Cette ancienne maison de Thiers avec ateliers de coutellerie doit devenir un immeuble de sept appartements

Petit à petit, immeuble par immeuble, le patrimoine architectural de Thiers se rénove. Un nouvel exemple est en cours rue Fernand-Forest.

C’est une maison qui ne passe pas inaperçue dans Thiers, car elle trône au premier plan depuis le belvédère qui permet d’admirer la chaîne des Puys. Au 3, rue Fernand-Forest, cette grande demeure, fermée depuis bien longtemps, est promise à une nouvelle vie, qui s’est écrite, pour le moment, en coulisse.

L’Ophis l’avait d’abord achetée pour un projet qu’elle n’a finalement pas mené. Le bailleur social l’a revendue à un investisseur qui souhaite rester anonyme mais qui, par ses précédentes réalisations qualitatives dans Thiers, a toute la confiance de la municipalité.

Des duplex, des balcons...

Cette maison est composée d’une élévation de style plutôt bourgeois et d’ateliers de coutellerie dans les étages inférieurs, sous le rez-de-chaussée. En tout, elle comporte sept niveaux. Jacky Jeannet, du cabinet d’architectes puydômois Abiterre, a dessiné dès 2021 un projet de réhabilitation du lieu, pour le transformer en un immeuble de sept appartements : trois T2, deux T3 et deux T4, certains en duplex. Pour un total de 460 m2.

"Trois logements auront un balcon, un bénéficiera d’une terrasse et un autre sera doté d’un jardin d’hiver, dans un des ateliers, avec une verrière recréée comme à l’origine", détaille l’architecte. Un appartement aura un garage et des caves seront mises à disposition des habitants.

La mérule a été traitée

L’écriture de ce projet a dû composer avec une structure très dégradée. "La toiture est en partie défectueuse et il y avait la mérule", indique Jacky Jeannet. Le traitement a été fait (par Ophis), mais forcément "au détriment de beaucoup de décorations, comme les boiseries." Quelques cheminées, des escaliers en pierre ou encore des voûtes rappelleront tout de même le passé de cet édifice.

 

Un patrimoine sur lequel l’Architecte des bâtiments de France a veillé en amendant le projet initial. "Nous voulions faire des balcons assez larges pour pouvoir mettre une table, mais il nous a été imposé une largeur maximum qui ne le permettra pas, souligne l’architecte. Et nous n'avons pu en obtenir que trois au lieu de quatre." L’isolation par l’extérieur sur un des murs a également été refusée. Le cabinet a replanché sur le projet et désormais, le permis de construire est accordé.

Il faudra compter au moins un an de travaux. Au programme notamment : une reprise de la charpente, la réfection totale de la toiture, des percements, la création des balcons, la suppression de toilettes qui avaient été construits en débord de la façade et enfin tous les aménagements intérieurs.

La commercialisation avant les travaux

Le démarrage du chantier est espéré en 2025. Mais avant qu’il ne commence, une étape essentielle doit être finalisée : la commercialisation des appartements. L’investisseur souhaite en effet vendre chaque logement individuellement avant de réaliser la réhabilitation complète de l’immeuble. "Acquérir un appartement dans un immeuble abîmé, c’est un piège, explique-t-il. Au lieu d’acheter un logement et de le bricoler dans son coin, on propose d’acheter un appartement dans un immeuble qui sera tout refait et aux normes pour au moins les quinze années à venir." Le tout, en bénéficiant de son accompagnement technique.

Les acheteurs sont recherchés dans toute la France.

Souvent, ce sont les gestionnaires de patrimoine qui proposent les biens à leur clientèle, car il y a des avantages à investir dans une ville comme Thiers, poursuit-il.

Cet immeuble-là, situé dans le Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), est éligible au dispositif Malraux, qui ouvre droit à des réductions d’impôts (lire ci-dessous). L’option "très probable" qui est envisagée est de louer ensuite ces logements sous condition de ressources. "C’est vertueux car cela permet à des personnes qui ont des revenus modérés de se loger dans des appartements neufs et beaux, avec une vue exceptionnelle. Cette éthique est très importante pour nous", termine l’investisseur, en précisant "aimer Thiers" et "son devenir".

L’objectif est d’avoir vendu tous les appartements d’ici à la fin de l’année 2024.

Loi MalrauxLe dispositif Malraux encourage, selon le ministère de la Culture, "la réalisation, pour le marché locatif, d’opérations complexes de restauration d’immeubles qui ne pourraient voir le jour par le simple jeu des dispositifs de droit commun d’aide à l’habitat. Les travaux réalisés permettent de préserver le patrimoine architectural en même temps qu’ils participent à la politique du logement".  Il donne droit à une réduction d’impôt sur le revenu calculée sur le montant des travaux à hauteur de 30 % pour les immeubles situés dans un PSMV.

Alice Chevrier