’un grand succès pour les deux pays", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un communiqué. "Le moment est historique pour l’espace Schengen, le plus grand espace de libre circulation au monde. Ensemble, nous construisons une Europe plus forte et plus unie pour tous nos citoyens", a-t-elle affirmé.

Favoriser l’intégration européenne

Adhérer enfin, c’est "une question de dignité", note auprès de l’AFP Stefan Popescu, expert en relations internationales basé à Bucarest. "Tout Roumain, quand il empruntait une ligne séparée des autres ressortissants européens, se sentait traité différemment", dit-il. "Cela va favoriser notre intégration dans l’UE", se félicite l’analyste.

Dans l’aéroport de la capitale roumaine, où la majorité des vols desservent l’espace Schengen, les équipes se sont affairées toute la semaine pour préparer cette petite révolution. Avec la promesse d’un renforcement des effectifs pour mener des contrôles inopinés, notamment à l’égard des mineurs "afin d’éviter qu’ils ne soient la proie de réseaux de traite d’êtres humains", selon le gouvernement.

Les agents déployés seront aussi là pour "guider les passagers et identifier ceux qui en profiteraient pour quitter illégalement la Roumanie", afin de lever progressivement les réticences de Vienne, et devenir des membres à part entière de l’espace Schengen.

Plus grand espace de libre circulation

Avec cette double entrée, cette zone créée en 1985 comprendra désormais 29 membres : 25 des 27 Etats de l’Union européenne, ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein, soit 400 millions de personnes pouvant voyager librement, sans contrôles aux frontières intérieures.

Colère des routiers

De leur côté, les transporteurs routiers, exclus du processus, ne décolèrent pas. L’attente dure "de 8 à 16 heures" à la frontière avec la Hongrie, "de 20 à 30 heures avec la Bulgarie, avec des pics à trois jours" dans les deux cas, a déploré dans un communiqué l’un des principaux syndicats roumains du secteur, regrettant "des pertes financières" colossales.

Même coup de gueule des patrons bulgares. "Seulement 3 % des marchandises bulgares sont acheminées par air et mer, les 97 % restants circulant par voie terrestre", affirme Vassil Velev, président de l’organisation BICA (Bulgarian Industrial Capital Association).

"Nous sommes donc à 3 % dans Schengen et ne savons pas à quelle date nous serons autorisés à adhérer complètement", déplore-t-il. S’il espère des avancées d’ici la fin de l’année, l’entrepreneur craint de faire les frais des élections législatives prévues fin septembre en Autriche, alors que le chancelier conservateur Karl Nehammer doit faire face à la montée dans les sondages de l’extrême droite.

Dans tous les cas, Sofia comme Bucarest ont averti : il n’y aura pas de retour en arrière. "Il est clair que ce processus est irréversible", a déclaré début mars le ministre de l’Intérieur roumain, Catalin Predoiu, appelant à le boucler en 2024.

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