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La trajectoire budgétaire du gouvernement encore à l'étude et déjà jugée insuffisante

Attendu sur la trajectoire budgétaire, le gouvernement peinera à convaincre ses détracteurs de tout bord. Il y a, d’un côté, ceux qui relativisent la mauvaise santé des comptes publics au regard de la puissance de la France, septième économie mondiale, et lisent d’abord, dans le discours d’austérité de l’exécutif, la volonté de s’attaquer aux dépenses sociales.

Il y a, de l’autre côté, ceux qui s’inquiètent de la gravité de son état et considèrent que les solutions du gouvernement pour l’améliorer ne sont pas à la hauteur des enjeux. L’économiste Marc Touati est de ceux-là. Il balaie d’un revers de main comme autant de « mesurettes » les pistes anticipées par les médias ou que le gouvernement a évoquées ou laissées fuiter.

L’effort est chiffré. Aux 10 milliards d’euros déjà fléchés par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, dix autres de plus sont escomptés… en moins  du fait d’une croissance atone. En 2025, vingt autres milliards pour le moins seront encore à trouver, a concédé, début mars, le ministre délégué aux comptes publics, Thomas Cazenave, devant le Sénat. Cette rigueur sera aussi au menu des années suivantes.

Assurance-chômage

Quelles mesures figureront dans le document que doit transmettre, ce mardi, l’exécutif au Haut Conseil des finances publiques avant sa présentation, le 17 avril, devant le Conseil des ministres suivi d'un débat à l’Assemblée nationale ? Le secteur de la santé devrait en faire les frais. Le transport sanitaire est ciblé et les premiers jours des arrêts maladies seraient scrutés. « La Sécurité sociale présenterait un solde excédentaire en 2023 (+0,7 % du PIB), oppose Marc Touati. Le problème est ailleurs : dans le besoin de financement des administrations centrales qui serait resté supérieur à 5 % du PIB en 2023 ! »Quant au secteur social, gouvernement après gouvernement, majorité après majorité, il n’échappe jamais aux réductions. Le Premier ministre a déjà avancé la piste d’une réforme de l’assurance-chômage. D'autres pistes seraient creusées comme la désindexation de l’inflation des prestations sociales et/ou des retraites ou leur sous-indexation. Et les 78,5 milliards de réserves de l’Agirc-Arcco ne laissent pas, de longue date, les gouvernements successifs indifférents. « Ce serait une véritable spoliation des partenaires sociaux, s’irrite Marc Touati. Quant à encore toucher à l’épargne des ménages, leur taxation est déjà très élevée…  »

Pression fiscale

L’État regarderait aussi de près les finances des collectivités locales. Une réduction de leurs dotations d’investissement n’est pas exclue. Comme en écho au revirement de l’exécutif suite à la crise agricole, le « fonds vert » n’y couperait pas. « Il faut, abonde Marc Touati, en visant plus le fonctionnement, restructurer les dépenses publiques en évitant les doublons avec, à chaque strate du millefeuille administratif, les mêmes dépenses en partie reconduites ! »

Il serait également question de revenir sur les exonérations des cotisations sociales avérées inefficaces. La CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) s’éteindrait, elle, moins vite que prévu. « On parle de 2027 alors qu’elle aurait déjà dû disparaître, pointe Marc Touati. Or, réduire la pression fiscale est une nécessité. La France est l’un des pays dans le monde où celle-ci est la plus forte. Le nombre et la complexité des niches fiscales en sont un aveu. »

Saupoudrage

Dans le collimateur également : les rentes de situation des entreprises qui ont tiré profit de l’inflation et du contexte international, à l'exemple des « énergéticiens », auxquelles pourrait être demandée une contribution supplémentaire. Certaines catégories les plus aisées, singulièrement celles soumises à l’IFI (impôt sur la fortune immobilière, seraient aussi invitées à davantage mettre la main au portefeuille. »

« Sauf miracle, insiste Marc Touati, ce saupoudrage de mesures ne suffira pas et ce, d’autant moins que le chômage va augmenter et que la note de la France pourrait être dégradée et donc ses conditions d’emprunt s’avérer plus lourdes. Cette note aurait déjà dû être dégradée. La France est le seul pays européen dont la dette publique a encore augmenté l’an passé. Comparativement, celle de l’Espagne, de l’Italie et le Portugal avec un déficit ramené de 0,3 à 2 % pour ce dernier devrait être meilleure. Il y a une injustice au regard des efforts budgétaires qui sont les leurs et que la France n’a pas faits… »

Le déclinisme, cette valeur si française

« Il y a un problème de méthode, conclut-il. Plutôt que de réagir en aval, mieux vaut agir en amont : baisser les impôts de tous, entreprises et ménages, afin de relancer la croissance et augmenter l’assiette fiscale, donc les recettes. Par ailleurs, les pistes poursuivies par l’exécutif présentent un risque social…  » 

Jérôme Pilleyre

Écouter. youtube.com/@MarcTouatiTV

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