Le chef des renseignements militaires israéliens démissionne à cause du 7 octobre
Plus de six mois après l'attaque meurtrière du Hamas «déluge Al-Aqsa», le chef des renseignements militaire israélien Aharon Haliva a donné sa démission le 22 avril.
«La direction du renseignement sous mon commandement n'a pas été à la hauteur de la mission qui nous incombe», a-t-il déclaré dans une lettre adressée à son état-major, ajoutant : «Je porte en moi ce jour noir depuis lors, jour après jour, nuit après nuit», tout en affirmant qu'il porterait «à jamais l'horrible douleur de cette guerre».
Dans le communiqué, il précise demander à quitter ses fonctions et à se retirer de Tsahal «une fois la phase d'enquête terminée et après la nomination d'un nouveau chef du renseignement militaire».
Les renseignements israéliens avaient eu des informations sur l'attaque du Hamas dès... 2022
Le média israélien I24 rapporte que Aharon Haliva avait déjà pris sa décision peu de temps après le 7 octobre. Quelques semaines après l'opération du Hamas en territoire israélien, le chef des renseignements militaires israéliens avait indiqué : «nous n'avons pas été à la hauteur de notre mission la plus cruciale. En tant que chef du renseignement militaire, j'endosse l'entière responsabilité de cet échec». Il avait, par ailleurs, déploré un conflit ayant «débuté par une défaillance du renseignement». «Sous mon commandement, le renseignement militaire n'a pas réussi à donner l'alerte sur l'attaque terroriste menée par le Hamas», ajoutait-il alors.
Des informations confirmées par Tsahal sur X. L'armée israélienne a précisé que «le chef de la direction du renseignement, le général Aharon Haliva, a demandé à mettre fin à ses fonctions», «en coordination avec le chef d'état-major». Toujours selon Tsahal, le chef d'état-major israélien l'a remercié «pour ses 38 années de service dans l'armée israélienne, au cours desquelles il a apporté une contribution significative à la sécurité de l'État d'Israël en tant que soldat de combat et commandant».
L'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien du 7 octobre avait mis en exergue les failles des renseignements israéliens. Par les airs, la mer et par terre, les combattants des brigades Al-Qassem du mouvement islamiste palestinien avaient réussi à sortir de Gaza en attaquant les kibboutz de Reïm, Kfar Aza, Beeri et en faisant irruption dans le festival de musique Supernova, non loin de l'enclave gazaouie.
Dans une enquête publiée par le New-York Times, les journalistes Ronen Bergman et Adam Goldman avaient rapporté le 30 novembre dernier que les services de l'État hébreu avaient eu vent en 2022 de la préparation d'une potentielle attaque du Hamas suivant le scénario du 7 octobre, décrite dans un document de 40 pages, mais elle avait été jugée irréaliste. Des informations faisant état d'un entraînement du groupe islamique en juillet 2023 suivant ce plan avaient aussi circulé, avant d'être minorées.
L'attaque du Hamas a fait plus de 1 170 morts, selon un décompte de l'AFP se basant sur les données de la sécurité sociale israélienne. Les représailles de Tsahal dans la bande de Gaza, elles, ont fait 34 000 victimes.
Depuis octobre, le Premier ministre Benjamin Netanyahou est également sur la sellette, l'opposition réclamant sa démission. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes israéliennes, même devant le domicile du chef du Likoud. Il lui est reproché de ne pas avoir obtenu la libération de tous les otages encore aux mains du mouvement palestinien.