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Le carnet de route de la résistante bourbonnaise Alice Arteil

Si Lucie Aubrac est une des résistantes les plus connues, la Bourbonnaise Alice Arteil en est une des plus atypiques. Cheffe de groupe tout d’abord, elle s’engage ensuite dans la première armée française « pour finir le travail »…, avant un retour à une vie discrète.

Simple marchande de tissu, Alice Arteil va entrer en résistance à l’occasion de la captivité de son mari, emprisonné en Prusse durant cinq ans. En résistance d’abord puis dans la Résistance. Distribution de tracts et de journaux opposés au régime de Pétain d’abord, puis à l’intérieur même du groupe Franc-Tireur, dès 1942, où elle prend le pseudonyme de Sylva.

Nommée responsable des Mouvements unis de la Résistance (MUR) pour son canton, elle abrite des parachutistes, des réfractaires au STO, recrute, cache du matériel.

Dès octobre 1943, elle se retrouve co-responsable d’un groupe de maquisards basé à Lavoine. Activement recherchée, elle est poussée à laisser sa petite fille à sa famille. Elle rejoint Lapalisse avant un retour à Arfeuilles où va naître le groupe Armée Secrète. Alice y prend du galon. Son groupe vit dispersé en des lieux différents et n’opère jamais en totalité.

Avec désormais le grade de lieutenant, officialisé par Londres, elle s’avère un infatigable agent de liaison. À pied, à vélo ou en train, elle continue ses nombreuses missions en se rendant à Lyon, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Roanne, Moulins et Montluçon dans des conditions dangereuses, car sa tête est mise à prix. Elle participe ensuite à la libération de Vichy et de Moulins et décide donc de continuer le combat au sein de la Première armée.

Femme de tête et au front

Un ordre strict du haut commandement rappelle alors l’interdiction faite aux femmes de se trouver dans des unités combattantes. Alice se voit versée contre sa volonté à l’État-major du régiment, cantonnée à un rôle d’infirmière, d’agent de transmission, Son officier supérieur justifie la décision : « J’ai dû me fâcher, puis renvoyer Alice du régiment car elle était constamment en première ligne. »

À la fin de la guerre, elle reprend modestement le cours de sa vie sans rien réclamer en contrepartie de sa conduite héroïque. Son engagement, ses mérites lui ont pourtant valu de recevoir neuf médailles dont La Croix de guerre 1939-1945 avec palme, citation à l’Ordre de l’Armée, le 30 septembre 1944, et la Croix de Chevalier de la Légion d’honneur. Le 7 juin 1959, venant de Thiers, le général de Gaulle fait une halte à Saint-Just-en-Chevalet pour venir serrer la main d’Alice.

C’est grâce à un carnet journalier qui détaille son emploi du temps et ses contacts lors de l’année 1944, alors qu’elle était très recherchée, que l’on apprit bien plus tard une partie de son rôle dans la Résistance.

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