"La sécheresse a bon dos" : les conseils d'un technicien forestier pour sauvegarder et penser la forêt de demain
Comment entretenir ses parcelles ? À quoi ressemblera la forêt de demain ? Quelles essences sont les plus intéressantes à l'avenir ? Ce dépérissement va-t-il se propager ? Ce technicien forestier du Brivadois a répondu à toutes ces questions. Et, même s'il "ne lit pas dans l'avenir", les dégâts causés par le climat peuvent être atténués facilement.
Un bon entretien protège les forêts de la canicule"La sécheresse a bon dos. Cela fait cinq ans qu’il ne pleut pas beaucoup dans le coin. On est juste repris par la force des choses", glisse Fabien Ceres, technicien forestier chez Sud Abies. Aucun de ces propriétaires forestiers n’était préparé à subir cette sécheresse meurtrière sur leurs parcelles. Pourtant, ces épisodes météorologiques s’anticipent.
C’est dommage parce que quand des endroits ont été travaillés avec des éclaircies plus régulières, c’est mieux conservé
"Il faut éclaircir, donc faire des coupes et enlever 10 à 20 % des volumes sur la parcelle. Il faudrait le faire tous les 10 ans. Mais, chez nous, personne le fait. Avant, le jour où ils coupaient, c’était pour le toit de la maison ou parce qu’ils avaient besoin d’argent. C’est dommage parce que quand des endroits ont été travaillés avec des éclaircies plus régulières, c’est mieux conservé. Certains bois deviennent quand même secs, mais c’est plus joli. Des arbres ont repoussé avec la place laissée et on retrouve tous les âges dans ces parcelles entretenues."
Une mort express des pins sylvestre qui pourrait s'étendreCe dépérissement des pins est notamment dû aux conséquences de la sécheresse commencée en juillet dernier. En octobre, les aiguilles des pins sylvestres et des douglas étaient toutefois encore vertes. Nombre de pins et douglas présentent, en dessous de 800 m d’altitude, cette couleur rouille caractéristique et immuable, signe d’une fin de vie qui s’annonce."Il y avait quelques pins secs, mais ça s’est mis à rougir en janvier et en février. En fait, les arbres étaient crevés de l’intérieur", partage Fabien Ceres qui a observé ce changement de couleur express.
Après les parcelles du nord-ouest de la Haute-Loire, Fabien Ceres craint que ce phénomène se propage. "Pour moi, si des épisodes de chaleur similaires se multiplient, on verra des dépérissements plus haut dans le Livradois où on trouve des zones de sapins."
Les pins maritimes : l’essence de demain ?Le technicien du CNPF a conduit les propriétaires forestiers sur une zone particulière. Ils peuvent enfin admirer des arbres en bonne santé. Ce sont des pins maritimes plantés il y a au moins 85 ans.Des pins maritimes plantés il y a au moins 85 ans.Le pin maritime provient du Grand Ouest de la France alors que le pin sylvestre est arrivé du nord de l’Europe. La première essence est donc plus adaptée aux sécheresses et aux canicules. Avec un climat tempéré et océanique, le pin maritime va même se développer plus vite que le pin sylvestre. Néanmoins, le pin maritime est sensible aux vagues de froid, surtout dans son jeune âge.
Mais, Quentin Lauby, technicien forestier au CNPF, conseille fortement de planter cette essence faite de base pour pousser en plaine. "De nombreux pins maritimes ont été plantés à Vieille-Brioude et ils sont tous en bonne santé. Comme ceux qu’on a devant nous", montre-t-il.
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Félix Mouraille