Pour éviter un procès, Google accepte de supprimer des milliards de données d’utilisateurs
C’est l’épilogue d’un feuilleton qui dure depuis maintenant quatre ans. Lundi 1er avril, Google a consenti à détruire des milliards d’enregistrements de données de ses utilisateurs, dans le cadre d’un accord conclu avec plusieurs plaignants. Ces derniers avaient accusé le célèbre moteur de recherche de collecter leurs données via le mode de navigation privée du navigateur Chrome, malgré ce que laissait penser le nom de cette option, "Incognito".
"Les efforts des plaignants ont permis d’obtenir des aveux clés de la part d’employés de Google, y compris des documents décrivant Incognito comme "un mensonge en pratique", un "problème d’éthique professionnelle et d’honnêteté élémentaire", et un "bazar qui prête à confusion"", relatent les avocats des plaignants, dans l’accord déposé devant un tribunal de San Francisco.
Une étape historique
S’il est approuvé par la juge Yvonne Gonzalez Rogers en juillet, Google évitera un procès mais devra "supprimer et/ou remédier à des milliards d’enregistrements de données" récoltés pendant la navigation en ligne de personnes utilisant le mode Incognito. "Cet accord constitue une étape historique car il exige des entreprises technologiques dominantes qu’elles fassent preuve d’honnêteté dans leurs déclarations aux utilisateurs sur la manière dont elles collectent et utilisent les données des utilisateurs, et qu’elles suppriment les données ainsi collectées", indique le document.
Google s’est engagé à reformuler "immédiatement" la notice qui s’affiche sur le mode Incognito, pour "informer les utilisateurs qu’il collecte des données de navigation privée". L’entreprise devra aussi bloquer par défaut, sur le mode Incognito, les cookies tiers pendant une période de cinq ans. Ainsi, "Google collectera moins de données à partir des sessions de navigation privée des utilisateurs" et il "gagnera moins d’argent avec ces données", ont expliqué les avocats des plaignants.
L’accord ne prévoit par contre pas de versement de dédommagements, alors que la plainte déposée en 2020 exigeait 5 milliards de dollars. Mais il laisse la possibilité aux utilisateurs de Chrome qui s’estiment lésés de poursuivre Google séparément pour obtenir de l’argent.
"Nous sommes satisfaits de mettre fin à des poursuites que nous avons toujours crues sans fondement", a pour sa part déclaré Jorge Castaneda, porte-parole de Google. "Nous sommes heureux de supprimer d’anciennes données techniques qui n’ont jamais été associées à des individus et n’ont jamais été utilisées pour une quelconque forme de personnalisation". La plainte initiale accusait tout de même Google de s’être "transformé en une mine d’informations sans comptes à rendre, des informations si détaillées et si vastes que même George Orwell n’aurait jamais pu en rêver".