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Israël : "Netzah Yehuda", ce bataillon dans le collimateur des Etats-Unis

C’est un bataillon de Tsahal régulièrement pointé du doigt et qui fait l’objet de nombreuses controverses. Formée en grande partie de soldats ultraorthodoxes, l’unité "Netzah Yehuda" semble désormais être dans le collimateur des Etats-Unis, qui fournissent une aide substantielle à l’armée israélienne.

Vendredi, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a été interrogé sur des informations selon lesquelles les Etats-Unis allaient cesser leur aide militaire à certaines unités de l’armée israélienne, en lien avec de possibles violations des droits humains en Cisjordanie avant le 7 octobre et l’attaque sans précédent du Hamas.

Le responsable américain a fait référence à la "loi Leahy", qui interdit au gouvernement américain d’utiliser des fonds pour aider des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu’il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains. "C’est une loi importante que nous appliquons à tous les niveaux", a-t-il ajouté. "Et lorsque nous menons ces enquêtes, cela prend du temps. Cela doit être fait très soigneusement, à la fois en matière de collecte des faits et de leur analyse, et c’est exactement ce que nous avons fait. Et je pense qu’il est juste de dire que vous verrez les résultats très bientôt", a-t-il poursuivi. Cette décision significative intervient alors que le Congrès américain a voté pour une nouvelle aide d’urgence de 26 milliards de dollars à Israël, dont 13 milliards d’aide militaire. Si des sanctions des Américains étaient prises, ce serait une première.

Possibles violations des droits humains

Créée à la fin des années 1990, l’unité Yetzah Nehuda, aussi appelée "Bataillon 97", a été formée pour encourager l’enrôlement de jeunes issus de la communauté ultraorthodoxe. Elle a depuis été élargie à des soldats non-orthodoxes, mais jamais aux femmes. D’après le quotidien Haaretz, le bataillon "Netzah Yehuda" est la seule escouade non-mixte de l’armée israélienne. Toujours selon le journal israélien, l’unité est également devenue au fil du temps l’antre de recrues d’extrême droite et ultranationalistes, comme les "hilltop youth" ("jeunes des collines"), installées en Cisjordanie et rejetées par les autres unités de l’armée. "Netzah Yehuda" accueille également des colons "illégaux". Selon un responsable militaire israélien de Cisjordanie cité par Haaretz, "les gars du Bataillon 97 sont régulièrement briefés par leurs rabbins, ces derniers ayant à leurs yeux plus de légitimité que les officiers de Tsahal".

Les États-Unis auraient commencé à enquêter sur ce bataillon en 2022, en réaction à de nombreux incidents intervenus en Cisjordanie, en particulier la mort d’Omar Assad, un Palestinien américain de 78 ans. Selon The Guardian, le septuagénaire avait succombé à une attaque cardiaque après avoir été arrêté, détenu dans des conditions difficiles et abandonné inconscient par les soldats israéliens du "Netzah Yehuda". Un récit qui surprend peu les militaires passés par cette escouade.

Sous couvert de l’anonymat, l’un d’entre eux témoignage auprès du journal Haaretz. "Quand nous faisions des opérations de routine dans la Zone B [zone sous administration civile de l’Autorité palestinienne mais sous contrôle militaire israélien], sans raison aucune, des membres du bataillon lançaient des grenades assourdissantes dans des maisons et des voitures. Pour les gars de Netzah Yehuda, c’était une façon d’affirmer leur virilité mais aussi, et surtout, de rappeler qu’ils étaient chez eux." De nombreux membres du bataillon 97 sont nés ou résident dans les colonies de Cisjordanie.

Une milice protégée par le pouvoir en place

En 2020, la milice aurait failli être dissoute, sans succès. La majorité des généraux prônaient une dissolution du "Bataillon 97" et la dissémination de ses combattants dans d’autres bataillons moins idéologiquement marqués, se souvient un responsable du ministère de la Défense. "Mais, certains officiers supérieurs nous ont fait comprendre que dissoudre Netzah Yehuda équivaudrait à une déclaration de guerre pour les dirigeants du Yesha ["Rédemption", acronyme hébreu du Conseil de Judée, Samarie et Gaza, organe représentatif et groupe de pression des colons nationalistes religieux], explique-t-il, toujours auprès de Haaretz.

Régulièrement, la presse nationale et internationale ainsi que les ONG de défense des droits humains pointent la clémence qui semble être accordée à cette unité. Pour exemple, les officiers impliqués dans le décès du septuagénaire américano-palestinien ont été simplement privés de monter en grade dans leur bataillon pendant deux ans.

Dans la foulée de la déclaration d’Antony Blinken, Benyamin Netanyahou s’est opposé à toute mesure à l’encontre de son armée. "L’armée israélienne ne doit pas être sanctionnée", a-t-il écrit sur le réseau social X (ex-Twitter), sans toutefois citer nommément l’unité Netzah Yehuda. "Au moment où nos soldats combattent les monstres de la terreur, l’intention d’imposer des sanctions à une unité de l’armée israélienne est le comble de l’absurdité et une atteinte à la morale", a-t-il affirmé samedi.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a quant à lui déclaré étudier "les mesures à prendre pour empêcher la mise en œuvre" des sanctions. "Les dommages causés à une unité affectent l’ensemble de notre armée, ce n’est pas une démarche bienvenue de la part de nos amis et alliés", a-t-il ajouté dans un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi. Depuis le 7 octobre, cette unité n’aurait pas été cantonnée qu’à des missions en Cisjordanie et serait également intervenue à Gaza.

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