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Lauréats du prix national Ilan-Halimi, Ian Alban et Florian incarnent la jeunesse française engagée contre l'antisémitisme

Lauréats du prix national Ilan-Halimi, Ian Alban et Florian incarnent la jeunesse française engagée contre l'antisémitisme

Florian Renon et Ian Alban Djaotombo incarnent les valeurs de La République française pour avoir réalisé une oeuvre puissante et engagée à destination de leur génération. Rencontre.

Le trophée est sagement posé sur la table de l’un des bureaux de la Mission locale de Limoges. « Le voilà », montre du doigt Florian Renon, dans un sourire de fierté contenue.

À 24 ans, le jeune homme, originaire d’Aureil en Haute-Vienne, incarne désormais, avec six autres haut-viennois (*), l’engagement d’une jeunesse pour combattre la haine de l’autre, portée par le film Une nuit étoilée, contre l’antisémitisme.

La « main tendue vers l’espoir »

« Nous n’oublierons jamais ce prix », lance Ian Alban Djaotombo, 22 ans, prenant dans ses mains la colonne transparente à la forme d’un César comme pour mieux y croire.

Aux couleurs de La République, l’objet porte gravé le nom de Ilan Halimi, torturé et tué parce qu’il était Juif. « Ramener ce prix ici est à la fois un peu surréaliste et lourd de sens, réagit Florian. Le film que nous avons réalisé est une main tendue vers l’espoir, poursuit-il. Si, à travers lui, nous pouvons sensibiliser notre génération sur la portée des actes antisémites, et si nous pouvons changer le regard de certains, c’est gagné. »

Florian Renon, Ian Alban Djaotombo et toute l’équipe de la Mission locale de Limoges Métropole ont reçu, le 14 février dernier, à l’Hôtel Matignon, le prix national Ilan-Halimi (**) des mains du premier ministre Gabriel Attal.

La récompense au terme d’un intense travail mené dans l’atelier vidéo de la Mission locale, aux côtés du réalisateur Renaud Fély. « Avec lui,

nous avons fouillé dans les images du passé pour dénoncer les actes antisémites d’hier, en écho avec ceux d’aujourd’hui, hélas de retour, soupire Florian. Dans une époque, la nôtre, où les réseaux sociaux alimentent la haine déversée de manière anonyme. »

Florian et Ian Alban sont jeunes, comme l’était Ilan Halimi, mort à 23 ans assassiné par ses bourreaux.

Mais ils s’emparent du sujet, aussi grave soit-il, conscients de porter sur leurs épaules la responsabilité de devoir montrer l'horreur des faits. « Nous savions que nous faisions quelque chose d’important. J’ai pour ma part participé au montage du film. Pour une meilleure compréhension du discours, j’ai proposé au réalisateur d’inverser l’ordre de deux plans. Cela a été retenu », précise Florian, convaincu d’avoir trouvé sa voie professionnelle depuis cette expérience humaine et artistique.

L’ex-étudiant en licence de cinéma à Montpellier, est « perdu » et « déçu » par ses études lorsqu’il revient à Limoges et intègre la Mission locale. Il est aujourd’hui embauché dans l’équipe, à l’atelier vidéo.

Le choc par les images

Son premier projet restera une œuvre puissante, avec la séquence cinéma d’un Charlie Chaplin, qui soutient, en 1940, le regard fixe. « La vie peut être libre et belle, mais nous avons perdu ce chemin. »

Ian Alban Djaotombo découvre Une nuit étoilée, contre l’antisémitisme terminé. C’est pour lui un choc visuel. « Je connaissais la Shoah, mais de voir les images est parfois plus puissant que les mots. »

Sans hésiter, dès la fin de l’année 2022, il participe à la présentation du film et au discours qu’il prononcera avec l’équipe lors de la cérémonie de remise du prix prévue à Paris.

Un souvenir entre émotions fortes et maîtrise de soi. « Nous avons rappelé qui fut Georges Guigouin, et la ville de Limoges, qui fut une terre de Résistance et de protection pour les Juifs. Nous avons un devoir de mémoire. Prononcer ce discours devant des personnalités importantes, le Premier ministre, et lors de la cérémonie hommage à Ilan Halimi… Un sacré exercice, se rappelle Ian Alban. Cela, je crois, n’arrive qu’une fois dans une vie. » Le jeune homme s’emploie à continuer de dénoncer toutes formes de discriminations, actuellement en service civique à la Mission locale.

Sous le regard bienveillant de Mélany Charletoux, codirectrice de l’atelier vidéo, Ian Alban et Florian ont grandi. Ils ont pris confiance en eux depuis ce film, choisi parmi quarante-trois projets. « Ils savent désormais s’exprimer sur des thèmes de société forts, face caméra. Ils continuent de révéler tout leur potentiel. » 

(*) Avec Rassimina Mansoib, Morgan Cholieu, Dany Toihirou, Lucas Courty, Radia Chegri, Maël Garnery, Ian Alban Djaotombo.

(**) Le prix Ilan-Halimi, crée en 2018 par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) récompense les jeunes qui mènent des projets pour sensibiliser d’autres jeunes.  

Aline Combrouze

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