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"Tout est cramé" : le gel plonge les viticulteurs du Puy-de-Dôme dans l'angoisse

Le gel est le pire ennemi des viticulteurs. Au printemps, les bourgeons tout juste sortis peuvent être brûlés par le froid à partir de -2 °C. Dans le Puy-de-Dôme, la période est particulièrement difficile pour la profession. La nuit prochaine s'annonce comme la pire.

"Je suis en situation de stress." Une phrase qui résume l’état d’esprit de la majorité des viticulteurs du département, contactés ce lundi 22 avril. Depuis quelques nuits, le gel s’est attaqué aux vignes. A l'aube ce lundi matin, il faisait encore -1 °C à Clermont-Ferrand.

Jérôme Chapel, à Laps, le connaît malheureusement trop bien. Il produit du vin rouge, blanc, et du rosé. "Le gel ne m’a pas épargné depuis 2017, dit-il. J’avais perdu 90 % de mes récoltes." Il peut déjà chiffrer les dégâts de cette année. "0,5 hectare, sur 3,5 hectares de vignes." Comment se protège-t-il ? "En décalant d’un mois la taille des vignes, par exemple." Ce qu’il redoute ? "Le froid et l’humidité pour les nuits à venir."

Se protéger contre le gel est un véritable combat pour les viticulteurs. Photo Francis Campagnoni

"Il n'y a plus rien sur la plaine"

Une situation angoissante pour les viticulteurs, d’autant plus que cette période est cruciale pour la production. Et donc pour les ventes. "Peu de vins à vendre, donc peu de marchés", explique Jérôme Chapel. Une triste équation.

Du côté de Boudes, dans le sud du département, le constat est terrible. "On n’a jamais vu ça, lâche Gilles Vidal, président de l’AOC Côtes d’Auvergne. Il n’y a plus rien sur la plaine. Tout est cramé." Des kilomètres de vignes noires. "Un jeune viticulteur qui vient de racheter des vignes va faire brûler du bois et autres pour que la fumée limite les dégâts", poursuit-il.

Pas de production, pas de ventes

Cette année, la précocité du développement du bourgeon n’a pas arrangé les choses. "La vigne avait énormément poussé. Les contre-bourgeons, (qui se développent quand le premier bourgeon a été détruit par le gel) avaient déjà démarré", explique Gilles Vidal. En clair, "si ça continue à beaucoup geler, il n’y aura pas de seconde sortie de bourgeons. Donc pas de grappe". Et cette même équation : pas de production, pas de récolte, et pas de ventes.

Yvan Bernard, viticulteur à Montpeyroux, appréhende les conséquences économiques qu’auront ces gelées. "La plante en tant que telle va s’en remettre. La question maintenant, c’est comment on fait pour passer l’année sans récolte ?", grince-t-il. Sur les douze hectares qu’il possède, trois sont "quasiment gelés à100 %. On avait un peu anticipé, travaillé les sols en tondant pour que l’herbe ne soit pas humide en dessous des vignes".

Quelles prévisions pour la nuit de lundi à mardi ? "Si le temps se couvre, on aura des très petites gelées. À l’inverse, s’il y a des éclaircies, on aura de gros dégâts", prédit Gilles Vidal. La nuit va être courte pour les viticulteurs, pour sauver ce qu’il reste à sauver. "On ira faire brûler un cierge, au moins, ça fera de la fumée", ironise-t-il.

Adrien Fillon

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