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Comment Wazoo s'est inspiré de Thiers pour son prochain album

Comment Wazoo s'est inspiré de Thiers pour son prochain album

En hommage aux couteliers thiernois (Puy-de-Dôme), le groupe auvergnat Wazoo a écrit Au creux de l’enfer. Une ballade que l’on retrouvera sur leur prochain album, dont la sortie est prévue vendredi 3 mai.

Vendredi 3 mai sortira le nouvel album de Wazoo, qui sillonne les scènes d’Auvergne et d’ailleurs avec son folk festif, et depuis plus de 25 ans. Et la chanson n°7 sur l’opus intitulé Un veau qui tète bien n’a pas besoin de foin, est consacrée à Thiers, puisqu’elle s’appelle Au creux de l’enfer. Jeff Chalaffre, auteur, compositeur et interprète du groupe, en dit plus sur cette piste aux accents bitords.

L’idée de faire une chanson sur les couteliers thiernois, c’est à l’initiative de qui ?

Avant notre concert en 2015 pour la Pamparina, on nous avait demandé lors d’une interview si nous avions des liens avec Thiers. J’ai appris ce jour-là une belle anecdote sur Kévin le chanteur de Wazoo, mon cher ami de 30 ans. Son père, de par sa profession, était un globe-trotteur. Mais à chaque retour en métropole, sa famille faisait une halte obligatoire à Thiers, car son paternel était un féru de couteaux. C’était comme un pèlerinage. L’idée d’écrire une chanson a germé à cet instant.

C’est aussi mettre un nouveau coup de projecteur sur le Livradois-Forez ?

Oui, car on évoque le Grün de Chignore dans notre chanson La Terre est basse, la fourme d’Ambert dans L’amour sera toujours dans nos prés, sans oublier La petite fille de la Meunière qui évoque la citadelle de Courpière. On a aussi tourné deux clips du côté d’Ambert chez Serge et Monique Roiron, nos amis agriculteurs du GAEC de Vareilles, avec derrière la caméra leur talentueuse fille Laëtitia. Sur notre vidéo Faire chabrot, on a enrôlé comme acteur non pas Brad Pitt, mais le célèbre Louis Debard alias l’Auvergnat 63, qui vit sur les hauteurs de la vallée de l’Ance. Et puis dernièrement on a touché le Graal lors de notre concert estival dans le magnifique lieu de Moulin-Planche à Celles-sur-Durolle. Bien mieux que de recevoir la légion d’honneur ou un disque d’or, on a été intronisé dans la confrérie de la saucisse de choux d’Arconsat !

À partir de quoi avez-vous construit le texte d’Au creux de l’enfer ?

À partir de l’histoire d’Auvergne que j’adore. Et la légende de cette cascade de la Durolle que l’on croyait autrefois habitée par des fées, qui m’a toujours fasciné.

Les paroles évoquent "le vieux Jean". C’est un Thiernois en particulier ?

Plutôt un homme originaire d’Escoutoux, le légendaire écrivain Jean Anglade. J’ai eu le privilège de le rencontrer lors du tournage d’À l’école de ma vie, Jean Anglade. J’avais signé la musique de ce documentaire réalisé par David Girard et Yves Courthaliac. Le Pagnol auvergnat était avant tout un personnage fantastique et inspirant. Sa citation "Les meilleures choses ont besoin de patience" issue de son roman Le temps et la paille se retrouve donc dans notre chanson. Et dans un monde qui veut courir trop vite, c’est devenu aussi mon leitmotiv dans la vie.

Quel message véhicule la chanson ?

Celui d’une passion pour un métier. Mais aussi la fierté d’un savoir-faire et le récit d’un territoire. Mon oncle Roger Pierrot Terrasse (que je fais parler en patois pour ouvrir notre nouvel album) est originaire de Mary à côté de Sainte-Agathe. Il m’a offert pour mon demi-siècle une magnifique lame issue de La Monnerie, fabriquée avec de la pierre de lave de Chambois. En me donnant ce cadeau, j’ai senti dans son regard que ce n’était pas juste l’offrande d’un magnifique objet, mais d’une partie de lui et de son histoire.

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Musicalement, quelle a été la démarche pour choisir le style et composer ?

Wazoo c’est avant tout une musique pour pampariner ! Mais comme dirait Bernard Lavilliers "la musique parfois a des accords mineurs". Du coup on aime quelquefois, à l’instar de notre chanson L’Aurillacoise, faire des ballades. Cela donne au final un style de bluegrass volcanique dans lequel Kévin se mue en Johnny Cash arverne.

On se retrouve sur quelque chose d’assez lent, avec une partie de violon qui apporte un côté émotif et presque "tzigane" à la fois sur certains passages. La fin est par contre plus rapide. Quel est le but recherché de l’ensemble ? En quoi la musique "colle" à Thiers et à son histoire ?

Pour en revenir à Jean Anglade il disait : "Je suis né par hasard à Thiers au pays des couteaux mais j’ai reçu mon âme de partout." Pour la musique nous faisons de même. Nous puisons dans le patrimoine folklorique auvergnat, tout en étant au confluent d’influences diverses. Charlie notre violoniste charolais aime de temps en temps insuffler des versants mélodiques venant de l’est. Ces notes ont en effet cette capacité unique à exprimer des émotions profondes. On peut aussi imaginer les chaudes nappes de l’accordéon qui refléteraient "les ventres jaunes", ces ouvriers couchés sur le ventre au-dessus des meules, donnant toute sa renommée à la coutellerie de Thiers. Les contretemps du banjo pourraient représenter le martellement des anciennes forges. Quant aux variations rythmiques, elles s’inspirent du fil de la Durolle : calme quand elle prend sa source dans les monts du Forez, pour finir agitée sur les pentes thiernoises.

Propos recueillis par Alexandre Chazeau

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