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Cyanobactéries : 17 fermetures temporaires de plans d'eau en Limousin en 2023, combien en 2024 ?

Cyanobactéries : 17 fermetures temporaires de plans d'eau en Limousin en 2023, combien en 2024 ?

L'été dernier, la prolifération des algues bleues a entraîné la fermeture temporaire d’un quart des sites de baignade du Limousin. Comment s'annonce la saison à venir ? L'éclairage d'ingénieurs de l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine et de l’INRAE.

Où pourra-t-on se baigner en toute sécurité cet été ? Chaque année, la même question se pose en Limousin et la crainte d’une prolifération des cyanobactéries est toujours présente.

« Depuis 2020, une tendance à la détérioration de la qualité des eaux douces a été constatée », indique Dorothée Gerbaud, ingénieur sanitaire, responsable de la cellule eau à l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine.

9 plans d'eau en Corrèze sur 32

Sur les 69 sites de baignade répartis dans nos trois départements (*), combien risquent de fermer en raison de ces algues bleues qui libèrent des toxines néfastes à la santé ? Y a-t-il des zones plus susceptibles d’être exposées ?

Difficile à prévoir, mais la saison passée, la présence de cyanotoxines a provoqué une interdiction temporaire sur 17 plans d’eau (9 en Corrèze, 4 en Haute-Vienne et 4 en Creuse), selon l’ARS, qui ajoute d’autres raisons : une absence de surveillants de baignade, une vidange ou une pollution bactériologique par l’Escherichia coli et autres entérocoques intestinaux.

Début de la surveillance en juin

La surveillance de la qualité des eaux de baignade en eaux douces ne commencera qu’en juin pour s’achever en septembre. Des prélèvements bimensuels seront alors effectués, et en fonction des résultats, dès que le seuil de vigilance est atteint, les analyses deviennent hebdomadaires.

« La colonisation excessive des cyanobactéries, des organismes microscopiques apparus il y a près de trois milliards d’années, est un phénomène complexe et imprévisible. On est loin de tout savoir sur la question », insiste Christophe Laplace-Treyture, ingénieur de recherche en hydrobiologie à l’INRAE (Institut français de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).

Un développement ultra-rapide

« Il en existe 4.669 espèces réparties dans 866 genres différents vivant dans les milieux d’eaux douces, marins, mais aussi terrestres, du moment qu’il y a un peu d’humidité. Seuls certains genres prolifèrent. Ce développement d’une grande quantité de matière s’effectue très rapidement en une à deux semaines et des sites sont plus exposés que d’autres. 50 à 70 % de ces proliférations seront toxiques, le reste ne le sera pas. »

Pour cet ingénieur en hydrobiologie, les scientifiques ont encore du mal à comprendre pourquoi les cyanobactéries produisent des cyanotoxines. « Mais on sait qu’il ne leur faut pas grand-chose pour proliférer : de l’humidité, des nutriments (azote, phosphore, gaz carbonique), de la lumière et de la chaleur, notamment des eaux chaudes et calmes. »

« Aucun traitement efficace »

Quant à la lutte, « il n’y a absolument aucun traitement efficace aujourd’hui pour éradiquer les cyanobactéries, selon Christophe Laplace-Treyture. La seule solution est de réduire les intrants, ces nutriments qui contribuent à la prolifération. »

(*) La Corrèze comptait, en 2023, 32 sites de baignade, la Haute-Vienne, 24 et la Creuse, 13.

Comment protéger les chiens ?

Dans le Tarn en juillet 2023 ou en Gironde en février 2024, des chiens sont tombés malades et un est mort après s’être désaltérés dans des eaux stagnantes contaminées aux cyanotoxines.« On a souvent des signalements en début de période de chasse au gros gibier, aux alentours du 15 août », indique Franck Martin, directeur général adjoint de la Direction départementale de la Protection des Populations de la Gironde.« Les symptômes se déclarent très rapidement, une à deux heures après l’ingestion : ils sont neurologiques avec des tremblements, respiratoires avec des difficultés à respirer, ou hépatiques avec des vomissements. Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à appeler en urgence le vétérinaire. »Et pour éviter d’en arriver là, un conseil : « prévoir de quoi abreuver son animal et ne pas le laisser boire dans les flaques ».

Hélène Pommier

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