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Une tragédie inscrite place du Souvenir

Sur la place du Souvenir à Beynat, des panneaux d’interprétation un totem et deux pupitres retracent, par des textes et des témoignages, les événements tragiques qui se sont déroulés le 2 avril 1944 sur la commune. Une tragédie que beaucoup de Beynatois méconnaissaient jusqu’à présent.

L’histoire commence le 24 mars 1944, quand Pierre Juin, chef de la milice de Brive, qui revenait de se ravitailler à Beynat, est attaqué par des maquisards au Moulin du Prieur, peu avant Lanteuil. En représailles et sur dénonciation, le maquis d’Eyzat-haut est attaqué le 29 mars par les Groupe Mobile de Réserve (GMR). Et le 2 avril, à Beynat, la division Brehmer va se mettre à la recherche d’otages, réfractaires au STO, résistants et bien sûr juifs beynatois.

Trente-cinq hommes sont alors incarcérés à Brive au collège Cabanis. Ils sont libérés à Pâques… sauf quatre d’entre eux qui partent dans le cadre du STO : trois Beynatois (Henri Blavignat, Raymond Plas et Emile Mousset) et un mosellan réfugié à Beynat (André Wolff).

Au moment de ces événements, seize réfugiés d’origine juive, issus de six familles, résident à Beynat : Les Gold et Dora Berger, les Sztajnbuch, un couple Sztajnbuch/Gold, les Roueff, les Hirtz et les Templ.

Deux événements émouvants vont se produire ce jour-là. Un soldat allemand va sauver deux personnes en les poussant à fuir dans la campagne : Sarah et Fanny Sztajnbuch qui se réfugient au Moulin de l’Armand ; et la petite Suzanne Templ est cachée par Hortense Puyaubert, sage-femme, qui s’en occupera ensuite comme sa fille.

La traque des juifs est particulièrement violente : maisons pillées et/ou brûlées, femmes et hommes frappés à coups de crosse, de poings et de pieds. Ils sont conduits au niveau de l’actuelle rue du cabas avant d’être jetés dans des camions pour se retrouver à Drancy quelques jours plus tard, puis à Auschwitz-Birkenau via le convoi 72 où cinq sont gazés et quatre enrôlés dans des travaux forcés.

Trois autres personnes, amenées par le convoi 73, meurent dans les pays baltes Les quatre Beynatois d’Auschwitz encore vivants effectuent les marches de la mort lorsque les SS libèrent le camp à l’arrivée des Russes. Paul Sztajnbuch rejoint Buchenwald mais décède d’épuisement quelques semaines après. Renée Sztajnbuch-Gold, Rose Gold et Dora Berger, qui vont à Bergen Belsen, font partie des 61 survivants des 1.004 déportés du convoi 72.

Commémoration et conférence

À l’occasion de l’inauguration des panneaux, qui a eu lieu lors de la cérémonie de la journée nationale du Souvenir de la Déportation (*), une conférence à deux voix s’est tenue au foyer rural Pierre Demarty avec l’historien Jean Michel Valade et le Beynatois Michel Marcus des Amis de Beynat, pour parler des crimes et exactions de la division Brehmer qui a sévi en Dordogne, Corrèze et Haute-Vienne entre mars et avril 1944, et plus précisément le 2 avril à Beynat

(*) La cérémonie s’est déroulée en présence notamment de descendants de victimes, comme : Annie, la fille de Renée Gold, Sophie et Clément, ses petits-enfants ; ou encore Paul Gelbhart, fils de Fanny Sztajnbuch.

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