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Qui est Vincent Duseigne, archéologue familial et passionné d'urbex, en Haute-Loire ?

Qui est Vincent Duseigne, archéologue familial et passionné d'urbex, en Haute-Loire ?

Vincent Duseigne a commencé l’exploration à 11 ans. Après plus de 30 années de pratique, il est archéologue familial et sa passion pour l’urbex est devenue une réelle maladie. Rencontre avec celui pour qui, la Haute-Loire est un vaste terrain de jeu.

 « Je m’appelle Vincent Duseigne. Je fais de l’urbex depuis que j’ai 11 ans. Quand j’ai commencé, je ne faisais pas de l’archéologie industrielle ou familiale. J’étais du côté de Chartres. Je cherchais des fantômes dans des carrières souterraines avec des copains. On se faisait peur. On rigolait. Mais cette passion ne m’a jamais quitté. À l’adolescence, j’ai commencé à faire les catacombes de Paris, mais sur le côté exploration. Ce qui m’intéressait, c’était de voir plus loin. L’aventure. Le temps a passé et, en 2001, à l’âge de 24 ans, je suis arrivé en Belgique.

J’ai commencé à suivre des usines sidérurgiques abandonnées. Je me suis trouvé assez démuni car je ne comprenais rien aux outils de travail gigantesques que je voyais. C’était trop technique.

J’ai vu des fiches de salaires qui traînaient. Il y avait des noms. J’ai contacté les personnes en leur demandant s’ils étaient d’accord pour venir à l’usine et m’expliquer le fonctionnement. Une grande majorité a répondu favorablement. On a vu des colosses, comme on peut l’imaginer dans la métallurgie, se mettre devant leur outil de travail plein de rouille et de ronces, se mettre à pleurer parce que c’était toute leur vie qui était réduite en lambeaux. Là, j’ai vraiment ressenti quelque chose de fort par rapport à la vie des gens. Ce qu’ils ont pu vivre dans ces trucs-là. Et j’ai commencé à enregistrer leurs témoignages. J’ai fait beaucoup d’archéologie industrielle jusqu’en 2015.

Depuis 2017, je fais de l’archéologie familiale. J’entre dans les maisons abandonnées et je m’intéresse aux familles qui y ont vécu. Mais j’ai développé une véritable maladie dans le sens où je mène la démarche jusqu’au bout. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir ce qui a été vécu dans la maison, qui étaient les habitants, leur vie… Après, je vais chercher leur sépulture au cimetière car l’immense majorité de ces personnes est décédée. Je fais une demande au cadastre pour savoir à qui appartient la maison. Pour mieux comprendre. Comme la maladie s’est installée, j’ai remarqué qu’il ne fallait pas longtemps pour entretenir les tombes. J’ai toujours une balayette et je passe un coup pour faire propre. Quand elles sont en bon état, je dépose juste des fleurs. Et certaines fois, il arrive que je les achète. J’en possède 24 actuellement. Un peu partout en France.

Quand je rentre dans une maison, j’étudie et je vais jusqu’au bout. Parfois, je tombe sur des destins relativement époustouflants et complètement ignorés. Des résistants qui ont caché des juifs, qui ont fait le maquis par exemple. Je demande l’acte de décès avec filiation à la mairie. Il me dit beaucoup de choses. Les mairies m’aident à retrouver les tombes. Souvent, personne ne s’en occupe et elles veulent les casser pour récupérer la concession qui est échue depuis longtemps. Dans ce cas de figure, j’explique ma démarche à la mairie, le destin que j’ai découvert et je leur dis que je veux racheter la concession. Comme je n’ai pas de gros moyens, je demande un prix en m’appuyant sur l’histoire de la personne et je me fais aider en l’achetant à plusieurs avec un financement participatif.

Mais je ne m’arrête pas là. J’entretiens les tombes. J’aime ranger et prendre soin par respect pour les personnes. J’en ai un peu partout en France. Comme mon boulot c’est de faire de la biographie familiale, quand je vais faire de l’entretien, j’essaye d’avoir des contrats dans le coin et je reste une semaine. J’ai aussi passé des accords oraux avec des mairies où j’habite, en Ardèche. Quand ils cassent des tombes, ils me permettent de récupérer du mobilier non identifiable pour que je puisse agrémenter les tombes dont je m’occupe. Mais il ne faut pas que ce soit des choses marquées “à mon papa, à ma maman”. Il faut que cela puisse convenir à quelqu’un qui m’est proche. Car ces personnes me bouleversent, sans que je ne les connaisse. Pour moi, elles sont ma famille de cœur maintenant. »  

Propos recueillis par Nicolas Jacquet

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