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Fils de boulanger et désormais "maître artisan" : l'histoire d'Éric Chaminade, dernier photographe installé à Montluçon

Fils de boulanger et désormais

Après plus de treize ans d’activité à son compte dont huit passés à Montluçon (Allier), le dernier photographe professionnel installé en ville va recevoir une haute distinction, ce 23 avril. Une nouvelle reconnaissance pour ce fils de boulanger, vivant à fond pour sa passion.

À partir de ce mardi, il va pouvoir afficher officiellement le titre de "maître artisan photographe" sur la devanture de son magasin, boulevard de Courtais. Éric Chaminade, le dernier professionnel installé à Montluçon, va recevoir dans l'après-midi sa nouvelle distinction au sein de sa boutique.

Une "fierté" et surtout une "reconnaissance", confie l’intéressé, d’autant plus importantes pour lui, alors que les auto-entrepreneurs prolifèrent dans son secteur d’activité. "Si certains sont très bien, d’autres n’y connaissent rien", regrette le professionnel aux près de trente années de métier.

Répondre à de nombreux critères

Passer le cap de "maître" dans son artisanat nécessite de répondre à de nombreux critères, résumés par le Bourbonnais : "compter au moins dix ans d’expérience à son actif, former des apprentis, justifier de ses acquis…"

Cette obtention remonte officiellement à octobre, pour une demande envoyée voici plus d’un an. 

Je voulais monter le dossier depuis longtemps. C’était important pour moi de mettre en avant le métier, qui a perdu un peu de ses lettres de noblesse à un moment où tout le monde a l’impression de pouvoir devenir photographe

Le quadragénaire, qui se souvient de l’explosion du numérique au tournant des années 2000 et de toutes les transformations que cette révolution devait entraîner, reste convaincu de la pertinence de son activité. "Les photos sur papier vont traverser le temps, c’est pour ça que j’en suis un grand défenseur", observe Éric Chaminade. "Les disques durs, les téléphones portables… On ne sait quand ça peut péter."

Cet honneur ne va pas pour autant bouleverser son quotidien, assure le Bourbonnais, concentré à développer l’activité face à la concurrence extérieure. Pour autant, "la partie prise de vue se porte très bien. Côté boutique, c’est plus compliqué… Ça me sert essentiellement de vitrine", reconnaît le patron, qui emploie quatre salariés et une apprentie - la quatrième en treize ans à son compte pour l’artisan attaché à transmettre.

"Maître", un grade d’autant plus rare que les professionnels tendent à disparaître du paysage. "Je serai le seul à Montluçon pour un long moment, à moins qu’un autre arrive", ne peut que constater le commerçant installé sur la principale artère de la ville depuis 2021 et avant cela place Jean-Jaurès, évoquant avec nostalgie l’époque où la cité des bords du Cher comptait une dizaine de confrères.

"C’est un métier où il faut aimer les gens"

Compliqué d’exercer à l’époque des smartphones aux millions de pixels dans toutes les poches et alors que l’intelligence artificielle pourrait aussi secouer le secteur. "Mais je ne regrette pas, c’est un métier-passion", affiche avec fierté cet amoureux des clichés en noir et blanc, qui approche son travail comme à l’époque de l’argentique en évitant au maximum les retouches.

Ce qui lui plaît ? "La richesse des rencontres avec les personnes, leur donner du plaisir avec mes images. C’est un métier où il faut aimer les gens", répond spontanément celui qui se souvient des récents applaudissements après une séance photo d’élèves reconnaissants qu’il suit depuis longtemps : "Rien que d’en parler, ça me donne des frissons".

"Personne ne fait de photo dans ma famille"

Sur le papier, rien ne le prédestinait à une telle aventure. "Personne ne fait de photo dans ma famille. Mais j’ai toujours aimé ça", se souvient l’homme de 44 ans, qui adolescent va mettre de côté la boulangerie de son père pour se lancer.

Cette nouvelle distinction vient s’ajouter à une série d’autres, dont celle de peintre des armées obtenue en 2020. "L’année dernière, j’ai pu suivre une étape du Tour de France à bord d’un hélicoptère, et j’ai aussi pu assister au défilé du 14-juillet", s’enthousiasme Éric Chaminade qui prend toujours beaucoup de plaisir à mener cette mission visant à illustrer le travail des militaires et espère pouvoir la prolonger dans le temps.

Julien Pépinot

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