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“Sky Dome 2123”, une grande fresque post-apocalyptique et écologiste

Dans ce film d'animation à l'esthétique particulière, le monde s'est fait larguer par la nature elle-même.

Premier long-métrage d’animation d’un duo hongrois, le réalisateur Tibor Bánóczki et la réalisatrice Sarolta Szabó, Sky Dome 2123 nous donne à voir la Terre gagnée par une sécheresse totale, dans une nouvelle Budapest qui évolue sous un ciel de plastique et où toute personne âgée de plus de 50 ans doit mourir pour être changée en arbre. La grande fresque post-apo fait ainsi le portrait d’un couple ordinaire confronté soudain à un grand dilemme, entre questions écologiques et métaphysiques, quand Nóra décide de procéder à sa transformation alors qu’elle n’a que 32 ans. 

Sky Dome 2123 pose ainsi esthétiquement la question de l’hybridité pour l’avenir : la race humaine pourrait-elle se métamorphoser en toute autre chose et assurer sa pérennisation ? Il ose esquisser l’hypothèse selon laquelle il ne serait pas nécessaire de préserver l’humanité dans sa forme originelle, avec une gigantesque mutation qui marquerait un nouveau cycle de l’évolution. Un glissement de forme qui prend sens avec l’esthétique si particulière du film. À mi-chemin entre les prises de vues réelles et l’animation, Sky Dome 2123 est le résultat d’un travail de rotoscopie poussé, où l’on re-dessine par-dessus les comédiens et comédiennes en chair en os, et où s’opère un frottement visuel qui provoque parfois comme des vertiges. 

Promesses

S’il convoque une tradition de l’animation en 2D (organique, des matières qui vibrent, impures), le film y mêle une grande froideur numérique (de gigantesques à-plats denses et profonds). C’est ainsi que le road trip s’épanouit dans de grands espaces, principalement des ruines et des déserts, dans un monde futuriste qui s’est fait larguer par la nature elle-même. Un monde au bord de l’asphyxie, littéralement. C’est ce qui touche le plus dans le film : comment l’animation numérique, virtualité suprême, tente de s’accrocher à une forme de réalisme. L’image animée devient le moyen de se reconnecter à la nature, mais sous une autre forme. Sky Dome 2123 serait un film de géologue transformiste, où les corps des époux nus, dans des lacs coincés entre les montagnes, se baignent comme de nouvelles promesses. Comme des humains qui ne sont plus des humains. 

Sky Dome 2123, de Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó, en salle le 24 avril

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