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Contre le gel, des feux du désespoir allumés dans ce vignoble du Cantal

Contre le gel, des feux du désespoir allumés dans ce vignoble du Cantal

L’écran de fumée n’aura pas vraiment produit les effets escomptés à Montmurat, dans le Cantal. Au domaine des Orchidées sauvages, Sébastien Lavaurs s’est levé au beau milieu de la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 avril. À 4 heures du matin, il a allumé cinq ou six feux, au bord de ses vignes, à l’aide de paille et de foin, pour tenter de réagir aux gelées tardives.

« Ce n’est pas un apport de chaleur à proprement parler, explique le viticulteur cantalien. C’est plutôt une protection face aux radiations du soleil, lorsqu’il sort, au petit matin. » Cette nuit-là, le thermomètre était tombé à - 2 °C. Désormais, le viticulteur redoute surtout la nuit qui arrive : du mardi 23 au mercredi 24 avril, les prévisions annoncent - 3 °C…

Malheureusement, cette solution n’a pas empêché les jeunes bourgeons sortis de leur coton de brûler sous le gel matinal. Sébastien Lavaurs, qui a créé son vignoble en 2016, estime que l’une de ses parcelles (près d’un hectare sur quatre) est « à 100 % atteinte. Sur celle-là, c’est sûr qu’il n’y aura pas de récolte. En 2021, elle avait déjà gelé et rien n’avait repris… Pour les autres, il faut attendre un peu », afin de visualiser les dégâts. Que donneront les contre-bourgeons ? Réussiront-ils à sortir ? Seront-ils fructifères ?

Ces feux du désespoir auront sans doute réussi à limiter les dégâts. « C’est peut-être la solution la moins efficace… mais la moins onéreuse aussi », glisse Sébastien Lavaurs, qui n’a pas les moyens d’investir dans un système de bougies à la paraffine, chiffré entre « 4.000 et 5.000 € l’hectare, pour neuf heures d’allumage ».

« Le mal a été fait » à Vieillevie

À Vieillevie, au vignoble des Terrasses de La Vidalie, Isabelle Broha confirme. Ces bougies sont beaucoup trop chères. Elle et son mari, Serge Broha, n’ont pas tenté d’allumer des feux : c’était raté d’avance. Le gel ne les a pourtant pas épargnés. Loin de là. « On pense avoir perdu aux environs de 80 %, estime-t-elle à première vue. Le mal a été fait » dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 avril. La vigne avait quinze jours d’avance et a d’autant plus souffert. Cela s’est joué à quelques degrés près car leurs cerisiers, eux, n’ont pas été touchés.

Et maintenant ? Tournés vers l’Occitanie mais situés dans le Cantal, en Auvergne, ces deux vignobles du sud-ouest espèrent percevoir autant d’aides que leurs voisins. Un doux rêve… « Nos collègues aveyronnais, ils ont toujours le droit à quelque chose », lance Isabelle Broha, productrice de vin de l’appellation entraygues-le-fel. « L’an dernier, ce n’était pas le gel mais la maladie : les Aveyronnais ont touché des aides ; nous non, parce qu’on est dans le Cantal », illustre-t-elle. À Montmurat, Sébastien Lavaurs dresse le même constat. Lors du gel de 2021, il n’avait reçu que « 460 € », contre « 40.000 € de chiffre d’affaires » perdu…

Romain Blanc

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