De l’isoloir aux urnes

Depuis 80 ans, les femmes entrent dans les isoloirs, à défaut de s’imposer dans les urnes. Car le 21 avril 1944 n’est pas seulement l’acte fondateur de la conquête du droit de vote. C’est aussi celui de l’éligibilité des femmes à des responsabilités jusqu’alors confisquées par une caste dont le nom est toujours en usage : les « hommes » politiques. Du droit de se faire élire à l’expression de la parité en politique, il est des brèches que ravine l’aridité de certains chiffres. Depuis 1965, aucune Présidente et deux Premières ministres seulement. Au Parlement, 36 % de sénatrices et 37 % de députées. La parité n’y progresse plus. Pis. Elle s’érode. L’introduction de listes alternées aux municipales, de binômes paritaires dans les Départements, ne masque pas cette carence inique dans la structuration d’un paysage politique français, dont la polarité très virile n’est sans doute pas étrangère à la marche contrariée d’une émancipation féminine à mèche lente. Paradoxalement, jamais le discours politique n’a autant flatté l’aspiration à la parité. Mais de la parole aux actes… Quand il s’agit de distribuer les postes clefs, le « coq imbécile » chanté par Brassens s’accroche encore à son pouvoir. Un mâle du siècle…

l’éditorial

Sébastien Couratin