Clermont Foot : retour en chiffres sur une attaque aux points morts avant d'affronter Lens

Avec 21 buts, le CF63 se traîne aussi en fond de classement de l’efficacité offensive. Non sans se créer les occasions qui auraient dû rapporter des points mort-nés qui lui manquent.

Pascal Gastien a assez d’expérience pour savoir que bien attaquer et marquer ne fait pas tout dans la réussite d’une équipe : « Ne pas prendre de but, c’est important. Sinon, les deux derniers matchs (Paris et Montpellier, 1-1 à chaque fois), on les aurait gagnés… » C’est vrai, en prendre, des buts, le CF63 sait largement mieux le faire qu’en marquer, accusant la pire attaque (21 buts) et le pire goal-average de toute la Ligue 1 (-27).

Même si ce n’est pas faute d’essayer, selon le coach clermontois :

« On se crée des occasions. Maintenant, il faut concrétiser. Les uns ou les autres, car tout ne repose pas que sur les attaquants : les autres joueurs ont le droit de marquer des buts aussi. »

Des intentions que ne contredit d’ailleurs pas forcément l’extrêmement mauvaise place de sa formation en « expected goals », ces fameux buts attendus mais… qui ne viennent pas, même si, sur ce plan-là, seul Lorient fait pire que Clermont avec 28,1 contre 29,1.

Car de la situation qui se dessine à l’occasion de but « immanquable » (mais manquée), il y a parfois 30 mètres, cette zone avancée où Clermont pioche allégrement. Là encore, le coach constate : « On était mieux dans le jeu contre Montpellier, donc on s’est créé des situations intéressantes et importantes. Mais on manque quand même de justesse technique dans les 25-30 derniers mètres : on a des “deux contre un”, mais on rate la passe ou elle est interceptée. Il y a des situations où devant le but, sur un centre, on ne fait pas le bon choix alors que le défenseur adverse le fait et intercepte… ». Patraque en attaque, Clermont l’est, d’abord, individuellement.

Nicholson, Kyei, Virginius... des attaquants peu en réussite face au but

Lors de sa première saison en Ligue 1, Clermont avait eu Bayo et ses 14 buts, comme arbre masquant le désert ou presque (Rashani, 8 buts). L’an passé, le CF63 l’avait joué façon “on gagne ensemble, on marque ensemble”. Derrière Kyei et ses 10 buts, on relevait ainsi les présences, « marquantes » pour le coup, de 4 joueurs (Khaoui et Cham, 7 ; Andric et Gastien, 4) qui pesèrent tout de même 22 des 45 buts inscrits par les Auvergnats au total. Ou quand une solution s’efface, d’autres apparaissent. Pas le cas, cette année.

« On a marqué avant, l’an dernier comme les années précédentes. Pourquoi, on marque moins cette année ? Je ne sais pas. Plus on avance, plus, peut-être, la confiance chez nos attaquants diminue, tout simplement… » La confiance. Ce qui pourrait donc manquer au Kyei actuel, qui n’a à son actif que 2 buts (dont un penalty à Toulouse, 4e journée) en… 22 matchs disputés ? La thèse tient, à l’aune de 7 de ses 10 réalisations de la saison passée obtenues sur les neuf dernières journées !

Shamar Nicholson, arrivé cet été, a pour sa part marqué deux fois plus (4 buts) tout en délivrant 3 passes décisives, en 24 matchs disputés. Surtout, le Jamaïcain a alimenté la séquence des 17e, 18e et 19e journées (Rennes, Nantes, Strasbourg) d’un but par match et d’une passe, sur l’ensemble du triptyque. De quoi alors laisser penser qu’il pouvait être un homme clef pour le CF63.

Reste que ces stats s’établissent sur trois rendez-vous à cheval sur la trêve hivernale : elles n’ont donc pu constituer une véritable rampe de lancement pour Nicholson. C’est en ce sens, sans doute, qu’il faut interpréter les propos de Pascal Gastien, quand il regrette :

« On espère toujours qu’un attaquant va se révéler et enchaîner une série de buts. C’est en partie ce qui nous manque aujourd’hui. Depuis le début de saison, aucun n’a pu enchaîner deux ou trois buts à suivre. Donc, on est toujours dans la même problématique. Donc, on va faire des choix. »

Certains ont déjà été faits : Nicholson, aphone depuis le 28 janvier et la réception des Alsaciens, d’une maladresse crasse quand il ne gâche pas, par une mauvaise option, les occasions évoquées plus haut, avec en point d’orgue son entrée pour une fin de match ratée à Paris, peut apparaître, depuis le revers à Metz (1-0), comme le deuxième ou troisième choix du duo Gastien-Bichard. Voire pas le choix du tout puisque n’étant même pas entré en jeu contre Le Havre (2-1, 26e journée). Une première depuis l'arrivée du Jamaïcain en Auvergne.

Virginius surtout lui est passé devant, titularisé plusieurs fois seul en pointe. Sauf que le jeune et certes rapide et technique joueur prêté par Lille depuis la mi-janvier, présente, pour l’heure, un bilan aussi porteur d’espoir que… de déception (0 but, 2 passes) !

« Plus qu’à foncer »

Dès lors, d’une façon chiffrée plus générale, pas de surprise à voir le CF63 faire à peine mieux que sa 18e place au général : 15e aux tirs tentés (328), 14e aux tirs cadrés (105) pour un pourcentage de réussite de 32 % où il glisse même au 16e rang.

Face à tout cela, son coach principal avoue : « On a travaillé encore ce jeudi, on avait travaillé mercredi : il faut continuer à bosser, donner confiance à nos attaquants. Après, je n’ai pas de solution miracle pour qu’on marque des buts. Mais tout le monde nous voit morts et enterrés, donc il n’y a plus qu’à foncer, à ne pas se poser mille questions, à avancer. Y compris chez nos attaquants. » 

Jean-Philippe Béal