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Commission spéciale sur la fin de vie : pour Philippe Vigier, député Démocrate d'Eure-et-Loir, "il faut savoir dépasser les clivages"

Commission spéciale sur la fin de vie : pour Philippe Vigier, député Démocrate d'Eure-et-Loir,

La commission spéciale consacrée au projet de loi relatif à la fin de vie commence ses travaux lundi 22 avril 2024, à 18 heures, à l’Assemblée nationale. Philippe Vigier, député Démocrate de la 4e circonscription d’Eure-et-Loir (Châteaudun/Auneau), y siège. Il est aussi le porte-parole de son groupe. Interview.

La première lecture du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie est attendue pour le 27 mai 2024 à l’Assemblée nationale. Jusqu’à cette date, une commission spéciale, dont la composition est proportionnelle à la taille des groupes politiques dans l’hémicycle, va plancher sur ce texte. Philippe Vigier, député Démocrate (MoDem et Indépendants) d’Eure-et-Loir, fait partie des six parlementaires Démocrates à siéger dans cette commission.

Pourquoi ce projet de loi est-il important à vos yeux ? C’est certainement un des projets de loi les plus importants qu’on aura à examiner en tant que parlementaires. On touche à la vie, à ce que nous avons au plus profond de nous-mêmes. Cela exige de ne pas arriver avec des idées reçues, mais avec un engagement total sur un tel texte. Il faut savoir dépasser un certain nombre de clivages politiques qui peuvent être stériles et essayer, ensemble, d’écrire mieux les choses. Et surtout, que l’on n’ait pas la prétention d’apporter des solutions à tout, parce qu’il n’y a pas de solutions à tout. 

Je ne suis pas là pour caporaliser le groupe. Je suis là pour éclairer les collègues et écouter les remarques qui me seront faites.

Avec cinq autres députés Démocrates, vous avez été désigné dans cette commission et vous êtes aussi porte-parole du groupe. Je ne suis pas là pour caporaliser le groupe. Je suis là pour éclairer les collègues et écouter les remarques qui me seront faites. On votera peut-être différemment à la fin, mais dans le respect dû à chacun. Avec Geneviève Darrieussecq, députée Démocrate des Landes, qui est aussi l’une des secrétaires de la commission, on s’occupera du texte à l’échelle de notre groupe. C’est aussi important de souligner que le rapporteur général de la commission est Olivier Falorni, député Démocrate de Charente-Maritime.

À quelle fréquence va travailler la commission ? Matin, après-midi et soir. Les réunions débutent ce lundi 22 avril, à 18 heures, avec l’audition de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Il y a, ensuite, toute une semaine d’audition d’anciens ministres, de médecins… Viendra ensuite le temps de la séance plénière, à l’Assemblée nationale.

Selon vous, quels sont les points qui doivent inévitablement figurer dans ce texte (*) ? L’exigence d’une meilleure couverture, de meilleures formations et d’un meilleur accès aux soins palliatifs. Il faut aussi qu’on mette, enfin, les moyens sur la table. Jusqu’à présent, ils ont été insuffisants. Dans ce pays, il faut que l’on soit à la hauteur, avec des structures fixes et ambulatoires en nombre important, car le vieillissement est là ! Il faut aussi une exigence dans l’encadrement des conditions de l’aide à mourir dans la dignité, notamment dans des cas très particuliers, où le pronostic vital est engagé à court et moyen terme.

Je ne laisserai jamais dire : "On meurt quand on veut, c’est de l’euthanasie ou un suicide assisté." Ça n’a rien à voir !

Peut-on dire que ce projet de loi apparaît comme une extension de la loi Claeys-Leonetti de 2016 ? La loi Claeys-Leonetti n’est pas toujours bien connue des soignants et mal connue des patients. Le projet de loi relatif à la fin de vie n’est pas une extension. Ce sont de nouveaux droits qui sont donnés. En revanche, je ne laisserai jamais dire : "On meurt quand on veut, c’est de l’euthanasie ou un suicide assisté." Ça n’a rien à voir !

"Avec ce projet de loi, on regarde la mort en face", affirmait le président de la République, dans un entretien accordé à Libération et La Croix, le 10 mars. Comprenez-vous les remous qu’ont suscités ses propos ?

J’entends et je respecte les voix qui s’élèvent. J’ai moi-même évolué sur le sujet. Nos situations personnelles font forcément évoluer. Mais il faut que chacun sache exactement ce qu’il y a dans ce projet de loi. Je ne suis pas là pour forger les consciences des autres, je suis là pour dire où on en est.

Vous le direz aussi à l’échelle locale ? Je vais proposer aux soignants de ma circonscription deux rendez-vous, à la fois de débat et d’écoute. On se nourrit de toutes les expériences. Si certains citoyens veulent débattre du sujet, la porte de ma permanence à Châteaudun est grande ouverte.

(*) Le projet de loi sur la fin de vie comporte deux volets : développer les soins d’accompagnement, dont les soins palliatifs, et encadrer "l’aide à mourir".

Propos recueillis par Julie Guillaud

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