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"On perd des colonies" : le réchauffement climatique met à mal les apiculteurs du Puy-de-Dôme

Ce n’est pas nouveau, les apiculteurs font face à de nombreuses problématiques. Outre le frelon asiatique, la concurrence de l’étranger, depuis des années, ils doivent apprendre à composer avec le changement climatique, qui bouscule les colonies d’abeilles. Et de fait, les récoltes et les ventes.

Vingt mille. C’est le nombre de tonnes de miel produites en France, en 2023, selon les chiffres de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). À l’échelle nationale, l’union se vante d’avoir réalisé "une bonne année". Un constat qui se confirme chez les apiculteurs du Puy-de-Dôme ? Mickaël Isambert, de la Ruche des Puys à Saint-Ours, préfère parler d’une "année correcte. Nous n’avions pas eu de récolte en printemps, mais l’été avait rattrapé tout ça. "

Il dresse cependant un portrait moins optimiste pour la saison qui arrive. "On marche sur des œufs…", souffle celui qui est installé depuis quatre ans. Les fortes chaleurs du début de printemps avaient pourtant été bénéfiques sur les ruchers. Mais maintenant, c’est le coup de froid tardif qui inquiète. Un exemple de ces "cycles climatiques" qui impactent la profession, explique Adèle Bizieux, directrice de l’Association pour le développement de l’apiculture en Auvergne Rhône-Alpes (ADA AuRA). Mickaël Isambert prend l’exemple de l’acacia, "qui va bientôt fleurir. S’il gèle, il n’y aura pas de récolte".

"L’apiculture a changé et continue de changer"

L’appréhension est partagée par tous : apiculteurs, viticulteurs, arboriculteurs… Avec toujours cette éternelle interrogation : "Produire si l’on n’arrive pas à vendre, c’est compliqué", grince l’apiculteur de la Ruche des Puys. Et pour s’en sortir, il faut innover. "L’apiculture a changé et continue de changer. Ce qui marche aujourd’hui ne fonctionnera peut-être pas plus tard", poursuit-il.

En ce mois d’avril, le coup de froid n’épargne personne. "Ce n’est pas brillant. Surtout qu’ils n’annoncent pas du beau temps", poursuit le membre de l’Unaf. Il évoque un "impact catastrophique". "À cause du froid, les abeilles ne peuvent plus rapporter de nectar et de pollen. Elles sont confinées. Cela met un frein sur le développement des colonies", explique cet apiculteur du département. Mais, nuance-t-il, "on ne peut rien présager. On n'est que fin avril début mai." Une chose est sûre : "On peut s’asseoir sur le miel de printemps."

Nécessité donc d’innover dans des contextes climatiques particuliers. Pour Jean-Michel Sirvins de l’Unaf, qui regroupe plus de 1.000 apiculteurs professionnels à travers la France :

"Cela fait deux ou trois ans qu’on observe le réchauffement climatique. On perd quand même des colonies à cause de ça"

"Ce sont des situations qui se répètent et qui inquiètent pour l’avenir de la profession", enchérit Adèle Bizieux.

S’adapter au mieux aux conditions climatiques, telle est la clé. Mais comment ? "Avoir une bonne observation des colonies pour qu’elles ne meurent pas de froid, car il y a beaucoup de bouches à nourrir mais très peu de ressources", illustre Adèle Bizieux. Une alchimie difficile à appréhender, qui plombe certains apiculteurs amateurs. "Faire de l’apiculture un loisir, de nos jours c’est compliqué", constate-t-elle.

Adrien Fillon

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